Que lisez-vous en ce moment ?

Intéressant. Je ne connaissais pas cet auteur. Il est bien que vous ayez mis quelques passages. Un style qui m'a fait penser à celui de Roger Vailland mais peut-être aussi en est-il loin. Toutes les consciences, dans l'après-guerre, ne peuvent être saines, toutes n'ont pu dormir en paix, mais beaucoup ne semblent pas avoir été étouffées par les scrupules. "... la continuation d'un statu-quo d'injustice et de médiocrité" est effectivement criant d'actualité.


De mon côté, je lis La peau de Curzio Malaparte, qui nous plonge aussi dans la seconde guerre mondiale. Description cynique de la présence américaine en 1943-1944 dans le sud de l’Italie (Naples surtout ; période de l'arrestation/exécution de Mussolini ; puis plus tard la bataille de Monte Cassino). Un roman qui retrace ces moments de l’existence de Malaparte. Comment de fasciste plus ou moins convaincu, il se retourne peu à peu. Cynisme donc, images apocalyptiques et misère régnant en Italie dès 1943, un humour noir et féroce qui ressort surtout dans les dialogues de Malaparte avec les officiers américains avec lesquels il fricote. Il laisse la place aussi à l’exagération, aux images emphatiques qu’il magne avec réussite. Certains passages un peu longs, des dialogues surtout anecdotiques. Reste à lire Kaputt, du même auteur, un jour ou l’autre

Et puis quelques lectures de juillet qui valent peut-être d’être mentionnées :  Déshonneur de Rudolf Borchardt (1929). Roman ou nouvelle qui prend des allures de pièce de théâtre. Sans doute en raison des longues plages de dialogues et conversations auxquelles s’adonnent les cinq protagonistes de ce huis clos. Une famille d’aristocrate assiste au déclin des valeurs, dans un contexte d’après-guerre (1923) profondément morose. Certaines remarques sont aiguisées. L’aristocratie a en horreur les parvenus et leur fait bien savoir. Un début assez difficile, puis quand les personnages sont campés, le lecteur est pris dans la masse des discussions et argumentations qui s’étalent. La tragédie mise en roman : un homme machiavélique, vénal, veut s’introduire dans une famille d’aristocrate par alliance. Le frère de la jeune femme s’y oppose, et convainc leur mère d’en faire autant. L’un des personnages (Tina) est tragique, et c’est elle qui se désintègre comme une étoile filante à la fin. Je ne suis pas friand de ces intrigues familiales dans les familles aristocrates (si cela est un genre – ce dont je doute). L’auteur constate l’effondrement des valeurs de l’aristocratie, cette évolution amène à les remplacer par des valeurs mercantiles. L’auteur plaint-il cet effondrement (le livre a 100 ans !) ? C’est ce que je ne suis pas parvenu à savoir. Borchardt était conservateur, pas aristocrate mais fréquentait du beau monde.

Sur le chemin des glaces de Werner Herzog. Carnet de route d’un itinéraire effectué à pieds, de Munich à Paris, en Novembre et Décembre 1974. Un livre pas seulement pour le randonneur que je suis. Marcher c'est penser. Le cinéaste qui apprend que la comédienne Lotte Eisner est très malade à Paris se persuade qu’elle survivra s’il couvre la distance à pied. Le récit est celui d’une marche tenace par un temps assez hostile, températures extrêmes et averses diluviennes. Herzog passe la plupart de ses nuits dans des granges, des maisons dans lesquelles il est entré par effraction, une caravane en exposition, des abri-bus. Le regard posé sur le monde est un regard qui dispose du loisir de prendre le temps. Il s’attache à des détails, les interprète, parfois juste les énumère, le tout formant un tableau, hétéroclite ou non, de la réalité qu’il a sélectionnée. Il a parfois quelques apartés lyriques ou oniriques, des passages où le récit se fond dans un pan de fiction. Un récit court de ce réalisateur singulier.

Enfin C’est alors que de Juan Carlos Onetti (1987). C’est le deuxième livre que je lis de cet auteur uruguayen. Les errances d’un personnage à qui l’on parle, dans une première partie, de Magda, une prostituée. Un personnage qui s’éprendra de Magda dans une deuxième partie. La troisième étant l’évocation de son fantôme, cette « poursuite dans le néant » dira-t-il. Il y a un style peu commun à ce que j’ai lu avant. Très bon dialoguiste. Des images plus directes. La solitude humaine appréhendée est celle d’un homme tourmenté, aux confins du désespoir.

