Les chansons de François

Jean-Pierre Poccioni a écrit:

Savez-vous que cette théorie est abandonnée depuis des lustres et que l'on sait de nos jours que la pensée nait AVEC la langue, par l'expression ?

On ne dit pas ce que l'on pense. On pense en verbalisant ! Au début était le verbe ! Même les choses sont concernées, je veux dire les données matérielles. Une couleur n'existe que parce qu'on la nomme, elle n'a aucune existence objective. De même un sentiment, une émotion, une idée, même si ce domaine est encore plus composite.

C'est en effet la théorie dominante actuellement et je ne la conteste pas mais elle est plus complexe que ça si je me souviens bien de mes lectures. Pour qu'un mot soit inventé il faut que le besoin de ce mot ait préexisté, donc dire que la pensée nait "par" l'expression n'est peut-être pas tout à fait approprié.

Mais notre discussion avec Jipi porte plus sur la richesse lexicale de deux langues dans l'état actuel de leur lexique. Et à ce niveau mon impression est que l'anglais et le français se valent très largement car ces deux langues sont finalement très proches. Si l'anglais a plus de mots c'est pour une raison très simple : cette langue a emprunté énormément de mots aux autres langues. Pour beaucoup de réalités il existe en anglais un mot d'origine anglo-saxone ET un mot d'origine latine. C'est à cause de Guillaume le Conquérant je crois...

Que la théorie linguistique évoquée soit plus complexe que ce que j'en ai résumé est évident!

Cependant attention à ne pas confondre "pensée" collective , c'est à dire besoin culturel d'expression et pensée psychologique, expression individuelle, qui se constitue à partir de la verbalisation.

Exemple : On fait de nos jours parler les victimes d'un traumatisme psychologique afin que se constitue un objet "oubliable". Car l'indicible reste par définition non dit, donc inexistant au conscient, donc paradoxalement inoubliable et donc pathogène.

Par ailleurs ce que je conteste avant tout c'est la hiérarchisation des langues quel que soit le critère. La richesse d'un vocabulaire par exemple est une notion qui n'a pas de sens autre que numérique si on la sépare du système de la langue. Certaines langues remplacent la multitude de mots par un système fortement métaphorique et sont tout aussi aptes à exprimer quoi que ce soit que d'autres.

Mais bref...on va vers des analyses peu compatibles avec la fluidité d'un forum !

Cela fait un petit temps que je n'alimente plus ce fil parce que ma participation à Passion des Mots n'est pas liée à un quelconque besoin ni envie de publicité, mais les fans (on peut rêver...;-) ) ou les simples curieux peuvent écouter mes dernières compositions sur : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]


Puisque je suis dans le coin, je vous soumets une de mes dernières chansons, sur des paroles de mon compatriote et désormais ami Gaston Ligny.


SUR CE CHEMIN ROCAILLE

Sur ce chemin rocaille où je traine galoche
J’ai connu des coups d’chance, j’ai connu des coups bas
J’ai des amis fidèles, je les compte sur les doigts
Sur ce chemin rocaille j’ai connu des fantoches

Pantins enrubannés de gloires éphémères
Montant leur vieux cheval, leur vieux cheval de bois
Moi je trainais galoche pour boire à la clairière
L’eau de la source vive avec toi, avec toi

Le passé se rappelle, le futur se devine
Mais le présent toujours s’offre le dernier mot
Les roses de Saint François n’ont jamais eu d’épines
Toi et moi, offrons-nous ce cadeau

Sur ce chemin rocaille je saute du coq à l’âne
Mais je reviens à vous, pantins enrubannés
A vos chevaux de bois je viens offrir l’avoine  
Messieurs les m'as-tu-vu, je vous prie d’agréer  

Les roses sans épines, les épines sans roses
Je lis dans ton regard : parle-moi d’autre chose
Viens trainer tes galoches à la foire du trône
Et nous ferons l’amour sur un cheval de bois

Le passé se rappelle, le futur se devine
Mais le présent toujours s’offre le dernier mot
Les roses de Saint François n’ont jamais eu d’épines
Toi et moi, offrons-nous ce cadeau


(Paroles de Gaston Ligny, Musique de François Dufays, septembre 2011)

Je relis ce texte ( j'ai cru capter une remarque indirecte sur le peu d'écho trouvés par ces textes posés ici...)

