J'observe tout comme si c'était la première fois...
Comme si c'était le jour où j'ai posé mes pieds sur cette terre d'Afrique.
Je photographie de mes yeux tous ces hommes et ces femmes qui m'ont accueilli. Je mets tous mes souvenirs dans ma boîte. Je flashe tous les clichés de mon passé, veux garder en mémoire, tous les instants, enregistrer à jamais, ma vie avec eux.
Et je cherche quelque chose qui pourrait te ressembler, toi, mon Afrique que je quitte.
Mais j'ai beau parcourir ce marché, déambuler entre les stands, je ne trouve rien car aucun objet ne peut te résumer, même un masque ou un djembé.
Tu es si fascinante que rien, ne t'arrive à la cheville et tu vaux plus que ces bibelots ou statues en bois.
Je ne peux rien emporter, que ton tatouage indélébile.
Je ne peux que humer encore une dernière fois, ton odeur et inspirer profondément pour porter à jamais, ton parfum sur ma peau blanche.
Même si, je sais qu'il est trop tard, même si, je sais qu'il est trop dangereux de vouloir rester...J'en ai quand-même envie.
Je suis obligée de te quitter et tu vas me manquer.
On me l'avait bien dit:
"Tu quittes l'Afrique...mais l'Afrique, elle, ne te quittera jamais!"
Christine Rato (Extrait de "L'albinos")