Pour "Tout est illuminé", de Jonathan Safran Foer, qui me tente bien, vu ce qu'en dit François, hélas mon Anglais est bien trop sommaire pour que je puisse envisager de le lire dans sa version originale. Aussi devrais-je me "satisfaire" si je puis dire, de la traduction française...

Cher Yugcib,

Si Jean-Louis Curtis n'est en rien un auteur indigne il n'est pas non plus de ceux qu'il importe de sortir de l'oubli de toute urgence et ce quoi qu'en dise un certain Michel Houellebecq, lui-même auteur largement surestimé et hautement oubliable...

Les années cinquante ce fut aussi Gadenne ( Siloé est un immense roman) et Forton,  tout aussi oubliés de nos jours et d'une autre valeur !

... Sans doute, sans doute Jean Louis Curtis n'est-il pas "un auteur à sortir de l'oubli de toute urgence" (j'en conviens, même si je trouve qu'il "mérite" quelque peu d'être "redécouvert" (tant soit peu) aujourd'hui... Mais tout de même, il a obtenu en 1947 le Prix Goncourt... (en 1947 je dis bien... Car j'imagine -ou du moins je "présuppose"- qu'en 1947 le Prix Goncourt pouvait avoir une autre valeur que celle dont on fait état de nos jours pour ce prix, comme d'ailleurs pour bien d'autres prix)...
Quant à Michel Houellebecq, personnellement je le lis et je "l'aime assez" (dans l'ensemble)... Mais... qu'en demeurera-t-il d'ici quelques dizaines d'années ? (Soit dit en passant, je trouverais disons "plus normal"... qu'un Michel Houellebecq soit étudié dans les classes terminales ou de première des lycées... plutôt qu'un Marc Lévy ! -tant qu'à faire"! )... Mais bon... on vit une drôle d'époque !

Il est assez logique que Lévy soit étudié au lycée de préférence à Houellebecq. Ce dernier est un peu trop "littéraire" pour nombre de nos jeunes enseignants !

Quant au prix Goncourt il est et fut toujours un prix issu de subtiles stratégies qui cependant récompensa parfois de très grands livres.

... Ayant lu et ayant été vraiment intéressé par les dernières pages de ce fil, il me vient à l'idée que les livres dont vous parlez, PierreVDM, François, Jean Pierre Poccioni ; à savoir (entre autres) Seul dans Berlin de Hans Fallada, Le cas Perenfeld de Fabrice Pataud, Vagabonds de Knut Hamsun, Voyage atlantique de Ernst Jünger, Tout est illuminé de Jonathan Safran Foer, La peau de Curzio Malaparte, Sur le chemin des glaces de Werner Herzog,  C'est alors que de Juan Carlos Onetti... Ne sont pas (sans doute ?) des livres que l'on peut se procurer en "Leclerc culturel" et autres grandes surfaces commerciales, en librairies "grand public" et encore moins en maisons de la presse autrement dit le "Tabac Journaux du coin"...
Où est-il possible donc, de se procurer l'un de ces livres, et à quel prix? (je veux dire un prix "raisonnable"-inférieur à 20 euro)...
Au moins, ce qu'il y a de sûr, dans Passion des Mots, c'est que l'on ne s'y livre pas à une "apologie" de l'un ou l'autre de ces Grands Succès de saison ou du moment, dont parlent les médias... Et qui sont lus par exemple, en TGV, en avion ou... sur la plage (je ne veux pas dire par là qu'en TGV, en avion ou sur la plage, on ne lit forcément QUE ces livres là, à grand succès de saison)...
Je serais tenté de me dire (ce qui est loin d'être génial-rire-) "Sur Passion des mots, des livres pas comme les autres" ... (N'empêche que c'est un peu vrai)... Pour ne citer qu'un seul exemple : il y a environ trois ans, j'ai découvert grâce à Jean Pierre Poccioni, John Maxwell Coetzee (dont j'ai pu me procurer les livres au salon littéraire du Festival de Géographie à Saint Dié, ainsi qu'en Médiathèque à Epinal, et à Mont de Marsan...

... Dernièrement (au moins de juin) j'ai acheté une liseuse, que je connecte à "KOBO by FNAC"... Mais on est loin d'y trouver tout ce que l'on veut en dépit des 3 millions et demi d'ouvrages présents sur cette centrale d'achat... D'autre part, pour les liseuses, du moins pour celle dont je dispose, l'on n'y peut mettre que des "EPUB" (format)...
Je demeure encore très partagé entre l'édition numérique (pour liseuse, tablette) et l'édition classique (livres que l'on achète et conserve)...

Ne pratiquant pas les librairies des grandes surfaces j'ignore ce qu'on peut y trouver. Je suppose qu'on peut y faire des commandes?