Une question François: Pourquoi ce texte a-t-il à ce point ( c'est moi qui le dit bien sûr) besoin de la musique ? Lu seul il est sympathique mais assez fragile. Par exemple on peine à accepter ce présent qui s'offre toujours le dernier mot dans un texte saturé de passé! Et ce chemin rocaille pourquoi rocaille-t-il dans un monde où les roses sont dépourvues d'épines ?

Qu'est-ce au fond selon toi qu'un texte de chanson ?

Jean-Pierre Poccioni a écrit:

Une question François: Pourquoi ce texte a-t-il à ce point ( c'est moi qui le dit bien sûr) besoin de la musique ? Lu seul il est sympathique mais assez fragile. Par exemple on peine à accepter ce présent qui s'offre toujours le dernier mot dans un texte saturé de passé! Et ce chemin rocaille pourquoi rocaille-t-il dans un monde où les roses sont dépourvues d'épines ?
Qu'est-ce au fond selon toi qu'un texte de chanson ?

Le texte n'étant pas de moi, il m'est difficile de répondre à certaines parties de ta question sans risquer de trahir l'auteur.

Ce que je peux te dire, c'est que quand je cherche des textes à mettre en musique, je ne fonctionne pas nécessairement de façon très raisonnée (ce qui étonnera sans doute ceux qui me connaissent un peu, mais c'est pourtant la vérité.) Je me laisse avant tout séduire (ou pas) par l'esprit général du texte, l'ambiance et bien sûr (hyper important en musique) les sonorités.

Ce texte-ci, je ne l'ai pas compris tout de suite mais, allez savoir pourquoi, il m'a tout de suite plu. Et surtout il m'a immédiatement inspiré une mélodie. Au départ il me paraissait très nébuleux - et il l'était d'ailleurs plus qu'il ne l'est maintenant. J'ai donc longuement discuté avec l'auteur pour changer certaines phrases et arriver à un texte que je pouvais expliquer.

Pour comprendre ce texte, il faut, et je suis d'accord que ce n'est pas évident, prendre tous ces bouts d'histoire, certains se référant au passé du "je", d'autres à son présent, d'autres étant dites par un(e) autre "je", et les relier ensemble par une histoire qu'on doit un peu inventer soi-même. Je pourrais expliquer "mon" histoire à moi que je me raconte sur cette chanson, mais je n'y tiens pas, je préfère laisser cela ouvert. Tout en comprenant que cela puisse décontenancer et/ou ne pas plaire. il n'est d'ailleurs pas indispensable de comprendre le détail pour apprécier (ou non) l'idée de base, qui est celle d'un gars qui "traîne galoche" (j'aime beaucoup cette expression), a affaire à des gens qui s'y croient et le prennent de haut, pantins à qui il botte le cul joyeusement tandis que sa bien-aimée lui rappelle gentiment qu'ils ont mieux à faire.

Ce qui m'intéresse principalement en tant que compositeur et interprète de cette chanson, c'est de connaître l'effet que produit si la chanson dans son ensemble, musique et paroles (qui ne sont pas faites pour être lues, ne l'oublions pas). Plait-elle ou ne plait-elle pas? Quelle atmosphère s'en dégage-t-il? Qu'en retient-on après l'avoir écoutée?

Je ne sais pas si ceci répond à tes questions, Jean-Pierre.

Pour répondre à ta question, de façon obligatoirement subjective, ce qui persiste après une écoute normale, c'est-à-dire normalement attentive et donc pas trop intellectualisée, c'est la personne du "je" qui promène sa vie et ses galoches sur les chemins rocailles et donc non sans obstacles, difficultés, déconvenues. Mais le tout est porté par une musique rien moins que triste et donc cette légèreté devient philosophie. Vagabond philosophe et bohème on songe bien sûr aux semelles de vent...

