La Belgique a donc pris, hier, la Présidence de l'Union Européenne. Ce n'est pas une grande première puisque, auparavant, notre pays a déja assuré ce rôle à onze reprises. La première fois c'était en 1958, au moment même de la création de la CEE, la dernière en 2001. Mais ça a toujours une saveur un peu particulière quand la Belgique préside puisqu'à ce moment-là l'Union Européenne est dirigée de puis sa capitale, Bruxelles. Et puis, il convient d'ajouter qu'avec Herman Van Rompuy comme Président du Conseil Européen, c'est une saveur supplémentaire qui s'ajoute à notre présidence...
La Belgique est donc, pour six mois, à la tête d'une Union de 27 Etats qui regroupent quelque 495 millions de personnes, c'est à dire la troisième population mondiale derrière la Chine et l'Inde mais devant les Etats-Unis. Mais attention, présider ce n'est pas régner, présider c'est faire fonctionner en veillant aux intérêts globaux de l'Union Européenne mais aussi aux intérêts particuliers de chacuns des Etats-Membres. Et c'est là que je me pose la question suivante : la Belgique qui n'arrive pas à coordonner trois régions et dix millions d'habitants va-t-elle parvenir à le faire avec 27 nations et un demi-milliard d'habitant ?
Plusieurs haut-fonctionnaires européens émettent également des doutes sur l'efficacité de la présidence belge. Ils relèvent deux points d'achoppement :
1° la stabilité de notre pays : comme le souligne Christian Franck, Professeur à l'Institut d'Etudes Européennes de l'Université Catholique de Louvain, "La Belgique a certes beaucoup de conviction européenne mais un pays dont l'avenir est incertain n'a pas un grand crédit politique"(2);
2° le changement de Ministres lié aux élections du 13 juin dernier : en effet, en cours de partie toute l'équipe en place sera changée entrainant un risque important de méconnaissance des dossiers initiés ainsi que des pertes de temps adminstratives.
Depuis deux ans, la Belgique prépare sa présidence, élabore son programme et détermine ses priorités. Mais, ceux qui ont mené cette préparation ne seront pas ceux qui iront au bout de l'exercice présidentiel comme c'eut été le cas s'il n'y avait pas eu d'élections anticipées. La chute précipitée du gouvernement belge place notre présidence sous la suspicion des Etats-Membres de l'Union... Merci Alexander De Croo ! Quoi qu'il en soit, nous allons au devant d'une présidence que d'aucuns qualifient d'insolite puisque c'est un pays où un parti séparatiste a gagné les élections qui s'apprête à prendre le rênes d'une union de pays...