Que lisez-vous en ce moment ?

Je te remercie Pierre de t'être penché sur la lecture d'un roman d'un de nos membres.

J'ai, à l'époque, fait référence à mes lectures de l'un ou l'autre livre de Jean-Pierre. Cela figure dans le forum, mais faudra que je retrouve ma réflexion.

@ Pierre : pour info, 13 pages de ce forum sont consacrées aux romans de Jean-Pierre Poccioni et aux commentaires des membres du forum qui les ont lus.

C'est ici : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Merci pour cette communication François.

Cependant je me suis amusé à tout relire et j'ai constaté que c'était plus instructif sur ce qu'est un forum que sur mon "oeuvre" elle-même !

Une véritable comédie humaine en réduction...

Merci Francois, j irai voir cela dès que j aurais une connexion internet, supprimé pour le moment de facon kafkaienne (Guéguerre entre les fournisseurs d´accès privés et la Telekom) Bref, je me vois un peu amputé et obligé de venir dand ces internets cafés aux claviers sans cédille! J´irai voir cela, promis

Sur mon Facebook ce matin :

Je viens de terminer le roman de Paul Gellings Amsterdam Quartier Sud. C’est un texte dense et courageux qui, sur la base assez classique d’un narrateur tendu vers son passé, révise bien des idées reçues concernant les pays du nord souvent idéalisés, l’immédiat après-guerre qui ne fut pas euphorique pour tout le monde et l’enfance elle-même, ni vert paradis ni monde d’innocence...
C’est aussi, je devrais dire surtout, un texte remarquablement écrit, qualité sans laquelle il n’est pas de littérature qui vaille qu’on s’y attarde.
J’ai donc refermé ce livre avec la mélancolie de voir la fin d’une parenthèse aussi fertile qu’émouvante et le subtil bonheur de m’être enrichi.
Pour terminer je me demande vraiment pourquoi un tel livre a eu une carrière aussi discrète. Si peu de mes amis lecteurs l’ont simplement aperçu à défaut de le lire !  
Comment faire que certains romans de grande qualité littéraire quittent le statut poétique mais très problématique de trèfles à quatre feuilles ?

Amsterdam Quartier Sud est édité aux éditions Pierre-Guillaume de Roux

Poursuivant ma découverte systématique de Javier Marias, méthode de lecture particulière que je n'accorde qu'aux très rares auteurs dont je puis dire qu'ils la requièrent par l'excellence de leur production, je viens de lire Quand j'étais mortel.

C'est un recueil de nouvelles, un genre que je goûte moyennement sans avoir de griefs véritables, disons par l'expression d'un goût personnel pour les déploiements vastes et les personnages qui deviennent familiers, mais sans en faire une théorie puisque je sais que des lecteurs de haut vol tiennent ce genre en haute estime.

Disons que Javier Marias confirme son talent, par bien d'autres que moi reconnu, en réussissant à me faire oublier mes réticences. Bien écrites, originales et intelligentes, ces dix nouvelles m'ont séduit et c'est avec impatience que j'aborderai la suite de cette lecture"rétrospective".

Sans pour autant déroger à mon habitude de lire entre deux "Marias" deux ou trois romans d'autres auteurs pour ne pas trop m'installer dans un style et une pensée unique.

Une des belles parutions  de cette rentrée littéraire: le dernier roman de James Salter Et rien d'autre, un très beau roman dont la facture est moins classique qu'il n' y parait au lecteur trop pressé. Et aussi un clin d'oeil à François qui laisse parfois entendre qu'aucun succès de librairie ne trouve grâce à mes yeux !

Ciel*, comment ai-je osé !

*clin d'oeil réciproqué

Ceux qui aiment Jim Harrison peuvent lire son dernier livre Nageur de rivière, deux récits bien menés, truculents à souhaits mais aussi pleins de fine sagesse. Du bel et bon Jim Harrison comme je l'aime même s'il est au-dessous de ses chefs d'oeuvres que sont Légendes d'Automne, Dalva et La route du retour.

UN GRAND MERCI À TOUS POUR LE PARTAGE DE VOS DÉCOUVERTES !

