Des photos réalisées par Jipi

Citation :

Petite anecdote racontée par un ami qui exposait : un visiteur lui a posé une seule question sans trop regarder son travail : « Mais quel appareil photographique utilisez-vous donc ? ». Sans commentaires !!!

Excusez-moi mais je ne vois pas ce qui choque. On oublie le "sans trop regarder son travail"... mais pour la question, je pourrais très bien vous la poser sans que ça soit une insulte ou une curiosité déplacée. Au contraire, ça me parait même intéressant quand on voit aujourd'hui le nombre de personnes qui se dit photographe et de comparer ce avec quoi ils travaillent.

L'appareil photo (sa marque, son prix, ses accessoires, etc.) ne fait pas le photographe mais certaines personnes le croient, je suppose ; c'est peut-être une forme naïve d'admiration, comme si un peintre débutant cherchait à savoir la marque de pinceaux ou la marque de chevalet que Hockney (par exemple) utilise.

Oui, tout à fait ! Mais je ne pensais pas à la marque en fait... et encore moins son prix ^^ Je pensais peut-être plus aux accessoires, j'adore observer en concert les photographes, enfin bref, je n'y connais rien, alors ça ne m'aiderait pas de savoir quel appareil utilise Jipi.

Jean-Pierre Poccioni a écrit:

Il arrive un moment où plus personne ne sait de quoi on parle […]

De là l'importance de citer le passage auquel on répond. Mais trêve de digressions, avant que Jipi nous impose une sanction. Je plaisante.

Pour revenir aux photographies de Jipi, je n'ai pas saisi s'il appréciait ou dépréciait les questions ou les commentaires sur le sujet (le « motif » comme disent les peintres) de ses photographies.

Jipi ?

Giles a écrit:

L'appareil photo (sa marque, son prix, ses accessoires, etc.) ne fait pas le photographe mais certaines personnes le croient, je suppose ; c'est peut-être une forme naïve d'admiration, comme si un peintre débutant cherchait à savoir la marque de pinceaux ou la marque de chevalet que Hockney (par exemple) utilise.

Oui, c'est cela !

En fait, Marilou, c'est aussi l'association du « sans trop regarder son travail » ET quel appareil utilises-tu qui me dérange.

Seul le résultat compte : peu importe finalement que le photographe utilise un reflex ou un compact ou un hybride.

Je comprends l'irritation de connaissances (je fais partie du lot) qui ne s'intéressent pas à votre travail et qui posent ce type de questions EN PREMIER LIEU.

Giles a écrit:

Jean-Pierre Poccioni a écrit:

Il arrive un moment où plus personne ne sait de quoi on parle […]

De là l'importance de citer le passage auquel on répond. Mais trêve de digressions, avant que Jipi nous impose une sanction. Je plaisante.

Pour revenir aux photographies de Jipi, je n'ai pas saisi s'il appréciait ou dépréciait les questions ou les commentaires sur le sujet (le « motif » comme disent les peintres) de ses photographies.

Jipi ?

La question... je pourrais y répondre pendant des heures, mais je vous en fais grâce.

Il faudrait que je donne un jour des exemples pour vous expliquer que je n'ai pas trop de plaisir à répondre à la question posée face à une de mes photos (sauf exceptions) : « Mais qu'est-ce que c'est ? ».

Encore une fois si je m'explique trop à ce sujet, je sais que pour beaucoup la part de rêve s'atténue.

Et donc sur le plan du sujet, je préfère parler éventuellement des sens que j'ai voulu développer EN PLUS de la structure formelle qui me semble première.

Parler des sens, des symboles, des métaphores, mais avant tout parler de la composition, de la structure, du cadrage, des éléments mis en place, des points de force, des principes respectés ou non volontairement.

Un exemple : je placerai prochainement une photo sur laquelle on me pose parfois des questions (il y en a plusieurs de cet acabit). Je n'ai jamais donné la solution et je constate que malgré l'un ou l'autre regret, les gens sont assez heureux que je ne dise rien !!! Certains ont deviné. La plupart ne devinent pas. Certains ont cru deviner. Aucune importance en fait.

Jipi a écrit:

[…] avant tout parler de la composition, de la structure, du cadrage, des éléments mis en place, des points de force, des principes respectés ou non volontairement.

Autrement dit, s'il était possible d'exprimer en mots ce que telle ou telle photo exprime, tu ne ferais pas la photo, mais tu écrirais un texte, un poème, une « pensée », etc. ?

