Que lisez-vous en ce moment ?

je trouve le mot "branché" un peu exagéré. Je connais très peu de gens, voir pratiquement pas à qui ces deux noms évoquent quelque chose. Il est vrai que des journaux annoncent systématiquement la sortie de leur roman, pour moi rien d'outrageant car ce sont de bonnes plumes. Le Goncourt d'Echenoz en 1999 l'a lancé dans cette spirale aussi. Connaissant un peu plus Echenoz, je le trouve même très en retrait des médias. Je ne me souviens que d'une rencontre intéressante (tard le soir sur le service public, je crois, il y a une dizaine d'années) avec Pierre Michon (dans une émission modérée par Philippe Lefait??) Pas le genre à pavoiser sur les plateaux télé ou à remplir la presse. Alors branché, peut-être mais pas sur le 220 de la littérature grand public, à des volts de là.

Le "nouveau roman". La définition est confuse je trouve. Appartiennent-ils à ce genre? Les Editions de minuit sont sans doute un des chantres du genre mais pour avoir lu plusieurs livres des Toussaint, Gailly ou Oster, le genre s'étiole (Je trouve Toussaint très inégal). Est-ce que cela va vraiment plus loin qu'une autofiction (bonne ou mauvaise)? Les chapelles m'ennuient toujours un peu.

Pour revenir au thème du fil, j ai lu cette semaine deux livres. D'abord le carnet de guerre de Ingeborg Bachmann. Je l'ai lu dans une édition allemande et j'ignore s'il existe en français. Ce carnet se limite à une dizaine de pages divisées en deux parties: juste avant la "libération" de l'Autriche, et juste après. Elle est encore très jeune. Cela se ressent. Sûrement intéressant (encore que) pour un spécialiste de l'écrivaine autrichienne. Pas tellement pour moi qui ne la connaît que très peu. Pour remplir, l'édition a donc publié d'autres documents, notamment une quinzaine de lettres d'un soldat britannique juif de qui Bachmann s'était entichée après la fin de la guerre. Là aussi, un peu plat. On a un aperçu des premiers arrivants à Tel-Aviv, mais on s'ennuie au fil des lettres.
Autre lecture plus intéressante, Un homme qui dort de Georges Pérec (1967). Quelqu'un l'a-t-il lu? Récit à la deuxième personne. L'auteur s'adresse à son personnage, et décrit la perte d'appétence sociale qu'il s'inflige en restant une bonne partie de la journée sur une "banquette étroite". Je serais curieux de connaître des avis sur ce livre.

Toutes mes excuses Pierre : nos deux messages sont apparus quasiment et définitivement en même temps !

Le mien avec modifications vient de précéder le tien à l'instant.

Perec, encore un immense bonhomme dans cette mouvance de la modernité. Oulipo n'est pas loin.

Je n'ai pas lu ce récit Pierre. Je devrais !

Et un tout grand merci, Pierre, pour ce partage de tes découvertes littéraires (comme Jean-Pierre d'ailleurs).

Je conviens que mon "branché" était plus l'expression d'un refus épidermique qu'une analyse ! Nous n'avons pas du tout la même perception de ces auteurs ce n'est comme le dit très justement pas un drame.

J'ai lu Un homme qui dort il y a si longtemps que je préfère me taire.

Bonsoir

Ce matin un peu plus "frais" j'observe le charabia de mon message d'hier soir que vous devrez décrypter tout de même puisqu'il n'est plus éditable.  

Il est des moments où la sagesse serait de ne pas répondre au lieu de le faire trop vite!

J'ai suivi avec intérêt vos récents échanges sur ce fil et si je n'y ai pas pris part, c'est uniquement parce que je n'ai lu quasi aucun des auteurs que vous citez, à part Michel Tournier dont j'ai lu - comme tout le monde je présume - "Vendredi ou les limbes du pacifique" et dont je lirais volontiers d'autres titres. Si vous pouviez me dire le(s)quel(s) vous recommandez en priorité, cela facilitera mon choix.

Je ne crois pas trop m'avancer, François, en disant qu'en dehors de Vendredi ou les limbes du pacifique les deux grands textes de Tournier sont : Le Roi des aulnes et Les Météores. D'autres sont intéressants mais ces deux-là sont la quintessence du bonhomme.

