Que lisez-vous en ce moment ?

Merci, c est plus clair, je suis assez d'accord.

Hier, j’ai acheté La Nuit de l’oracle de Paul Auster, un auteur qui jusqu’alors ne m’a guère convaincu* mais dont certains membres de Passion des mots parlent avec tant de fougue que j’ai décidé d’y revenir.
A suivre...

* J’ai lu Tombouctou et Moon Palace.

J'attends avec curiosité ton avis sur La Nuit de l'Oracle qui est un des rares romans que j'aie eu envie de lire deux fois. Je crois me souvenir que j'avais créé un sujet dédié à ce roman donc je suggère que tu y postes tes commentaires quand tu l'auras lu.

NB :
Personnellement je trouve ce fil "que lisez-vous en ce moment" un peu trop fourre-tout, il ne permet pas de retrouver facilement un ouvrage ou auteur ayant fait l'objet d'une discussion.
Créer un nouveau sujet par livre serait un peu fastidieux, mais pourquoi pas un sujet par auteur?
Qu'en pense l'Administrateur du forum ?

Par auteur ?

Lisons-nous assez, collectivement, pour qu'une telle organisation ne présente des cases avec un unique message ?

Je viens de lire un petit recueil de nouvelles d'Alfred Kubin, "Histoires burlesques et grotesques". Ce sont des anecdotes de son enfance, jeunesse et vie de jeune homme. Le titre du recueil dit tout: histoires un peu étranges et dont la moitié n'a pas grand intérêt, sauf si on aime cet artiste. La belle édition (Phébus) accompagne chaque nouvelle d'illustrations de l'auteur, Kubin est en effet avant tout "connu" pour ses peintures, dessins et illustrations. Expressionniste autrichien à l'univers toujours assez morbide. Ses histoires sont à l'image de sa production picturale. Et sa production littéraire somme toute assez maigre.

PS: pour la proposition de François: cela me paraît aussi un peu compliqué de s y retrouver ici mais il arrive davantage qu'on n'évoque un auteur qu'une seule fois. J ignore s il est possible d isoler les interventions et de les rassembler dans un fil (pour les auteurs dont il a été plusieurs fois question) mais même là, je pense que le travail de tri risquerait fort d'être astreignant pour celui qui l'exécuterait.
On pourrait le faire par nationalité, ou par époque mais rien ne dit que cela deviendrait plus claire. L'idéal sans doute serait d'avoir un moteur de recherche interne mais j'ignore si cela est faisable. Jipi nous renseignera quand il reviendra.

Je ne connais pas ces textes édités chez Phébus dont vous relativisez l'intérêt. Je constate simplement qu'ils ont été édités début 2006 c'est-à-dire à une époque où cette maison d'édition était encore dirigée par le couple Jean-Pierre Sicre/Jane Strick. Jean-Pierre Sicre était un éditeur érudit, collectionneur de textes rares, passionné d'oeuvres peu connues, oubliées, n'intéressant parfois qu'une poignée de lecteurs. Une philosophie éditoriale d'un autre âge !

Pour ce qui est du classement de nos impressions de lecture nous pourrions en reparler quand nous serons une vingtaine de lecteurs à communiquer  régulièrement sur nos lectures et à réagir sur celles des autres !

Je pensais surtout aux auteurs importants, ceux qui reviennent régulièrement dans les discussions. Je me disais que ce serait plus intéressant que tous les commentaires les concernant soient rassemblés dans un seul et même fil.
Un bon moteur de recherche interne serait bien sûr une solution également, je pense juste qu'elle n'est pas possible dans ce forum.

Mais la recherche par sujet fonctionne assez bien, donc ce qu'on pourrait déjà tous faire, c'est prendre l'habitude de vérifier si un fil spécifique sur l'auteur n'existe pas avant d'en parler dans un fil généraliste comme celui-ci. Et en créer un nouveau quand on pense que cela en vaut la peine.