Je ne crois pas qu'il faille voir les choses de cette façon-là dans la mesure ou l'écriture et la photographie sont deux procédés créatifs totalement différents.

Objectifs, moyens et effets sont incomparables. La photographie n'est pas un moyen de combler l'écriture ou vice-versa. J'y reviendrai sans doute.

D'accord avec toi Jipi.

Considérer un art comme un moyen d'expression c'est en faire... un moyen, un médium et non une fin en soi. C'est un contresens classique chez ceux qui ont une vision superficielle et reçue de la création.

Des femmes ou hommes auraient des choses à exprimer et se diraient :

" Voyons, voyons, quel support pour ma pensée ou mes émotions ? Peinture ? Musique ? Littérature ? photographie ? "

Jean-Pierre Poccioni a écrit:

Considérer un art comme un moyen d'expression c'est en faire... un moyen, un médium et non une fin en soi. C'est un contresens classique chez ceux qui ont une vision superficielle et reçue de la création.

Il existe plusieurs visions de la création. Pourquoi considérer que celle qui n'est pas la tienne est superficielle et reçue?
L'art comme un moyen d'expression, l'art comme une fin en soi, l'art pour l'art... tout ça se discute, mais finalement quelle importance? Ce qui m'intéresse moi, aussi bien en tant qu'amateur d'art qu'en tant qu'artiste, c'est le résultat : l'oeuvre. Le reste, bah... qui se soucie de savoir si Shakespeare concevait le théâtre comme un moyen d'expression ou comme une urgence créatrice qui s'imposait à lui ? (à part peut-être quelques chercheurs en littérature qui écriront des belles thèses sur le sujet.)

Si je considère que l'idée d'expression de soi par la création est superficielle et reçue c'est parce qu'en la matière elle est un archétype !

Notre société contemporaine est obsédée d'expression de soi et met à toutes les sauces ce poncif au point qu'on est conduit à se demander s'il existe des actions humaines qui ne sont PAS des expressions de soi. ( ce qui constitue un syllogisme magnifique ! )

Quant à la création, dont tu dis un peu vite qu'il en existe maintes visions, elle offre par excellence le flanc à la fameuse "expression" !

Je préfère quand tu dis, à juste titre, qu'au fond seule importe l'oeuvre.

Jean-Pierre Poccioni a écrit:

Si je considère que l'idée d'expression de soi par la création est superficielle et reçue c'est parce qu'en la matière elle est un archétype !

Notre société contemporaine est obsédée d'expression de soi et met à toutes les sauces ce poncif au point qu'on est conduit à se demander s'il existe des actions humaines qui ne sont PAS des expressions de soi. ( ce qui constitue un syllogisme magnifique ! )

Vu comme ça, d'accord.

Jean-Pierre Poccioni a écrit:

Quant à la création, dont tu dis un peu vite qu'il en existe maintes visions,...

Maintes je ne sais pas, mais plus qu'une en tout cas. Et heureusement.

Jean-Pierre Poccioni a écrit:

Je préfère quand tu dis, à juste titre, qu'au fond seule importe l'oeuvre.

On se rejoint donc sur l'essentiel. Ouf ! ;-)

Oui, François, on se rejoint dans la conviction que les photographies de Jipi sont tout d'abord intéressantes en elles-mêmes, ensuite par les confrontations d'interprétations des uns et des autres.

Que l'auteur surveille du coin de l'oeil nos réactions, qu'il éprouve une fierté légitime à constater qu'il retient l'attention et stimule nos esprits, c'est normal.

Mais personnellement je ne lui demande pas de venir parmi nous pour arbitrer et dire : " C'est lui qui avait raison ! " Sauf bien sûr à corriger un gros contresens ou une fausse piste évidente.

En fait les créateurs ont besoin de public non par cet hypertrophie de l'égo que leur prêtent ceux qui veulent voir le mal partout, mais parce qu'il faut qu'ils soient un peu payés de leur effort, de leur tension permanente, des inquiétudes que peu de gens imaginent et du fait qu'ils s'exposent en exposant leurs oeuvres.

Jean-Pierre Poccioni a écrit:

En fait les créateurs ont besoin de public non par cet hypertrophie de l'égo que leur prêtent ceux qui veulent voir le mal partout, mais parce qu'il faut qu'ils soient un peu payés de leur effort, de leur tension permanente, des inquiétudes que peu de gens imaginent et du fait qu'ils s'exposent en exposant leurs oeuvres.