J 'ai terminé il y a quelques jours Scènes de ma vie de l'Autrichien Franz Michael Felder. Livre fraîchement traduit (par Olivier Le Lay, récent traducteur de Berlin Alexanderplatz et des derniers Peter Handke) mais qui date de 1868 et provient d’un homme voué à la paysannerie de la montagne autrichienne. Cet homme a pourtant embrassé d’autres passions et notamment celle de la lecture ou celle de l’écriture. C’est une autobiographie écrite dans une belle langue et qui laisse place à une multitude de sentiments, déployés certes dans un environnement rural, réduit bien souvent à quelques villages, à quelques protagonistes, à l’importance des gens d’église. Pourtant comme le suggère peut-être Peter Handke dans la préface, on ne peut s’empêcher de tracer des parallèles avec certaines évolutions que l’on a pu connaître au niveau personnel. Je ne suis ni autrichien ou paysan, ni ne vis au 19ème siècle, et je pourrais continuer la liste de ce qui me sépare de Felder. C’est plus sa façon de voir les choses, de percevoir parfois sa singularité, d’avoir conscience de la différence ou de la valeur d’autres objets que ceux prisés par le nombre, sans la moindre condescendance, c’est l’expression de ces aspects de sa personne qui est admirable dans ce livre, ses questionnements de jeunes hommes, sa rencontre du sentiment amoureux. On a droit de temps à autres à quelques descriptions techniques (pâturage des vaches, abattage des chevreaux, fabrique de fromage…) mais rien de trop long. Il y a un vrai talent de l’écriture, une recherche stylistique. Ce n’est pas un paysan qui décrit sa vie, sa campagne, son labeur. C’est un homme, doué d’une sensibilité romanesque (premier baiser dans la brume, le décès d’une amie proche), qui décide, en 1868, juste après la mort de sa femme, de retracer sa vie en s'attachant à quelques aspects et qui aurait certainement écrit un deuxième tome si il n’était pas lui aussi décédé à 30 ans, un an plus tard.

J'ai fait suivre la lecture précédente d'un autre récit autobiographique, La solitude lumineuse de Pablo Neruda, qui n'est en fait qu'un échantillon d'extraits de son autobiographie J’avoue que j’ai vécu. Je n’ai pas fait très attention en achetant ce livre dans un bac d’occasions. Je n’avais jamais lu Neruda, pas même sa poésie. Je croyais ici à quelques écrits d’Asie rassemblés. Je n’aime guère ces espèces de morceaux choisis pour faire une édition courte et pas chère. Bref, cela donne un aperçu, mais je me méfierai la prochaine fois que je croise un de ces petits Folio à 2 euros. Neruda y retrace ses années de consul en Asie (Birmanie, Inde, Ceylan, Singapour et Batavia). Un aperçu du personnage, du poète aimant les femmes, toujours accompagné de sa mangouste, et posant sur la colonisation anglaise un regard acide, s’interrogeant sur le besoin d’une représentation consulaire chilienne dans ces petits pays (la tournant en dérision). Le livre complet est certainement une agréable lecture. A l'avenir, j’essaierai de trouver sa poésie. Si l'un d'entre vous a un conseil...

Je lis actuellement Hong-Kong et Macao de Joseph Kessel. D'une part parce qu'ayant été plongé dans l'Asie des années 30 avec Neruda, cette lecture prolonge le goût de trop peu ressenti après ce semblant d'édition, d'autre part parce ce sont deux villes dans lesquelles j'ai séjourné il y a une dizaine d'années. Les points de vue ont sans doute parfois un peu vieilli (écrit à la fin des années 50), ou n'offrent plus de l'étonnement escompté, la plume de Kessel aussi par moment, journalistique et académique puisque ces écrits tiennent du reportage. Nul doute que, même si certains aspects sont immuables, il ne reconnaîtrait pas grand chose aujourd'hui.

Extraordinaire de voir à quel point des lecteurs même très actifs peuvent lire des choses différentes et ne pas se rencontrer dans leurs lectures !

Les horizons sont tellement variés. Ces lignes de lectures finissent toujours par croiser abscisse et ordonnée, et on tombe sur une lecture commune. Que cela arrive au même moment serait purement fortuit, et amusant.

Cette rentrée littéraire 2014 est décevante ( voire irritante) pour moi, avec -jusqu'à présent- Charlotte David Foekinos,
On ne voyait que le bonheur Gégoire Delacourt, Pétronille Amélie Nothomb, La condition pavillonnaire Sophie Divry, Photos volées Philippe Fabre, Une éducation catholique Catherine Cusset;
Je lis ( avec plaisir) L'écrivain national de Serge Joncour, pour l'instant; j'ai mis de côté Karpathia de Mathias Ménégoz, Le Royaume d'Emmanuel Carrère; il y en a beaucoup d'autres encore;

Mais pour mon travail je suis plongée dans la relecture des Lettres de Sévigné, ( Manuscrits Capmas, Monmerqué) et L'affaire des poisons de Jean-Christian Petitfils; Ensuite m'attendent les Mémoires de Saint Simon, et la Correspondance de la Palatine;

Pour les élèves, la confrontation ( lecture génétique) de Madame Bovary de Flaubert, et les brouillons de Flaubert, publiés par l'académie de Rouen;

Quelle belle idée qu'une thèse sur Mme de Sévigné !