Au sujet des livres dont nous parlons et dont Yugcib vous produisez une liste de rappel il y a des nuances à apporter. Seul dans Berlin est un très grand livre d'un grand auteur, Ernst Jünger est un nom illustre mais Fabrice Pataud est un auteur de talent mais indiscutablement plus confidentiel. C'est de plus un auteur qui édite chez le même éditeur que moi ce qui créer un lien d'intérêt particulier.  

D'une manière générale et pour ce qui me concerne je n'évoque sur Passion des Mots que des livres que j'ai aimés ( c'était mon crédo quand je faisais mes petites chroniques sur Aligre FM) et il se trouve qu'ils sont rarement en tête des ventes.

Par exemple si je regarde les cinquante  meilleures ventes du moment ( Edistat)  je ne vois que trois livres dignes de ce nom ( Au-revoir la-haut de Le maître, A moi seul bien des personnages de Irving et Etranges Rivages de Indriason) et aucun que j'ai souhaité lire.

Pour informations je donne ici mes toutes récentes lectures:

Thomas Bernhard : L'imitateur / Javier Marias : Un coeur si blanc / Carole Zalberg: Feu pour feu* / Max Frish : Stiller / Saul Bellow : Herzog / Coetzee : En attendant les barbares / Robert Walser : Le brigand.

* Feu pou feu est le roman d'un auteur que je connais personnellement et je lis toujours les livres des auteurs que je connais.

Personnellement, je trouve une partie des livres que j achète chez des bouquinistes lorsque je rentre en France. J'achète un auteur que je connais et que j'estime et je trouverai le moment de sa lecture ultérieurement. Parfois plus d'un an passe avant que je ne le lise enfin. C est le cas de Malaparte (La peau) qui "traînait" depuis près de deux ans sur mon étagère (et que je lisais dans l avion, il y a encore 3 jours)
Sinon, habitant à Berlin, je me vois obligé de les commander chez un petit libraire français. Cela me coûte quelques deniers de plus, mais je suis, en quelques sortes, pour la défense des libraires. Tout le monde ne peut pas se le permettre, je sais. Certaines éditions sont assez chères, c'est vrai.
Quand aux grandes surfaces, aux aéroports et aux gares, ils vendent ce qui se vendra, comme avec les produits des autres rayons. C'est leur politique donc elle est conséquente aussi pour les livres. lors de mon retour, j'ai jeté un œil (noir) sur le rayon des livres du point presse de l'aéroport de Lyon - juste pour voir, comme on dit - outre tous les policiers tendance, les da Vinci code et autre couvertures aux lettrages médiévales, on trouvait essentiellement Musso, Levy, Foenkinos, Nothomb. Sans doute en cherchant bien, trouve-t-on quelque chose de plus valable (à mes yeux) mais bon, il leur faut vendre.
Reste la commande par internet. Pour ma part en cas d'urgence (chez Abebooks par exemple, qui passe commande chez des libraires français)

Avec Passion des Mots, j ai quelques auteurs de plus en tête quand je me retrouve devant un bac ou une étagère de livres. Coetzee, Marias, Curtis, Forton, Ginzburg et d'autres encore sont des noms qui "m'intriguent". Depuis que je suis ici (pas encore un an), on m'a reparlé ailleurs de Coetzee, Marias et Ginzburg ce qui a renforcé ma curiosité.

Je serai curieux, Jean-Pierre Poccioni, que vous nous touchiez deux mots de Stiller de Max Frisch. Je ne l'ai pas encore lu, cela viendra un jour. C'est un livre que l'on trouve ici chez presque n'importe quel bouquiniste. Frisch est souvent une bien plaisante lecture.

yugcib a écrit:

Pour "Tout est illuminé", de Jonathan Safran Foer, qui me tente bien, vu ce qu'en dit François, hélas mon Anglais est bien trop sommaire pour que je puisse envisager de le lire dans sa version originale. Aussi devrais-je me "satisfaire" si je puis dire, de la traduction française...

La traduction française, que j'ai consultée après avoir terminé le livre en anglais, ne parvient pas à transmettre parfaitement l'humour de certains passages, notamment ceux qui sont supposés être écrits par un jeune guide ukrainien qui manie la langue anglaise de façon très spéciale. Transposé en français, ce n'est plus du tout aussi drôle. Mon épouse a néanmoins apprécié ce roman dans sa version française, mais peut-être pour d'autres raisons que moi.