François
Je suis d'accord avec JP Poccioni à propos de Tournier. Ces trois oeuvres citées ont une densité presque équivalente. On le résume d'ailleurs souvent à ces trois-là. Le Roi des Aulnes m'avait plu peut-être davantage. Un peu parce que je débutais mes études germaniques à l'époque, mais ce n'est pas la raison, disons que le cadre historique comme toujours précisément documenté m'était plus proche. Je ne dirais pas que Les Météores est intemporel, mais il a des visions plus générales sur l'humain, le rapport humain. Tout cela est loin.
A noter encore deux livres que j'avais appréciés aussi et qui offrent une autre facette de l'auteur, celui d'histoires et de texte courts, le médianoche amoureux (le dialogue des époux (ou amants, je ne sais plus) de la première histoire est très bien senti), et le vagabond immobile courts textes agrémentés de beaux dessins au crayon de Jean-Max Toubeau, sans doute moins courant dans les rayons de librairie.

De retour en France (Lille) pour les fêtes, j ai fait mon petit tour dans une ou deux librairies que j apprécie et chez les bouquinistes. Je vais encore être chargé pour rentrer. J avais commandé quelques ouvrages et je viens de commencer l'un d'eux: "Equinoxiales" de Gilles Lapouge. Encore un illustre inconnu pour le tout venant, je sais. Jolie plume. Récit de voyage (Brésil) ou plutôt si je comprends bien la démarche, confrontation de deux voyages/séjours effectués à 20 ans d'intervalle. Les réflexions sur la perte du voyage (la perte intérieure) dès lors qu'on revient et que l'on veut se pencher sur son périple. Sans doute faut-il un intérêt particulier pour le pays concerné pour lire un récit de voyage, mais certaines de ces réflexions s appliquent à tous les voyages - tant qu on a vraiment tenté de connaître le pays traversé.
Un premier clin d'oeil à Jean-Pierre Poccioni, puisque ce livre est édité chez Pierre Guillaume De Roux que nous avions évoqué il y a un mois. J en ai même acquis un 2ème qui attendra encore un moment. Je trouve cette édition hélas un peu chère. Je n'ai pas pour habitude de m'offusquer des prix des livres brochés. Encore moins quand il s'agit de "petites" maisons mais j avoue être un peu déçu car la qualité de l'impression dans ce livre. J'estime que pour 25 euros, on ne devrait pas avoir toutes les trois pages une sorte de défaut d'impression sur toute la page (lettres mal raccordées), sans parler du nombre de fois où une apostrophe est collée aux deux mots qu'elle est sensée relier. Je suis tatillon mais la lecture en prends un tout petit coup je trouve. Et l'impression passagère d'avoir acquis ici un invendable...  Gageons que la qualité du livre me fera vite oublier ces minimes imperfections.
Et un deuxième clin d'oeil puisque j'ai terminé hier "La plâtrière" de Thomas Bernhard, lu en allemand (Das Kalkwerk). Comme toujours, pour moi, cet auteur est un régal -dans les deux langues. Je ne résumerai pas ici ce livre, simplement parce que je ne parviens jamais vraiment à "résumer" ses oeuvres. C'est tout un procédé de la narration que j'aime chez lui, une sorte de monologue ciselé, de discours rapporté par des tiers dont on n'apprend rien d'autre que l'histoire qu'ils relatent. On aime ou on déteste, comme les huîtres. (comparaison un peu triviale, mais j'ai dû en refuser par deux fois ces jours-ci, car je les conchie(-culteur))
Sinon, au début du mois, j'ai enfin lu un recueil de nouvelles d'Hemingway, "50 000 dollars". J'écris "enfin" parce j'ai ça dans ma bibliothèque depuis des lustres, il appartenait à mon père qui l'avait lu pendant la guerre d'Algérie, un antique "J'ai lu", jauni à souhait, je l'avais récupéré avec quelques autres de même facture après son décès. Les deux premières nouvelles sont valables (combat de boxe pour l'une et corrida sanglante pour l'autre) mais dans l'ensemble, Hemingway ne me transcende ni sur le fond, ni sur la forme. Je n'avais rien lu de cet auteur depuis "l'adieu aux armes" quand j'avais 17 ans (c'était hier donc!) C'est du grand public - même si je reste persuadé que ces quelques nouvelles sont peu connues, et ce n'est pas un drame en soi.

Pierre,

Je ne peux qu'être heureux de voir un lecteur de qualité se pencher sur le catalogue des Editions Pierre-Guillaume de Roux, une liste déjà importante et souvent remarquable de romans et d'essais.

Je note vos critiques de l'aspect matériel des livres que vous trouvez inférieur à ce que l'on est en droit d'attendre à ce prix. J'avoue ne pas avoir eu cette impression et j'ai donc regardé de plus près les exemplaires qui sont dans ma bibliothèque pour leur trouver ni qualités ni défauts évidents. En quelque sorte des livres ordinaires ce qui pourrait en soi constituer une critique si ce n'était le cas général. Je précise que je n'ai jamais abordé cette question ni avec Pierre-Guillaume de Roux ni avec ceux de ses auteurs que je connais personnellement.