Quant à la rentrée pourquoi "irritante" ? Dans la mesure où j'écarte des causes la médiatisation délirante du Royaume de Carrère puisque vous envisagez de le lire.

Je termine Demain dans la bataille pense à moi de Javier Marias. Un livre que m'avait conseillé ici même Jean-Pierre Poccioni et un auteur par lequel il semble avoir été happé comme une truite attirée par un ver (vous m excuserez cette comparaison, Jean-Pierre). Et pour cause, cet auteur réussit de bien belles choses dans ce roman. Il mériterait certainement plus que ce je vais écrire ici. D'autant que j'ai encore du mal à exprimer mon ressenti. Les deux premiers chapitres m'avaient laissé sans voix et j avais failli venir ici "crier" mon engouement. J'ai préféré attendre.
Ce qui est assez fascinant, c'est cette capacité à nous faire nous réfléchir au travers des situations pas forcément banales mais plausibles pour le commun des mortels. Pas tant en nous demandant : "Qu'aurions-nous fait?" mais plutôt "Comment faisons-nous?" "N'y a-t-il pas un peu du jeu de miroir dans ces assertions sur la nature humaine écrites à la première personne du pluriel?" Il triture de belle manière et avec une réelle et surprenante finesse la psychologie de son personnage principal, qui à partir de faits simples, de réactions face aux détails de la vie ou à des sentiments divers (repentir, regret, spéculation sur les non-dits...) concocte et échafaude une trame assez originale.
Je ne serai sans doute pas aussi "glouton" de Javier Marias que Jean-Pierre, je lui ai trouvé quelques longueurs, ou le côté un peu omniscient du narrateur m'a parfois légèrement ennuyé, mais si peu que je le relirai sans aucun doute, et bien volontiers.
En tout cas, c est une vraie découverte - tardive, ce livre est sorti en 1996 en France - et c'est vraiment un plaisir qu'elle vienne de ce forum (une autre personne m en a vanté d'autres livres mais c est bien ici que j'y avais été attentif pour la première fois.)
Merci qui? Merci Jean-Pierre!

Jean-Pierre Poccioni a écrit:

pourquoi "irritante" ?

Re- bonjour, en cours de "vacances" c'est à dire ici d'invasion d'élèves égarés et gémissants sur internet et dans mon salon....Le programme de TL a encore fait une hécatombe.....

Oui, rentrée irritante, ce que j'ai lu m'a agacée et fatiguée = petits ouvrages succincts, prétentieux, sans étoffe littéraire;
Lorsque c'est très long, c'est d'ailleurs aussi prétentieux = j'ai vite refermé Le Royaume ; encore un agnostique qui trépigne non-il-ne-croit-pas-et-il-ne-croira-pas-na ! et massacre sans fausse honte les textes religieux ffff !
Proust, lui, s'est débrouillé avec les moyens du bord, et ne trouvant pas de transcendance, a écrit une oeuvre majeure.....La survie au travers du temps, ça vaut ce que ça vaut, mais c'est beau.....Tiens, je vais me le relire;

A part cela, j'ai bien aimé L'écrivain national modeste et sympathique roman qui se donne la politesse d'une intrigue et d'un personnage de looser plein d'humour;
Donc, je vais poursuivre mes lectures;

En attendant, je lis Sévigné en recoupant les Lettres avec d'autres textes contemporains ( Saint Simon, Bussy Rabutin, Tallemant de Réaux, Coulanges, etc) ça me repose, j'aime bien cette époque;

Pierre, c'est un plaisir sincère et subtil de constater votre enthousiasme pour Javier Marias. Je retrouve mes joies de l'époque ( pas si lointaine) de ma chronique sur Radio Aligre quand je faisais découvrir des auteurs négligés par certains lecteurs quand bien même et c'est le cas de Marias ils sont consacrés et même célèbres. Il faut dire que la célébrité littéraire n'est pas celle de la TV ou des super productions cinématographiques!

C'est ainsi que j'ai défendu Gregor Von Rezzori, Quarantotti Gambini et l'immense Wallace Stegner...


Adelaide,

Il est assez normal de trouver du "succinct sans étoffe littéraire" quand on lit Delacourt, Nothomb, Carrère et j'allais écrire Joncour...

Ces textes n'ont pourtant rien d'indigne et ne sont pas toujours prétentieux ( mais le sont parfois)  car le public est multiple comme dans les autres formes d'art. Au cinéma le spectateur de Winter Sleep, Ida ou Boyhood ne va pas s'affliger d'avoir peu aimé telle comédie populaire ou telle super production américaine. Il ne va pas les voir et c'est tout!  
La rentrée littéraire nous a donné aussi  un intéressant roman de Mauvignier et un dernier opus de James Salter très riche.

Et puis il y a les textes que l'on a pas encore lu ! Javier Marias par exemple dont je parle plus haut. Vous connaissez ?

