Des photos réalisées par Jipi

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Dans les grandes lignes / The broad outlines

Si je peux me permettre, le titre anglais me semble perfectible. L'expression française "dans les grandes lignes" peut se traduire par "in broad outlines" ou "in broad lines". Même si "in broad outlines" est plus courant, je préfère l'autre pour traduire ton titre parce que "outlines" pris séparément ne signifie pas "lignes" mais "contours", ce qui a peu de rapport avec ce qu'on voit sur cette photo.

"In broad lines" par contre te permettrait de garder le double sens comme en français.

Mise à part cette remarque d'ordre linguistique, ce n'est pas une photo qui me touche ni m'inspire particulièrement, désolé.

Une image d'une grande beauté formelle, très conceptuelle dans sa volonté de poser la prévalence du graphique sur le sens.

C'est sans doute la raison ( un des) pour laquelle François reste peu touché puisque c'est une image qui ne vise pas l'émotion, du moins selon moi.

1) Merci François pour ta remarque linguistique : je m'en vais corriger de ce pas.

Le titre français insiste, comme à chaque fois (!!!) et parfois imparfaitement (!!!), sur plusieurs sens et je pense que l'expression française est à prendre au sens figuré et au sens propre de « grandes lignes ».

Pour le reste, la réception d'une photographie est affaire personnelle.

2) Merci Jean-Pierre pour ton appréciation. En plus de ce tu décris il y a un noir et blanc auquel je suis ici attaché (un travail sur diverses parties successives) et qui m'a fait un peu suer, mais je suis arrivé au résultat formel que je souhaitais. Travail essentiellement formel et graphique (on rejoint aussi ma quête !) avec des lignes diverses et des points de force divers. Ce paysage (j'en fais rarement !) était tellement aride et époustouflant de solitude. Peut-être cela le côté très légèrement émotionnel finalement... cette solitude aride.

Une fois n'est pas coutume, mais je pense qu'ici j'aurais préféré la couleur. Même l'aridité que tu évoques ne m'apparaît pas vraiment dans ce noir et blanc, aussi formellement bien effectué soit-il. L'ensemble me laisse tout à fait froid. Pardonne ma franchise, quand j'aime bien je ne me prive pas pour le dire non plus, tu le sais.

Mais ce n'est que mon avis, et tu aurais sans doute tort d'y accorder une quelconque importance, sauf bien sûr s'il devait être relayé par de nombreuses autres personnes. As-tu eu (ailleurs) beaucoup d'avis enthousiastes sur cette photo ?

Plusieurs avis très enthousiastes de photographes et notamment pour la qualité du noir et blanc.

Elle a même été sélectionnée dans un module qualitatif pour la composition et le noir et blanc, ce qui est très rare. Soixante personnes l'ont classée dans les meilleures photos.

Je n'aime pas parler de cela, mais puisque tu me poses la question...

Ces éloges ne doivent pas t'empêcher de ne pas l'apprécier !!!

Pour terminer, la photo est en noir et blanc, car si elle avait été meilleure en couleurs, je l'aurais mise en couleurs !!! lol

On retrouve dans ces divergences de jugements la très vieille opposition entre une critique de type impressionniste dont le critère est une subjectivité assumée ( à juste titre) et une critique fondée sur des critères ( dont le caractère variable en fonction des époques et des courants est une autre question) plus rationnels car construits sur la structure interne et donc l'expérience, de préférence pratique, de l'art considéré.

En littérature on voit s'opposer des éditeurs dont le critère de choix est leur subjectivité ( j'aime ou pas, pour faire simple) et d'autres, plus professionnels, qui utilisent une confluence de conditions diverses pour établir un choix en réalité dénué de jugement de valeur propre.  

J'ajoute qu'il existe une compétence très particulière, qui est la mienne je crois en matière d'arts visuels, expérience fondée sur une fréquentation permanente, récente et intense des galeries, expositions et musées et une réflexion sur ces sujets.