Ah oui, je n'ai pas expliqué l'histoire des épines, assez spécial il est vrai.

L'idée du refrain - en tout cas dans mon esprit - c'est : dans ce monde où toi et moi avons traîné, traînons, traînerons encore en faisant des bonnes et moins bonnes rencontres, faisons-nous, nous deux qui nous aimons, ce cadeau de nous offrir des rosiers sans épines (nb: on raconte que dans le jardin de Saint-François à assise poussaient des rosiers sans épines.)

Jean-Pierre Poccioni a écrit:

Pour répondre à ta question, de façon obligatoirement subjective, ce qui persiste après une écoute normale, c'est-à-dire normalement attentive et donc pas trop intellectualisée, c'est la personne du "je" qui promène sa vie et ses galoches sur les chemins rocailles et donc non sans obstacles, difficultés, déconvenues. Mais le tout est porté par une musique rien moins que triste et donc cette légèreté devient philosophie. Vagabond philosophe et bohème on songe bien sûr aux semelles de vent...

Comme je me suis engagé à ne plus commenter les commentaires, je n'ajouterai rien, mais j'ai le droit de remercier le commentateur pour le temps qu'il a passé à écouter ma chanson et rédiger son message, j'espère ?

Voilà bien l'insolence qui consiste à demander un droit dans le temps qu'on s'en empare !

Joliment dit !

Une petite info plus pour l'anecdote que pour la publicité parce qu'il y a peu de chance que cela puisse réellement intéresser un membre de Passion des Mots : je serai "en tournée" (ça fait vachement classe, vous ne trouvez pas ?) en Bretagne avec mon groupe ESCALE du 20 au 23 juillet.
- Vendredi 20 juillet à 22h au pub THE PHOENIX à Saint-Goustan (Auray)
- Dimanche 22 juillet vers 20h30 à l'hôtel VAUBAN à Camaret-sur-mer
- Lundi 23 juillet vers 20h30 au pub LE DONEGAN à Camaret-sur-mer.

Si jamais vous passez par là, ne vous gênez pas, ce sont des concerts gratuits ! Nous ne sommes que des joyeux amateurs dont l'unique prétention est de faire passer une agréable soirée à ceux qui viennent nous écouter tout en prenant notre pied nous-même !

Et tant que j'y suis, ma dernière chanson est écoutable ici :
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Félicitations François pour cette tournée !
Auray... pas loin de Belle-Ile, notre île française de rêve à mon épouse et à moi-même ! On commence à bien la connaître.

J'ai écouté ta chanson : je l'apprécie.

Je comprends que la Bretagne soit plus attractive que le Loiret et c'est bien dommage car la rencontre m'aurait intéressé à plus d'un titre...

Cela dit, amateurs ou pas, gratuit ou pas ( gratuit c'est plutôt sympathique) quel plaisir ce doit être d'offrir son petit grain de bonheur poétique. J'en suis ravi pour toi François et te souhaite une tournée fertile en rencontres, émotions et joies.

Jipi et Jean-Pierre, merci pour vos mots bien sympathiques !

Bon... et quels sont les concerts en perspective ?

Nous continuons à nous produire deux ou trois par an au Blackfriars à Louvain-la-Neuve ainsi qu'à la Brasserie de l'Abbaye des Rocs à Montignies-sur-Rocs.
Les dates sont toujours annoncées sur le page Facebook d'ESCALE : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Rien de prévu en Belgique avant septembre, mais en juillet, nous repartons en Bretagne.
Nous jouerons à Auray le 26 juillet (lieu encore incertain mais dans le pire des cas on jouera dans la rue) et à Camaret-sur-Mer le dimanche 28 juillet (18h00 à l'hôtel Vauban) et le lundi 29 juillet (21h00 au pub The Donegan.)