Comme toujours je lis avec intérêt tout ce qui est posté ici et je me renseigne sur les auteurs qui sont recommandés. En ce qui concerne Javier Marias, d'après ce que j'ai lu ici et ailleurs (plusieurs critiques de lecteurs sur Amazon notamment) je sais d'avance que je ne vais pas aimer. Si déjà un lecteur de la trempe de Pierre a trouvé "quelques longueurs" dans Demain dans la bataille pense à moi, il est évident que moi je n'accrocherai pas, pour les mêmes raisons que je n'ai pas accroché à certains autres romans recommandés par Jean-Pierre Poccioni, que j'ai trouvés bien écrits mais ennuyeux à lire.

Je dois bien être honnête avec moi-même, je suis un "petit" lecteur modeste (j'ai aimé La Nuit de l'Oracle de Paul Auster, c'est vous dire...) Certes je suis capable d'apprécier le grand style d'un Proust ou d'un Flaubert mais cela ne me suffit pas pour prendre mon pied, il faut qu'il y ait une histoire ou des propos qui me passionnent.

JP Poccioli a écrit:

Vous connaissez ?

Non, je vais fureter, je me suis procuré Le village de l'allemand, je vais voir si j'aime;
En attendant, je vais tâcher de lire un peu de Karpathia de Mathias Ménégoz aujourd'hui, on va voir;

François a écrit:

je suis un "petit" lecteur modeste

Je me définis ainsi, moi aussi; certes je reconnais certains "grands" écrivains.....Mais les livres qui m'enchantent sont souvent des livres ?? comment dire ? qui créent - en ce qui me concerne- un vrai "climat" , un "sortilège" et je suis très sélective....Je classe ainsi côte à côte Le maître et Marguerite de Mikhail Boulgakov, Pars vite et reviens tard de Fred Vargas, Le rivage des Syrtes de Julien Gracq , Simenon, La Princesse de Clèves , etc.....
Tant pis.....Il faut s'assumer, et savoir admettre que le vrai bonheur de lire échappe aux critères du Beau, du Goût....

Bel éclectisme Adelaide... on reste dans la qualité malgré les genres divers.

Belle confiance de François qui préfère suivre les prescriptions anonymes des lecteurs d'Amazon desquelles il déduit qu'il n'aimera pas Marias ce qui revient à dire qu'il se déclare inapte à aimer et apprécier un très grand écrivain à priori et néglige les avis de deux membres du forum. A l'en croire je vais bientôt être un de ces prescripteurs négatifs qui font dire : Dis-moi ce que tu aimes que je l'évite !

D'autant plus étonnant que Marias est multiple et par certains romans assez facile et narratif comme dans son dernier ouvrage  Comme les amours.

D'une certaine manière François et Adelaide vous vous rejoignez dans cette conviction qu'il n'est meilleur juge de notre plaisir que nous-même, conviction par laquelle des millions de gens boivent de mauvais vins, lisent de mauvais livres, admirent des peintres de pacotille et applaudissent à de piètres musiques. Je ne dis pas que c'est votre cas, tant s'en faut, mais l'esprit qui y mène vous effleure me semble-t-il !

Au passage ce qui est négatif ce n'est pas de lire Nothomb ou Auster ( j'exagère, Auster c'est tout de même autre chose que Nothomb!) mais de ne pas lire et pire refuser de lire Marias ( par exemple) .

Car en fait comment se hisse-t-on plus haut si ce n'est par la recherche d'une vérité qui pour être inaccessible n'en n'existe pas moins ?  Une vérité dont il est faux de dire qu'elle est ennemie du plaisir.  

Noble débat n'est-ce pas ?  


PS: Pour Adelaide: Je note avec curiosité Karpathia et  Mathias Ménégoz inconnus de moi et vous,  notez que mon nom est Poccioni et non Poccioli.

Tsss tsss, allons allons, je ne néglige pas tes recommandations ni celles de Pierre, que du contraire, dois-je rappeler tous les romans que j'ai lus suite à des posts de Passion des Mots? Mais ça ne m'empêche pas de prendre des avis ailleurs et de savoir aussi, en lisant ce que toi ou Pierre écrivez sur tel ou tel auteur, si ça risque de me plaire ou non.

Quant aux avis d'anonymes, qu'ils soient positifs ou négatifs, s'ils sont suffisamment détaillés ils peuvent aussi m'aider à déterminer si l'oeuvre me plaira. Avec une (grande) marge d'erreur possible bien entendu, mais il y a suffisamment de bons auteurs pour que je puisse me permettre de passer à côté de l'un deux.

Entendu et compris!

Mais note tout de même Comme les amours de Javier Marias. Il me semble que tu devrais aimer...