... C'est bien là, François, tout le problème de la traduction...
Dans des langues cependant "véhiculaires" telles que l'anglais, l'espagnol, le français, et dans une certaine mesure l'allemand (parlé par plus de cent millions de personnes en Europe déjà) chacune de ces langues a ses propres expressions (on appelle cela "idiotisme" je crois ?) et de surcroît, un écrivain, un auteur, a lui-même son style, parfois des mots à lui, des tournures ; alors comment retranscrire tout cela au plus vrai, au plus ressemblant, pour un traducteur ?
Alors, pour des langues "non véhiculaires" (je pense au Polonais, au Tchèque par exemple) c'est peut-être encore plus difficile... Et pourtant, dans ces langues "non véhiculaires" pour lesquelles forcément l'on trouve moins de traducteurs en Anglais, Espagnol, Français, Allemand... il y a des auteurs qui méritent d'être lus, connus...

Yugcib ne m'en voudra pas, j'espère,  de contester sa définition d'une langue véhiculaire. Une langue est ainsi dite quand elle intervient entre deux populations de langue différentes comme vecteur tiers de communication. Toute langue peut donc être véhiculaire à tel ou tel moment mais les grandes langues véhiculaires sont le latin ( plus de nos jours) l'arabe et l'anglais.

Il n'y a donc aucun rapport entre traduction littéraire et caractère véhiculaire de telle langue d'autant que l'emploi d'une langue comme véhicule de communication entre deux sociétés qui ont des langues vernaculaires ( contraire de véhiculaire si on veut) réduit souvent cette langue à sa dimension la plus simple.

Quant à la traduction c'est un mal dont l'utilité est immense, donc un bien ! Pour le reste  il est évident qu'il y a traduction et traduction...

... Effectivement la définition donnée par Jean Pierre Poccioni est la juste définition (en tant que "vecteur tiers" de communication)... Je pensais donc, que "véhiculaire" voulait dire, à propos d'une langue, que cette langue (comme par exemple l'Anglais) était une langue parlée "de par le monde" par des gens dans plusieurs pays du monde, alors que ces mêmes gens parlent leur langue dite maternelle... C'est donc ainsi que j'entendais "véhiculaire"... (parce que, par exemple, l'Anglais est parlé, compris, dans les pays qui faisaient partie de l'ancien empire colonial anglais ; l'espagnol dans toute l'Amérique du Sud sauf le Brésil ; le Français dans les pays de l'ancien empire colonial français)...
Merci pour votre précision, Jean Pierre.

Je lis Impression de Kassel, le dernier Enrique Vila-Matas. Brillant mais pas trop, magnifiquement écrit avec discrétion, intelligent et cultivé. Du pur Vila-Matas au mieux de sa forme.

Et au passage, une intéressante réflexion sur l'art contemporain puisqu'il y est question de la Documenta.

Pour ceux qui trouveraient que la littérature actuelle ne laisse guère de choix entre facilité démagogique et intellectualisme hautain je propose un saut en arrière vers la littérature poétique et populaire d'Henri Callet dont La belle Lurette est un délice de gouaille, de virulence et de sensibilité.  

Un texte au demeurant assez pessimiste, n'oublions pas qu'Henri Callet est l'auteur de la célèbre réplique : " Ne me secouez pas. Je suis plein de larmes."

Jean-Pierre Poccioni a écrit:

" Ne me secouez pas. Je suis plein de larmes."

Magnifique et je ne connaissais pas cette réplique au ton surréaliste. Merci pour elle.

Cette réplique a été popularisée par Raymond Devos qui la faisait précéder de "comme disait le poète"

Je comprends mieux pourquoi je l'apprécie alors !!! Comme disait le poète...

Poursuivant ma découverte de Javier Marias je lis Dans le dos noir du temps.

C'est un passionnant roman, bien qu'un peu plus conceptuel et un peu moins "roman" que les précédemment lus, Comme des amours, Demain dans la bataille pense à moi, Le Roman d'Oxford, Ce que dit le majordome, Un coeur si blanc, découverts à la suite du dernier, Comme des amours que j'ai lu en décembre 2013 et qui a déclenché mon désir de lire tout Marias ( ce que je fais toujours quand j'aime un écrivain).

Dans le dos noir du temps suppose ( impose?)  la lecture préalable du Roman d'Oxford sur quoi se fonde son principe: une réflexion sur réalité et fiction puisque Marias raconte que des personnes réelles  imaginent qu'elles ont inspiré des personnages du Roman d'Oxford !

Au passage Marias a cette idée magistrale que les lecteurs qui adorent les histoires vraies sont des personnes incapables d'accepter qu'on puisse créer une totale fiction. Seul le réel les rassure et les véritables créateurs les affolent. Stimulante idée, non ?