Très beau ça !

Tu as de ces formules qui ressemblent à des écrins...

L'histoire de la ville ne serait-elle que géométrie et jeu de noirs et blancs?

J'aime l'orgueil de ces superstructures qui capte un soleil qui nous est caché et la masse tassée au sol de l'église là-bas, au bout de la rue ( du Renard? ). Le tout au travers du filtre incertain de ces "Troubles de vision" qui font douter d'eux-mêmes et donc du paysage (ou décor).


Un travail fort qu'on aimerait admirer sous la forme d'un beau tirage même si, ainsi présenté, il sait déjà nous réjouir et nous interroger.

Jean-Pierre, j'ai décidé de ne pas commenter les commentaires, mais je tenais malgré tout à souligner la pertinence de ton analyse.
Et à te remercier d'autant plus que tu as appris, en privé, suite à tes questions, l'importance du travail et de mes motivations liés à cette photographie relativement complexe et pas faite à la va-vite !!!

Jipi, si mon analyse te semble pertinente, tant mieux !

Mais je sais que même moins juste ou pas juste du tout elle vaudra toujours mieux que le silence que tout personne courant le risque de la création ressent comme l'offense ou la blessure majuscule.

J'entretiens en général des relations cordiales et souvent chaleureuses avec les artistes que je rencontre parce que je considère comme un devoir moral ( très démodée la morale!) de regarder, écouter ou lire ce qu'ils font.

Je dis souvent et répète ici : vous n'aurez jamais le moindre "commerce" avec un artiste dont vous ignorez les créations. Ce que vous en direz vient bien après!

Rien de pire que le silence en effet mais cela fait bien longtemps que Passion des Mots n'est plus vraiment un endroit où l'on peut espérer récolter plusieurs avis lorsqu'on y poste une oeuvre. Jipi lui-même ne commente quasi plus les oeuvres des membres, qu'ils soient nouveaux ou anciens. Et ceci n'est pas un reproche mais une simple constatation.

Mais pour en revenir à cette photo, moi je ne l'ai pas commentée parce que je ne trouvais rien à dire. Il y a dans les photos de Jipi certaines qui m'inspirent beaucoup et d'autres pas du tout, c'était le cas de celle-ci... jusqu'à ce que je lise le commentaire de Jean-Pierre Poccioni qui a rendu cette photo plus intéressante à mes yeux, même si ce n'est toujours pas une de mes préférées. Pourquoi? Je ne sais pas, trop de troubles dans cette vision peut-être.

Bien sûr François !

Je n'ai pas dit qu'il fallait parler à tout prix même si l'on a rien à dire! Mais entre trop et pas assez...

Je n'ai pas dit non plus que cette photo était ma préférée encore qu'il ne soit guère dans ma nature de faire des classements. J'ai un très fort sens de l'oeuvre globale.

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La chaleur / The heat

Mais c'est du tout bon Jipi que voilà !

Graphisme, jeu de valeurs, profusion et vibration, une véritable création sensuelle.

Merci Jean-Pierre !

Image complexe sur plusieurs plans...

Personnellement je ne suis pas très attiré par cette photo, qui est très différente de ton style habituel.

Le noir et blanc pour évoquer "la chaleur" est un choix qui me laisse songeur. Je trouve l'image plutôt froide à vrai dire.

Peut-être est-ce dû à ces stries blanches qui donnent à la photo un aspect très artificiel (selon ma perception des choses.)


Une question à Jean-Pierre Poccioni : quel "jeu de valeurs" perçois-tu dans cette photo ? Et qu'entends-tu par "profusion" ?

Jeu de valeurs puisque justement il n'y a pas de couleurs. C'est donc aux valeurs de gris de fabriquer tout: profondeur, fusion et confusion, dissimulation par l'accentuation de l'effet de trame qui serait amoindri par la simple division bleu/vert qu'on imagine. L'absence de couleur est ici clairement un refus et il est possible que la version "couleur" soit bien plus banale.
La profusion est végétale et s'ajoute à l'irrésistible "effet palme" pour apporter la connotation exotique.

J'ai songé en voyant cette image à l'aspect poussiéreux et presque gris de certaines palmeraies écrasées de soleil.

Mais il y a aussi dans cette image un effet décor, une fausseté inavouée qui fait que je la trouve parfaitement "Jipienne".