Cette compétence fait de son détenteur un proche parent du praticien dont précisons-le au passage tous ne sont pas "éclairés"!

Lire à ce sujet le fameux "On n'y voit rien" de Daniel Arrasse!


PS: Mon propos justifie ou rend superflu le " ce n'est que mon avis" de François.

Réaction saine de Jipi (qui ne se vexe pas inutilement comme le feraient tant d'autres) et commentaire très pertinent de Jean-Poccioni.

Dans cette rubrique, je ne pourrai pour ma part pas offrir d'autres appréciations que celles du type j'aime ou j'aime pas, puisque je n'ai aucune connaissance particulière en photographie et que je fréquente peu les galeries (mais je n'ai pas dit jamais.)

Par contre je suis capable comme n'importe qui de proposer des interprétations de ce que je vois, et là je pense qu'aucune connaissance technique n'est nécessaire pour que mes interprétations valent celles des autres. Encore faut-il que l'oeuvre m'inspire, ce qui, comme je l'ai dit, n'est pas le cas cette fois-ci.

Mais vous savez, la Joconde ne m'a jamais particulièrement inspiré non plus !

Ta réflexion est intéressante Jean-Pierre. Je comprends François aussi !

J'ajouterais ceci pour le domaine actuel (la photographie) :

Quant on fait de l'analyse photographique en tant que photographe, Le « moi j'aime bien » ou « moi j'aime pas » n'a aucune importance (du moins dans un premier temps). Prendre le temps de pénétrer la photographie, d'entrer en elle pour en percevoir ses composantes, sa symbolique éventuelle, ses qualités éventuelles sur le plan de la composition (que cette photographie plaise ou non) : tout cela est bien plus important.

Je suis content de voir qu'un responsable de club photographique que je fréquente a cette vision (très rare par ailleurs dans ce type de milieu). En général, dans ces groupes,  de nombreux membres,  quand ils reçoivent une critique constructive, disent « Mais moi j'aime bien ma photo !!! ». Quand tu entends cela, tu laisses le gars (qui n'a rien compris !) discourir tout seul et on passe à autre chose !!!

Par contre la réception est personnelle et donc les gens ont le droit de dire que telle ou telle photographie ne les touche pas (voir François), qu'ils ne l'apprécient pas. Maintenant, il faut reconnaître que tout ne fait pas farine au moulin et qu'il y  a donc de mauvaises photographies comme il y  a de mauvais romans !

Ce qui m'interpelle (et m'intéresse beaucoup je dois le dire) dans toutes ces photos, dans la plupart d'entre elles en fait... C'est que l'émotion n'est pas (ou peu) suscitée : nous ne sommes pas là, du tout, dans l'émotionnel, et à plus forte raison dans l'émotionnel courant... C'est ce que je pense : nous sommes dans l'esthétique pur, dans un réalisme "surréaliste" (et à ce titre, pour moi, plus réel que le réel dans la mesure où le réel est suggéré au delà de l'apparence, dans ce qui le compose et que l'on ne voit pas ou que l'on croit voir)... A ce niveau d'esthétique, certes, peut apparaître de l'émotion, mais là, nous ne sommes pas dans de l'émotion "de sentiment"...
Il me semble qu'au début, Jipi, tu "faisais" (ou inclinais davantage à "faire dans l'émotionnel"), tout comme d'ailleurs à mon avis, font bon nombre de photographes amateurs ou professionnels (et à plus forte raison les photographes journalistes qui travaillent pour des magazines)...
C'est vrai que, dépouillée d'émotion, une photo n'est pas intéressante pour bien des gens en général, puisque c'est l'émotion suscitée qui "porte" et qui retient l'attention, et qui va "suggérer quelque chose en soi", parler comme l'on a, en fait, envie d'entendre et pas autrement...
Dans "l'esthétique pur", il n'y a pas ce conditionnement, cette dépendance au sentiment, à ce que l'on peut personnellement ressentir...
Déjà, le "noir et blanc", plutôt que la couleur, participe davantage à l'esthétique, je pense...