Ce n est pas la première fois effectivement que vous nous parlez de cet auteur. J avoue que ma curiosité est aiguisée (à chaque fois), d'autant que sa prose semble se rapprocher de celle d'un Bernhard. L idée du roman que vous décrivez est pour le moins originale, on se demande ce que ça peut donner.

De mon côté, je lis Morphine du Suisse Friedrich Glauser. Un auteur peu connu, juste un peu pour des romans policier qu il a écrits (l'inspecteur Studer étant un peu son Maigret) et que je n ai jamais lus. Morphine n est pas un roman, mais un recueil de textes. Très divers et en grande partie autobiographiques, parfois un peu anecdotiques, parfois sur le ton de la confession comme le texte éponyme où il entre dans les détails de sa morphinomanie. Bien écrit mais pas de prouesse littéraire.

Cher Pierre,

Il vous faut donc lire cet auteur sans tarder. Pourquoi pas en l'abordant par Demain dans la bataille pense à moi qui me semble une excellente approche ( au sein de ce que j'ai lu)

Pour le reste c'est une question personnelle qui reste très liée au rythme de lecture, aux choix et visées de chacun...

Un des très beaux livres de cette rentrée littéraire qui compte pas mal de fausses valeurs comme d'habitude :

Autour du monde de l'excellent Laurent Mauvignier.

Destins croisés de personnages peu ou prou confrontés au tsunami du Japon mais surtout une écriture, riche, variée, intéressante et avant tout personnelle.

Je ne répéterais jamais assez que la littérature véritable c'est l'écriture avant toute chose. C'est pour cette raison que je ne peux pas aimer certains auteurs que d'autres ici adorent...Un livre dont l'écriture n'exprime pas une voix ne m'intéresse pas. Ce qui ne signifie pas que cette voix doit être cri ou hurlement, au contraire. C'est la singularité qui me touche pas le volume sonore !

Voilà un auteur dont j'ai beaucoup apprécié deux livres ("Dans la foule" faisant se croiser des destins autour de la tragédie du Heysel (sans jamais parler de foot ou presque!), livre puissant à plusieurs voix; "Des hommes", roman sur des destins au cours de la guerre d'Algérie, un livre qui ne m'avait pas lâché pendant la lecture). Il semble que Mauvignier ait ce talent et, quelque part, je ne suis pas surpris que vous l'appréciez. J'avais entendu parler de cette dernière parution, voilà qui devrait relancer ma curiosité concernant cet auteur. Pour plus tard.

J 'ai lu Un garçon en ville de Jean-Pierre Poccioni. Lu tellement vite car le roman est très court et au rythme de narration rapide. Plaisant. On voudrait presque une dizaine de chapitres en plus (ce qui ne veut pas dire grand-chose pour l'écrivain qui estime que le produit fini est celui qu'il voudrait livrer, sans un chapitre de plus). Le regard de la gente masculine qui est porté sur les femmes est à la limite du dégradant ou en tout cas assez réducteur. Objet sexuel cantonné à l'apparence. Pourtant on arrive à sourire de pas mal de réflexions que le narrateur se fait sur le monde qui l'entoure.
Peut-être que ce livre a déjà été évoqué ici ; il me faudrait parcourir les autres interventions. Désolé si tout cela n'est rien de très nouveau

Il est exact que le regard des hommes sur les femmes n'est pas toujours exemplaire. Fallait-il l'enjoliver ?

Un détail amusant : le rythme rapide d'un livre ferait-il qu'on le lit plus vite ? Cela dit je préfère qu'on trouve mes livres trop courts que trop longs !  


et un grand merci pour cette lecture !

Je me suis presque douté que ce mot "dégradant" n'allait pas vous plaire. Je l ai d ailleurs aussitôt nuancé avec "réducteur", et ai expliqué en quoi, mais quand on est "critiqué", aucun mot ne passe à la trappe, aussi nuancé fût-il. Je dois ici préciser que je vous ai envoyé un avis un peu plus complet que celui ici présent.
Si j en ai l occasion, je ferai lire ce livre à des femmes et recueillerai leur avis sur ce point précis.
Quand au rythme de la narration (phrases elliptiques, lapidaires, les chapitres assez courts auxquels pourtant on n'a pas l'impression qu'il manque quoique ce soit), il m'a fait effectivement lire ce livre rapidement. C'est arrivé pour d'autres livres mais pas systématiquement. A le lire peut-être trop vite, je serais donc passé à côté d'autres portées du roman. Rien ne m empêche de le relire.

Excusez-moi d'avoir modifié ma réponse. Inconvénients du genre "forum"!