Je comprends assez votre point de vue,François, qui s'exprime ici dans le but d'une visibilité, d'une clarté quant à l'accès aux informations. De ce que je peux en juger, "passion des mots" est sûrement devenu parfois un peu fourre-tout. Ce qui montre certes une ouverture d'esprit, mais multiplie les fils pour ceci ou cela. Soit.
POURTANT pour ce fil, on en revient encore à un débat amorcé plus avant. Qui définit qui est un auteur important? Cette hiérarchie (pour reprendre le mot de Jean Pierre Poccioni) devient subjective. Pour vous, Auster est un auteur important. Pour moi, assez peu. Il est très connu, apparemment très apprécié, médiatisé. Étant germaniste de formation, je vois des auteurs importants où vous ne verriez peut-être que des noms. En résumé ma perspective concernant Auster, serait la vôtre concernant d'autres auteurs. Dilemme sans fin.
Enfin, depuis que je suis inscrit ici, je n ai pu lire que des interventions de vous deux (+Jipi). C'est-à-dire que nous avons pu tous les quatre suivre à peu près les avis de chacun sur les différents auteurs. Bien entendu avant mon inscription, il y avait 25 pages de commentaires avec plusieurs participants. Ça fait beaucoup d avis et tenter de les regrouper si c est possible, serait une bonne chose, mais parfois une réponse à un commentaire entraîne l évocation d'un autre auteur, d'un autre livre, ou même ce commentaire que je rédige à l'instant et qui n'a sûrement rien à faire dans ce fil.

Je suis tenté ( au point de le faire!) d'ajouter à cette réflexion de Pierre qu'un forum s'il est écrit relève quant à son esprit de l'oral et par ce fait n'implique pas que chaque opinion se trouve gravée dans le marbre. Je ne serais en rien choqué que nos messages soient purement et simplement dissous au bout d'un temps qui reste à déterminer comme le sont les paroles que nous semons les uns et les autres dans nos conversations"réelles".

Le temps passe sur nos  perceptions, nos cultures s'étendent et se diversifient, nos opinions peuvent changer et parfois changent effectivement, l'ensemble faisant d'un forum un lieu de vie intellectuelle plus qu'un répertoire de choses dites un certain jour et fixées à jamais.

Pas de problème, oublions cette idée. J'ai toujours tendance à vouloir trop organiser les choses, c'est plus fort que moi, mais vos arguments m'ont convaincu que dans le cas présent ce n'est ni réalisable ni même vraiment souhaitable.

Oubliez ce que je vous ai dit hier dans la precipitation : j ai tout faux (ai efface le message)
Je vous donnerai mon avis a mon retour car pas facile ici de vous ecrire.

Lu Les hommes protégés de Robert Merle. (Suite à deux conversations avec des amis allemands distincts qui avaient lu ce livre, je me suis décidé à l’acheter)
Roman fiction : aux Etats-Unis, une épidémie (un type d'encéphalite) dévastent la population masculine en âge de procréer (exclus sont les prépubères et les vieillards dont la spermatogenèse est absente du corps). Le narrateur est un chercheur et c’est lui qui en fait la découverte et qui sera chargé de trouver un vaccin contre ce mal. Pour cela, on l’exile avec d’autres chercheurs dans une sorte de camp retranché. Entre temps, le pays perd son président et une présidente se retrouve à la tête du pays qui installe un matriarcat dictatorial visant à échéance à éliminer le rôle de l’homme (les trois quarts subissent de leur plein gré une ablation des organes génitales pour échapper à l’épidémie et forment eux-mêmes un clan). On suit le narrateur dans sa solitude d’homme rescapé avec d’autres, maltraité par le pouvoir féminin et qui peu à peu va se rendre compte des alliées qu’il a dans le camp. Le scénario est digne de films américains - aux bandes annonce peu attrayantes : on touche à la sécurité de l’état, aux enjeux économiques, on est proche des cercles du pouvoir, une résistance s’organise contre le pouvoir (ici la misandrie anti-démocratique).
Mais un livre est bien souvent (toujours?) nettement meilleur que son adaptation cinématographique. Des réflexions intéressantes sur le comportement des hommes, sur la société patriarcale, l’inégalité ; mise en perspective tantôt crédibles, tantôt un peu exagérées (on est bien dans de la science-fiction) à travers les changements qui aboutissent parfois au renversement des rôles (les hommes objets de désir, violés, séquestrés, exploités sexuellement, sifflés dans la rue à la fin du roman).
Le roman paraît en 1974 et il est important de le noter. Les réflexions n'ont sans doute rien de nouveau. Peut-être ressent-on parfois une sorte de réaction au féminisme castrateur de l’époque, résidus ou émanations parfois grotesques de la libération sexuelle (puisqu’en réaction au sexisme alors en vigueur, ils créent un autre sexisme). Certes le narrateur est appelé à maintes reprises un phallocrate, on finirait par le croire, on donnerait parfois raison aux réactions des femmes même endoctrinées, certaines de ses réflexions tendent à le prouver sans toutefois choquer l’homme que je suis (phallocrate aussi ?).
Sur l’écriture de Merle : dans ce livre, l’auteur a une tendance presque fâcheuse à décrire à outrance les physiques de ses personnages. Toujours des tas de détails sur les yeux, les cheveux, les nez, les bouches, quitte à les répéter à l’envi, si jamais vous n’aviez pas compris qu’une telle a des cheveux acajou, qu’une autre est pareille à un oiseau (bec, griffes,serres...). C’est bien écrit, sans doute ces ajouts apportent de temps à autre un plus à la situation, mais je crois que l’écriture aurait gagné à moins les farder de ces détails. L’histoire et le style n’auraient rien perdu. Le lecteur que je suis a quand même été pris par le roman, le dernier chapitre, résumant la situation post-dictatoriale, semble écrit à la va-vite et à mon sens quelque peu superflu (et un peu américain, puisque notre héros, son fils et ses courtisanes s’en sortent … et ils eurent beaucoup d’enfants)  : dans une société où les hommes procréateurs ont été décimés, ceux qui restent sont mis au service de l’état pour une reconstruction démographique, des «  vaches à sperme » en quelques sortes. Le rêve de Robert Merle ? Le vôtre ?
Je lis rarement ce genre de roman d’anticipation (j’ignore si terme convient ici) et suis pourtant à chaque fois agréablement surpris par le côté inventif, celui qui a pensé à tout, des histoires qui s’y déroulent. J.G.Ballard, Kurt Vonnegut, Barjavel, Bradbury ou Philipp K. Dick pour ceux que j’ai pu lire. Je n’en ferais jamais un genre préféré mais je ne renierais pas que certains ont des qualités.