Pour le reste, je n'ai lu ni Equinoxiales,  ni La plâtrière, ni 50 000 dollars! Les lectures potentiellement intéressantes sont si nombreuses qu'il arrive obligatoirement que deux lecteurs empruntent des sentiers qui ne se croisent pas,du moins pour une certaine partie du voyage.

Je lis présentement et avec une profonde jubilation intellectuelle Béton après avoir été déçu et même agacé par le dernier roman de Nancy Huston, Danse noire. Un peu plustôt j'avais découvert un excellent Javier Marias: Comme les amours et un agréable mais inégal Jean-Philippe Toussaint: Nue.

Merci d'abord pour le "lecteur de qualité".
Pour ma critique matérielle, elle importe assez peu en vérité, c'était juste un peu surprenant. L'autre dans la même collection ne paraît pas avoir de défaut après une rapide inspection.
Je ne connais pas non plus vos lectures (Marias et Huston), sauf "Béton" bien entendu. Et pour Toussaint, j'ai bien lu 3 ou 4 livres mais comme je l'ai déjà mentionné - et cela semble rejoindre votre avis - je le trouve inégal aussi. Capable de belles choses mais aussi parfois de textes ou passages qui me laissent pantois (que cherche-t-il en écrivant ceci? Que veut-il provoquer?). Je lirai peut-être "Nue" mais dans un lointain avenir, j'attendrai peut-être la collection double.

Jean-Pierre Poccioni a écrit:

Bonsoir François,

Aucune hésitation de mon point de vue. Il faut commencer par Le Neveu de Wittgenstein. Thomas Bernhard est si "typé" que tu sauras très vite si tu aimes ou pas.

Je viens de terminer ce livre que je me suis fait offrir à Noël. J'avoue qu'il m'a fallu près de 40 pages pour "entrer" dans (et apprécier) cette écriture très particulière que l'auteur de la quatrième de couverture décrit comme un soliloque halluciné, répétitif (un peu "à la yugcib" par moments...) et impitoyable.

Je n'ai pas été conquis au point de vouloir me lancer dans la lecture de toute l'oeuvre de Thomas Bernhard, peut-être parce que le côté assez noir et "vieux grincheux" du personnage est trop éloigné de ma propre philosophie, mais je suis content d'avoir fait cette expérience de lecture, j'ai trouvé ça intéressant à plus d'un titre et je conseille à tout un chacun de faire cette expérience, d'autant qu'elle ne demande guère plus de deux ou trois heures d'efforts, ce texte étant fort court et pouvant facilement se lire d'une traite (je pense même qu'il est conçu pour l'être.)

Je vais maintenant attaquer un de mes autres cadeaux de Noël : Le Roi des Aulnes de Tournier.

En y réfléchissant, je suis fasciné de voir à quel point la fréquentation de Passion des Mots influence mes lectures!

En lisant ton message François, je songeais aux centaines d'auteurs dont je n'ai lu qu'un livre et qui n'étaient, loin s'en faut, pas tous des auteurs qui m'avaient déçu. Ces auteurs, dont certains occupent la position de "grands" ou reconnus comme tels, m'avaient souvent intéressé mais sans toucher au fond de moi la fibre intime qui une fois qu'elle est éveillée par un esprit ou une écriture fabrique une proximité qui appelle d'autres lectures. Ces auteurs dont on lit tout les textes publiés ( ou presque) sont des élus, des proches,  de véritables amis littéraires. Il est naturel que de telles rencontres soient rares et que leur quête, un des éléments qui fait la passion de la lecture, ne soit pas souvent couronnée de succès. J'ajoute qu'il n'est pas impossible que tu redécouvre Bernhard...dans vingt ans.

Cela dit,  je salue ta démarche et l'honnêteté ( qui t'est coutumière) avec laquelle tu l'analyses tout en protestant avec la dernière énergie contre l'expression "vieux grincheux": Thomas Berhard est mort trop jeune pour que le qualificatif de vieux lui soit appliqué et grincheux est un terme bien trop faible et aimable !


PS : Bonne lecture du Roi des Aulnes, une lecture à priori moins "particulière" que celle de Thomas Berhard tout en étant un bel exemple de la plus haute littérature. Tu nous en parleras en 2014.