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Ceci est un petit souvenir de notre tournée bretonne 2012.
La photo a été prise alors que jouions sur le St-Michel II, une réplique d'un des bateaux de Jules Vernes réalisée par une bande de joyeux Nantais de passage à Camaret.
Un mini récital aussi improvisé que magique, moment inoubliable, au beau milieu du port de Camaret sous un ciel sans nuage.

J'écoute ton répertoire,François, coquille de noix, le dernier arbre, super et très entrainant, les paroles sont super aussi! Bravo!!

Les chansons en anglais me font penser à Pete Seeger, Woody Guthrie et les chansons irlandaises,The Dubliners manque les cuillères pour déguster!

Merci pour ce commentaire, Majalis.

Beaux projets François !

Toutes mes félicitations.

PS : Toujours le même duo de choc que j'avais déjà vu une fois à Louvain-la-Neuve ?!!!

Oui oui, toujours le même duo avec mon pote Marco. Merci pour tes encouragements.

Avis aux paroliers en herbe qui passeraient par ici...

Même si j'écris moi-même la majorité de mes textes, j'aime aussi de temps en temps composer des mélodies sur les paroles d'autres, la seule condition étant que "quelque chose" se passe lors de ma lecture du texte qui me donne envie de le mettre en musique. Cela se produit assez rarement, c'est pourquoi je suis constamment à la recherche de textes, dans les forums et ailleurs.

Si le coeur vous en dit, n'hésitez donc pas à me soumettre un texte. Tout ce que vous risquez, c'est que je n'en fasse rien, ce qui ne serait pas dramatique, ou alors que la mélodie proposée ne vous plaise pas, ce qui ne serait pas la fin du monde non plus.

François a écrit:

Avis aux paroliers en herbe qui passeraient par ici...

Même si j'écris moi-même la majorité de mes textes, j'aime aussi de temps en temps composer des mélodies sur les paroles d'autres, la seule condition étant que "quelque chose" se passe lors de ma lecture du texte qui me donne envie de le mettre en musique. Cela se produit assez rarement, c'est pourquoi je suis constamment à la recherche de textes, dans les forums et ailleurs.

Si le coeur vous en dit, n'hésitez donc pas à me soumettre un texte. Tout ce que vous risquez, c'est que je n'en fasse rien, ce qui ne serait pas dramatique, ou alors que la mélodie proposée ne vous plaise pas, ce qui ne serait pas la fin du monde non plus.

Bon, on a beaucoup parlé des photographies de Jipi ! Et si on parlait un peu de tes chansons François ?

Comment se sont déroulés tes derniers concerts ?

Où en est ta quête de textes ?

Je te remercie Jipi, le dernier concert en novembre au Blackfriars s'est bien passé, de même que ceux en Bretagne en juillet. Plus rien de prévu pour l'instant, on fait une petite pause mais je continue à composer.

Je n'ai pas eu de nouvelle collaboration avec des paroliers suite à l'annonce que j'avais faite ici, mais heureusement l'inspiration a été plutôt fertile ces derniers mois.

Je posterai peut-être l'une ou l'autre chose ici, mais comme mes textes n'ont pas de prétention littéraire, j'hésite un peu.

Il n'est peut-être pas pertinent, François, de séparer tes textes de la littérature. En réalité c'est un genre qui obéit à des nécessités internes très spécifiques. De plus séparer le texte de sa musique est d'une certaine façon comme regarder un Chagall en noir et blanc.

Au passage et sans avoir le moins du monde essayé je me sens incapable d'écrire un texte de chanson !

François a écrit:

Je posterai peut-être l'une ou l'autre chose ici, mais comme mes textes n'ont pas de prétention littéraire, j'hésite un peu.

Poste ! Poste ! J'imagine que tes textes ne ressemblent pas à ceci et que c'est nettement supérieur :


« Isabelle a les yeux bleus
Bleus les yeux Isabelle a

Soudain quand elle est partie
J'ai vu qu'elle n'était plus là
Et comme elle n'était plus là
J'me suis dit elle est partie »