3ème ligne "dévaste" et non "dévastent"
(Pourquoi n est-il pas possible de corriger après coup? Grosse lacune à mon avis)

Belle recension qui exprime avec précision les attraits et limites du genre "anticipation"  dont personnellement je ne suis pas amateur puisque je ne suis amateur d'aucun genre considérant l'attachement d'une oeuvre à un genre comme l'aveu d'une faiblesse ontologique si je puis user de ce qui frôle le pléonasme.

Cela dit tout genre a ses perles, exceptions qui confirment la règle, dont on se demande par quelle malédiction elles ne parviennent pas à extraire leur auteur de l'enfermement dans un genre !

Merle risque donc de rester pour moi l'auteur emblématique du texte quasi mythologique qu'est : La mort est mon métier. Néanmoins ce message a ranimé l'écho d'une autre vie, j'avais peut-être vingt ou vint-cinq ans, et  le temps de quelques saisons je m'étais immergé dans les noms ici évoqués,  J.G.Ballard, Kurt Vonnegut, Bradbury ou Philipp K. Dick avec une mention spéciale pour Barjavel qui fut longtemps l'enfant chéri des enseignants.

Pierre,

Si l'on voit assez vite son étourderie on peut éditer et corriger...un certain temps, celui durant lequel le bouton éditer est visible.

Je me rends compte que j'ai oublié de vous livrer mes impressions sur Le Roi des Aulnes de Tournier.

Voilà un livre sur lequel je suis tout à fait d'accord avec Jean-Pierre Poccioni et Pierre VDM : c'est du tout grand style, sans aucune discussion possible. Chaque phrase ou presque est un régal. Ce fut néanmoins une lecture ardue par moments, mais mes efforts furent récompensés.

Pour faire bref je dirais que ce roman est brillamment écrit et que son contenu ne ressemble à rien de ce que j'ai lu précédemment, il m'a surpris du début à la fin et m'a interpellé tant sur le plan intellectuel qu'artistique.

A te lire on peut augurer que Vendredi ou les limbes du pacifique et Les Météores t'apporteront les mêmes satisfactions.

Quant à ce grand style de Tournier, il est un peu désolant de constater qu'il est peu à peu tombé en désuétude, souvent recouvert par un style gauchi par la proximité de l'oral* même si quelques écrivains poursuivent cette voie qui n'exclue en rien la singularité.

* Attention ce n'est pas ici Céline que je vise, lui dont le style n'est en rien oral!