Je n'exclus bien sûr pas de lire encore du Thomas Bernhard, et note cher Jean-Pierre que j'étais bien conscient en le qualifiant de vieux grincheux qu'il n'avait jamais été vraiment vieux, d'où l'usage des guillemets. Mais d'après ce que j'ai lu son sujet, je veux bien croire que le terme "grincheux" est beaucoup trop soft pour le qualifier.

Après 50 pages du Roi des Aulnes, je peux déjà dire que je me trouve ici plongé dans une écriture qui est plus naturellement proche de mes goûts de lecteur, sans doute parce que j'y ai été plus habitué, pour ne pas dire conditionné.

Le Michel Tournier de cette époque était un prodigieux conteur qui savait embarquer son lecteur et le ravir. Rien à voir avec l'âpreté de Thomas Bernhard,  son second degré, son humour, son extraordinaire intelligence littéraire  si ce n'est que ces deux hommes sont des auteurs admirables, chacun dans son registre.

Conditionné dis-tu?   Pourquoi-pas si l'on ôte  au mot sa connotation négative? Nous avons une culture, des sensibilités diverses mais aussi une pente naturelle à l'humain et Tournier est d'une certaine façon plus humain, plus proche des humains ordinaires que nous sommes que ce Thomas Bernhard qui voyage sur des nuées de haute altitude dont les contours même nous sont (en partie) inaccessibles.


PS : Si le désir de lire du Thomas Bernhard te revenait, pense à Extinction.

Bonjour
je m'immisce dans votre échange...
...et me joins à Jean-Pierre Poccioni pour vous "féliciter" d'avoir lu un T.Bernhard. Preuve que vous avez cette ouverture et cette curiosité qui me fait défaut souvent. Je n'aurais jamais pu écrire "sans hésitation" vous devez commencer par tel ou tel titre. J'aurais été incapable de ne pas hésiter. En conseiller un plus qu'un autre m'est difficile. Comme je l'ai dit, je viens de terminer "La plâtrière" et j'en suis encore très marqué: le livre me fait un peu oublier les autres mais quand j'en lirai un autre, il en sera de même. Je ne sors pas indemne d'un livre de Bernhard. Pour mon plus grand bien d'ailleurs. "Extinction" est effectivement un pure délice mais peut-être encore un peu dense si on n'en a lu qu'un. C'est un de ses derniers (si ce n'est le dernier) et peut-être, qu'on a avec ce livre un long condensé de son art. "Des arbres à abattre" est un régal ou bien sa pentalogie (L'origine - La cave - Le froid - Le souffle - Un enfant) précise le personnage qu'est et qu'a été Thomas Bernhard et je la conseille vivement. Mais je m'arrêterai là car vous avez lu, François, et vous vous êtes fait une idée. De plus je trouve que vous l'avez bien analysé quand vous dites qu'il faut le lire d'une traite. C'est un peu comme cela qu'il les écrivait aussi (sauf pour les plus longs).

Pour Tournier, bonne lecture. Vous ne serez sans doute pas déçu comme il apparaît déjà après quelques pages et je serai prêt à parier que vous vous procurerez un jour "Les météores".

Je souhaite à tous un bon réveillon; je viens de rentrer à Berlin, me préparant à affronter la guerre qui y éclate tous les 31 décembre.

Merci Pierre pour ce complément d'information sur les oeuvres de Bernhard, j'en prends bonne note.

Et surtout n'hésitez jamais à vous immiscer dans n'importe lequel de nos échanges sur ce forum, je lis chacune de vos interventions avec le plus grand intérêt et me réjouis que Passion des Mots compte un nouveau membre qui prenne le temps de partager ses lectures.

Pour ceux qui, foin de certaines modernités parfois étriquées, désirent être emportés par le flux d’un vrai roman romanesque avec élans sentimentaux, analyses psychologiques et rebondissements, voici Les Lettres de Capri de Mario Soldati  ( 1954) édité chez Autrement.

Un beau livre tout simplement!

Connaissez-vous Edna O'Brien ?

Je découvre cet écrivain ( je peine à accepter écrivaine!) née en Irlande avec son roman La Maison du splendide isolement, dans lequel je trouve tout ce que j'aime, la densité, la force des idées servies par une écriture originale et forte mais sans aucune affectation de modernité artificielle.

Magnifique !

Merci Pierre et Jean-Pierre !


PS :

1) la modernité n'est évidemment pas toujours artificielle. Je sais que tu le sais ! Et quand elle devient artificielle, elle rejoint l'imposture (idem en peinture, photographie, musique).

2) Jean-Pierre, Jean-Pierre bis, Pierre, il ne nous manque plus que Saint-Pierre !!!

Je ne connaissais pas cette auteure.