Hé Yugcib, content de te revoir par ici, je commençais à m'inquiéter de ta longue absence.

Je partage assez bien ce que tu dis au sujet des photos de Jipi, c'est un type d'art qui s'adresse plus à une "émotion artistique" qu'à l'émotion tout court. Avec des exceptions quand même, parce que Jipi a quand même déjà fait pas une certaine quantité de photos et vouloir les assimiler toutes à une seule approche artistique serait probablement réducteur.

... En effet, François, à considérer l'ensemble de l'oeuvre de Jipi (et elle est absolument considérable vu le nombre de réalisations), l'on ne peut pas émettre un avis général, un avis qui serait forcément réducteur... Mais si j'ai "quand même un avis général" c'est celui-ci : nous sommes là en face d'une oeuvre tout à fait originale, et souvent surprenante, qui passe au dessus de bien d'interprétations que l'on peut se faire -et c'est cela justement, qui est original, pour ne pas dire unique en son genre...
A ma connaissance, je ne vois pas, même parmi les plus grands photographes d'art (ceux qui sont le mieux connus), actuels ou passés depuis que la photographie existe (milieu 19 ème siècle), quelque chose de semblable (c'est à dire d'une part une telle immensité de productions, et d'autre part et en même temps, une telle approche personnelle, une telle recherche question esthétique, une telle diversité, autant de nuances traduites, autant de précision dans la prise de vue, et tout cela, sans jamais de ce que l'on appelle "les effets spéciaux" (effets souvent trompeurs, ostentatoires, ou purement techniques, visant à ne produire que de l'émotion)... S'il y a de l'émotion dans les photos de Jipi (et il y a en a), je pense plutôt à une émotion d'artiste (de l'artiste qui peut sommeiller en soi, si je puis m'exprimer ainsi)...
Mais comme je dis bien "à ma connaissance..." cela veut dire aussi que ma connaissance est très modeste, en fait... Et que ce que je dis plus haut ("une oeuvre tout à fait originale...") ne dépend que de ce que j'ai pu voir jusqu'à présent... (il est vrai aussi que dans le monde où l'on vit, rien n'est fait pour porter à la connaissance du "commun des mortels" ce qui justement mériterait d'être connu, et qui permettrait de se faire une idée plus juste, plus objective)...

On sait ici que je m'intéresse et apprécie le travail photographique de Jipi, mais dire qu'il est un des rares voire le seul à unir production abondante, vision très personnelle ( est-on créateur sans vision personnelle?) et esthétique sincère et sans compromis me semble faire l'impasse sur des quantités de grands photographes!  

Dans l'art de la photographie ce ne sont pas les artistes qui manquent ce sont les débouchés, les occasions de montrer la production. Les tirages des stars  reconnues atteignent des prix déraisonnables mais des photographes merveilleux galèrent pour un pan de mur dans une galerie !

Absent quelques jours, je découvre vos différentes interventions bien intéressantes.

Merci Yugcib pour ton regard sur ma façon de travailler : un regard interpellant et tes explications sur l'émotion sont réellement fascinantes (l'émotion est à géométrie variable en effet !).

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Une petite indiscrétion / A little indiscretion

Voilà une photo qui me parle beaucoup ! Mais il faut dire que je fus jadis un passionné de l'île de Pâques, au sujet de laquelle j'avais lu tout ce qu'il y avait moyen de lire.

Alors, même si le sujet de cette photo n'est bien sûr pas l'île de Pâques, je ne peux y rester insensible. J'ai l'impression que cette petite tête à la fenêtre vient me dire "Hé, tu te souviens?"

L'île de Pâques a d'ailleurs longtemps été mon fond d'écran. Depuis quelques années je suis passé à Stonehenge...