J'ai lu Vendredi ou les limbes du pacifique il y a longtemps mais je me souviens avoir beaucoup apprécié. Dans mon souvenir, le style était toutefois moins frappant que dans Le Roi des des Aulnes, mais j'envisage de le relire pour vérifier ça.

Et Les Météores est sur ma liste !

Sur Merle : pour moi, avant que ces deux amis ne m'en reparlent, Merle, c'était effectivement La mort est mon métierque je n'ai pas encore lu mais que je me suis procuré avec Les hommes protégés donc ce livre fera l'objet d'une très prochaine lecture, mais surtout Week-end à Zuydcoote que nous avions lu en classe (il y a bien 25 ans). J'avais un peu gommé inconsciemment Merle du paysage littéraire - comme d'autres auxquels je reviendrai un jour le temps d'un ou deux livres - et ces 2 amis l'ayant lu, je me suis penché à nouveau sur un bon auteur, un peu oublié. L'un des amis m'a donné la semaine dernière du même auteur L'île, un pavé qui reprend l'histoire des mutins du Bounty et leur invente une vie socialisé sur une île. Pas trop un thème que j aurais choisi mais gageons que je le prendrai pour un voyage. Lecture distrayante et agréable sûrement, idéale peut-être pour un voyage en train... Une année de Merle en perspective...

À François : content que Le Roi des Aulnes vous ait plu. Je n'en suis pas tellement étonné. C'est un livre fort. Le personnage d'Abel est compliqué, beau et simple à la fois. Les contextes ne l'aident pas toujours. Un ogre gentil. Les Météores vous raviront sans aucun doute.

Une année Merle, dites-vous. J'adore cette idée de se concentrer pour un moment, plus ou moins long, sur un auteur. Il me semble que c'est quelque chose de formidablement fertile.

Bonne année Merle, Pierre !

Disons que je lirai encore La mort est mon métier très bientôt, pour L'île, on verra. Les romans d'aventures (qui plus est de pirates et mutins...) sont rarement de mon goût, distrayants certes comme je l écrivais.
Je crois que je voulais juste faire un bon mot dévié (année de Merle/année de merde...) mais ce n'est ni drôle, ni à propos.
Merle alors!

La mort est mon métier... encore un souvenir extraordinaire d'un roman extraordinaire que je faisais lire parfois à mes étudiants de terminale.

Dans un mouvement qui ces derniers jours me conduit à lire des auteurs renommés dont je n’ai, pour diverses raisons, pas exploré l’œuvre, mouvement qui m’a fait vérifier mon peu de goût pour Paul Auster, j’ai décidé de lire La Carte et le territoire alors que j’avais abandonné Houellebecq après Les Particules élémentaires que j’avais trouvé très inférieur à Extension du domaine de la lutte.

Et vous, Houellebecq ?

Houellebecq? Jamais lu. Comme tu le sais, je ne lis que les tout grands auteurs... comme Auster, ha ha!*

*avec staccato!

Comme vous Jean-Pierre, j'ai lu les particules élémentaires et L'extension du domaine de la lutte. Lus dans l'ordre inverse donc. J'avais moi aussi préféré le second, sans pour autant être poussé à en lire un troisième. On m'avait prêté les livres d'ailleurs. Cela fait un moment déjà. Je me souviens assez mal des histoires, mais je sais que je trouvais certains passages très bien vus sur l'époque dans laquelle nous vivons. Une description de la misère humaine quotidienne, décrite sans réelle désarroi mais qui semblait parfois le sous-entendre. J'aimerais avoir des exemples pour étayer mais je n ai ni les livres ici, ni comme je l'ai dit le souvenir. Et puis, on peut y trouver de l'humour (ou du cynisme?), une sorte de regard caustique sur cette misère du rapport humain. On peut sûrement y être étranger, vivre autrement et ne pas se sentir concerné, mais j'ai trouvé certains passages aiguisés.
Parmi ceux qui avaient lu La carte et le territoire, un ami argentin me disait qu'il avait eu l'impression que Houellebecq y plaçait tous ses amis, et ennemis, que ça suintait la complaisance, peut-être le parisianisme, qu'il s'ennuyait à écrire, et par voie de conséquence que lecteur s'ennuyait à lire. Je ne l'ai pas vérifié. D'autres avaient aimé, sans plus.
Vous nous direz