Hier, à Leipzig, décidant de prendre une bière pour échapper à une averse, je rentre dans un pub irlandais. Je choisis une table dans une petite pièce à l écart. Au dessus de la table, un petit tableau avec 4 écrivains irlandais (de mémoire O.Wilde, J. Swift, Yeats et Kavanagh)
Premier constat : je ne connaissais pas Kavanagh même si j ai déjà dû lire son nom avant. Deuxième constat : mes lacunes : j ignorais que Swift était irlandais. Enfin je me suis dis que c'est vraiment une littérature que je connais très mal. Quid de Joyce et Beckett me direz-vous? Ils avaient une place à part sur les murs de bois sombre du pub.

J essaierai de garder cette O'Brien en mémoire. Merci du conseil

Qu’il n’y ait pas de confusion, Jipi, quand je fustige une certaine modernité je parle d’affectation et de mode, du genre accumulation de phrases nominales, suppression des majuscules ou haine de la chronologie et j’en passe.  Toutes choses qui semblent découler de la partie «  Comment faire moderne » de certains ateliers d’écriture !
Au sujet d’Edna O’Brien la réflexion de Pierre témoigne de la difficulté d’établir des hiérarchies sur la base des réputations établies*. En France (et même en Italie) on connaît mieux le médiocre Fabio Volo que la merveilleuse Natalia Ginzburg et en littérature germanophone rares sont ceux qui lisent Grégor Von Rezzori l’auteur des Mémoires d’un Antisémite et du génial : Sur mes traces.
* Encore que la réputation d’Edna O’Brien soit plutôt brillante.

Jean-Pierre Poccioni a écrit:

Qu’il n’y ait pas de confusion, Jipi, quand je fustige une certaine modernité je parle d’affectation et de mode, du genre accumulation de phrases nominales, suppression des majuscules ou haine de la chronologie et j’en passe.  Toutes choses qui semblent découler de la partie «  Comment faire moderne » de certains ateliers d’écriture !
Au sujet d’Edna O’Brien la réflexion de Pierre témoigne de la difficulté d’établir des hiérarchies sur la base des réputations établies*. En France (et même en Italie) on connaît mieux le médiocre Fabio Volo que la merveilleuse Natalia Ginzburg et en littérature germanophone rares sont ceux qui lisent Grégor Von Rezzori l’auteur des Mémoires d’un Antisémite et du génial : Sur mes traces.
* Encore que la réputation d’Edna O’Brien soit plutôt brillante.

Oui Jean-Pierre ! J'avais bien compris.
On pourrait d'ailleurs parler de ces effets de mode dans un autre sujet à mon retour. Passionnant.
Même phénomène en photographie où les effet de mode sont nombreux !

À Jean-Pierre Poccioni: je comprends mal "la difficulté d'établir des hiérarchies sur la base des réputations établies". Par qui sont-elles établies ces réputations? Par le bien-pensant? Par la presse? Le nombre de ventes?
On peut difficilement connaître tous les bons auteurs. Je me félicite aussi de ne pas connaître tous les médiocres: jamais entendu parler de Fabio Volo. D après internet, c est l homme à tout faire celui-là. Ça en dit long sur la qualité de ses livres/films/émissions et je ne sais quel autre passe-temps. Enfin, je me laisse ici aller à la critique sans fondement...
J ai déjà entendu le nom de Ginzburg (et l ai lu souvent dans vos interventions). Hélas, je ne l'ai jamais lue. Pas plus que je n ai lu von Rezzori, dont j ai déjà croisé le nom également, et ma fibre de germaniste ne laissera pas cette lacune béante trop longtemps - je suis d'ailleurs persuadé que rares seront les Allemands qui le connaîtront. Je vais noter tous ces noms dans mon carnet, sachez que le votre Jean-Pierre y figurera aussi (voyez en quelle compagnie je vous place!).

PS: bonnes vacances à Jipi, le veinard, du soleil plein les mirettes...

Pierre,

Je me suis sans doute mal exprimé. Par "la difficulté d'établir des hiérarchies sur la base des réputations établies" je désigne le fait que dans telle ou telle littérature nationale la tradition a établi des réputations qui fondent des hiérarchies, réputations et donc hiérarchies dont il n'est pas facile de se détacher.

Il est ainsi difficile de faire admettre à des étrangers ( ainsi qu'à des français) que Paul Gadenne, Emmanuel Bove ou Jean Forton sont de grands écrivains du début du XXème siècle puisque ces derniers ne sont jamais dans les listes qui énumèrent les célébrités de cette époque.  Ce qui ne minore en rien le talent de Camus ou de Gracq!

Le phénomène vaut aussi dans les autres arts.