A côté de cette interprétation égocentrique que le photographe voudra bien m'excuser, j'apprécie aussi le cadrage de cette photo, le très joli noir et blanc et puis... rien à faire, cette petite tête de moaï semble nous dire tellement de choses, vous ne trouvez pas?

Une belle image, certes, mais qui s'impose cette fois plus par son signifié, ou supposé tel. La statuette, bien sûr, mais aussi l'incertitude des voilages et l'imprécision des reflets.

Question : Comment un homme comme Jipi, qui semble net et franc peut-il se complaire à ce point dans les faux-semblants et autres jeux des apparences ?

C'est très louche !

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Le poids de l'oubli / The weight of oblivion

C'est pas mal non plus qu'une image soit resserrée autour de son sens et ne propose pas obligatoirement ( du moins de façon évidente) une pluralité d'interprétation.
Ici la beauté pure d'un magnifique ciel tourmenté pèse sur une ruine de pierres sèches dont la belle texture s'obstine à exister tandis que la végétation commence à la recouvrir, à la dévorer comme elle sait le faire  avec cette fausse lenteur de la succession des saisons.
L'oubli en effet pèse et le seul mystère ( il en faut un avec ce photographe !) c'est de savoir qui supporte ce poids. La pierre et la bâtisse ? Les habitants qui ont déserté l'endroit ? Leurs âmes errant dans les buissons et mesurant l'avancée de la décrépitude? Ou nous même regardant cette "vanité" d'un genre particulier ?

Enfin avant de clore je voudrais dire ma certitude d'observer un travail faussement simple et qui, comme tel, risque d'être mal vu car trop vite. La nudité et l'absence d'effets spectaculaires risque en effet d'occulter une véritable réflexion par l'exemple sur le sens de l'image, sur ce qu'elle dit et ne dit pas. Si j'osais j'affirmerais qu'une telle image de nos jours est bien plus provocante que toutes les réalisations de pacotille qui prétendent secouer un public anesthésié par la quête de l'adrénaline et du sensationnel.

Une magnifique image de la mort ordinaire, tout simplement.

Un grand merci, Jean-Pierre, pour cette magnifique analyse.

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Lumière déchirante

Si l'évidente beauté de cette photographie nous détourne un temps de toute analyse il faut bien ensuite convenir qu'elle évoque irrésistiblement un collage d'Ernest Pignon Ernest avec cette restriction que l'amateur du plasticien que je suis a cherché en vain la trace de ce dessin dans l'oeuvre de ce dernier.  

Il serait question d'inspiration, ici à la limite de la citation bien qu'on ne puisse certes pas parler de citation d'une oeuvre qui n'existe pas!

Donc,  contentons nous de ce que nous voyons, la lumière magnifique, un corps de même et la matière éminemment picturale d'un fond qui transcende la simple et banale fonction de décor.

L'homme dont la position évoque autant la douleur que l'abandon lascif fait songer à un Saint Sébastien du Caravage dont il a la beauté ambiguë et ce faisant nous renvoie à toute une tradition picturale.

J'aime cette image qui joue avec l'idée de peinture au sens le plus classique et achevé et j'y vois une nouvelle façon pour le photographe de brouiller les pistes, de répondre au célèbre "On n'y voit rien" de Daniel Arrasse, "on y voit quelque chose... mais encore? "

Autrement dit la beauté, le sens et le jeu de l'esprit.

Que demander de plus?

Mazette Jean-Pierre ! Tu es vraiment le roi de l'analyse alliée à un sens évident de la culture. Merci pour ces apports.

Une photo qui brouille les pistes ? Certes.

Je ne peux en dire davantage, mais répondrai à vos questions si vous le souhaitez (voir la demande ancienne et justifiée de François).

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Arrêt sur image / Freeze Frame

Photo très intéressantes à découvrir , argentique ou reflex ? (désolé si je pose un question a laquelle vous avez déjà répondu , j'ai essayé de regardé les autres message mais avec toutes les pages , j'ai peux être sauté l'endroit )