ARNOLD NEWMAN : une leçon de photographie

Si vous êtes de passage à Bruxelles, ne ratez pas la Galerie Valérie Bach qui expose jusqu’au 20 novembre des photographies de Arnold Newman que je considère comme un des maîtres de la composition (essentiellement des photos en noir et blanc).

On le connaît pour ses portraits d’artistes photographiés dans leur environnement et pour ses compositions graphiques mettant en scène des formes, des objets, des éléments architecturaux.
Même si l’on ne voit que le résultat, ses compositions étaient longuement préparées. Il ne prenait pas une photographie, il la construisait pour reprendre son expression !

Pour apprendre toujours davantage, rien ne vaut une bonne leçon de photographie auprès des grands photographes et celui-là en est un !
À chaque fois que je vois ce genre de travail, je sors du lieu grandi intérieurement...
Il en a été de même l’année passée avec l’immense photographe belge qui est Stephan Vanfleteren.

Si cette expo vous intéresse, vous aurez tous les détails sur le site de la Galerie Valérie Bach.

« C’est la manière dont on photographie, pas ce que l’on photographie qui importe. » (Arnold Newman)

Une de ses grandes compositions photographiques que je viens d'analyser récemment lors d'un exposé.


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L'art de beaucoup dire avec très peu de mots. Une magistrale simplicité. Le choc du noir et du blanc accueillant les délicatesses du gris, un musical contrepoint linéaire, une conception abstraite au service de la figuration la plus évocatrice... C'est très musical, jazzé et d'esprit classique. C'est du Stravinsky et c'est du grand art.

Exactement Michel... pas mal de choses à dire et j'apporterai ma petite pierre sur le plan analytique !

Quelques pistes d'analyse :


- visage du compositeur tout petit par rapport à l'ensemble de la photographie comme si l'emprise du piano devait être marquée... emprise sur la vie du compositeur.
- piano défini par une ligne noire horizontale et par la masse sombre et imposante du couvercle ouvert de l’instrument.
- portrait constitué de blocs géométriques (rectangle, triangle, rond).
- portrait constitué d’un jeu entre le noir, le blanc et le gris.
- parallélisme entre la courbe du bras et la courbe du couvercle du piano (une osmose semble créée entre le musicien et son instrument).

Jipi a écrit:

parallélisme entre la courbe du bras et la courbe du couvercle du piano (une osmose semble créée entre le musicien et son instrument).

Je n'avais pas remarqué, très subtil !

Une mise en abyme en fait !!!

Certes il s'agit d'un piano à queue, mais ne trouvez-vous pas que ce couvercle fait un peu urinoir ?

Allons, je plaisante...

Quelque chose me gêne, cependant, et je ne saurais dire quoi. Est-ce le visage sinistre de ce pianiste fatigué à demi disparu sous le couperet prêt à tomber ? Oui, cette réplique arrondi du bras/couvercle est intéressante, mais je pense qu'elle est voulue. En définitive, c'est peut-être cette disproportion qui me gêne.

Ces quelques remarques un peu décousues ne discréditent évidemment pas le photographe.