Cadeau pour 2011 !

Pour la nouvelle année voici un cadeau: une réflexion de Bruno Magris extraite de Danube.

Une réflexion destinée aussi bien à ceux qui sont prompt à dénoncer le soi-disant élitisme qu’à d’autres qui par paresse se laissent aller aux sirènes de la facilité.


"La stupidité est aussi un fait d’époque, elle revêt des formes et des connotations liées à la période historique et du coup elle menace et concerne chacun de nous. L’écrivain méprisant qui semble se moquer indistinctement de tout le monde ne blesse en réalité personne, parce qu’il s’adresse à chacun de ses lecteurs en lui faisant croire qu’il le considère comme le seul intelligent dans une masse de béotiens. Mais il s’adresse de la sorte à la masse des lecteurs.
Cette technique rencontre en général du succès, car le lecteur peut se trouver flatté de cette exception que celui qui méprise les autres fait pour lui, sans s’apercevoir qu’ en fait il la fait pour chacun .
Mais la vraie littérature n’est pas celle qui flatte le lecteur en le confirmant dans ses préjugés et ses certitudes, c’est celle qui l’aiguillonne et le met en difficulté, qui le contraint à revoir ses comptes concernant son univers et ses certitudes."

Je souhaite à tous une belle année 2011 pleine de VRAIE littérature !

Jean-Pierre Poccioni a écrit:

Mais la vraie littérature n’est pas celle qui flatte le lecteur en le confirmant dans ses préjugés et ses certitudes, c’est celle qui l’aiguillonne et le met en difficulté, qui le contraint à revoir ses comptes concernant son univers et ses certitudes."

Je partage pleinement cette conception de la bonne littérature.

Meilleurs voeux à tous !

Merci John pour cette approbation ( logique da ta part !) Sauf que ce n'est pas Jean-Pierre Poccioni qui a écrit mais Claudio Magris dans Danube!

C'est dans ce texte que l'on trouve cette autre idée qui ne devrait pas non plus te déplaire : Tout homme devrait être convaincu que chacun quel qu'il soit a un jour ou l'autre un moment de sottise. L'absence de guillemets signifie que je cite de mémoire et non exactement mais l'esprit est respecté d'autant que cette idée est récurrente dans le livre.

Merci Jean-Pierre pour cette réflexion très subtile de Bruno Magris qui met bien l'accent sur le fait finalement nous sommes tous un peu responsables ou, en tous les cas, susceptible d'être bousculé par la parole de l'écrivain.

Enfin, c'est comme cela que je vois les choses.

Ce que je dis est finalement très sartrien...

Merci, Jipi, pour avoir cité cette réflexion de Claudio Magnis.
J'ai lu mais je réagirai d'ici quelques jours. En attendant, si vous deviez passer le réveillon et le jour de l'an avec de la neige (et peut-être du verglas)... Ne faites pas d'imprudence et soyez heureux, que ce soit dans vos familles ou (et) amis proches...

1) Bruno Magris

2) Tu confonds Jean-Pierre Poccioni et Jipi !

Décidément ! Après la vidéo ! Tu as bu un petit verre Yugcib !

Jean-Pierre Poccioni a écrit:

Merci John pour cette approbation ( logique da ta part !) Sauf que ce n'est pas Jean-Pierre Poccioni qui a écrit mais Claudio Magris dans Danube!

C'est dans ce texte que l'on trouve cette autre idée qui ne devrait pas non plus te déplaire : Tout homme devrait être convaincu que chacun quel qu'il soit a un jour ou l'autre un moment de sottise. (...)

Héhé, tu commences à me connaître, cher Jean-Pierre !

Et donc tu devais savoir à l'avance que j'aimerais La Vie Obstinée, ce roman de Wallace Stegner dont j'ai enfin pu reprendre la lecture, et qui regorge de réflexions aussi profondes que bousculantes sur ce que nous sommes. Un belle illustration de "la vraie littérature" selon Magris.

Il s'agit bien de Claudio Magris.

J'ai beau lire et relire cet extrait, je ne parviens pas à y adhérer tout à fait. Il semble que cela s'applique à un cas très particulier, l'opinion donc est très réductrice. Je ne prétends pas que cela soit faux, mais c'est tout de même bien insuffisant.

Le sujet est si vaste qu'il me semble impossible de le creuser et d'en faire le tour en quelques lignes. Quand un livre est bon, quand on peut dire de lui qu'il appartient à la vraie littérature, cela se sent -je parle uniquement pour moi- cela procure en soi un plaisir profond, une plénitude intense que je ne saurais pas bien définir. On me dira que c'est un peu court, j'en conviens. Je pourrai peut-être préciser plus tard.

"Au moins un moment de sottise" me fait sourire : j'ai très largement dépassé ce score modeste.

Callinira,

Que l'on puisse nuancer, discuter, voire contredire l'idée exprimée par Magris est chose normale si l'on considère l'oeuvre dont elle est tirée. Danube est un formidable réservoir de digressions qui avouent leur nom et ne prétendent jamais être des sommes sur tel ou tel sujet.

C'est aussi la limite du genre "citation" que ne ne pouvoir prétendre à une application universelle. Les auteurs d'aphorismes les plus fins savent que le lecteur comble les point de suspension avec sa propre culture et les risques afférents de glissements de sens.

Quant à dire que la citation de Magris ne peut s'appliquer qu'à des cas très particuliers, il me manque de savoir auxquels vous pensez pour comprendre le sens de votre réserve. La notion de plaisir profond et de plénitude intense liés à une lecture me semble bien plus vague que la citation de Magris même si j'en partage l'intime conviction!

Je suis heureux John de t'avoir fait découvrir l'immense écrivain qu'est Wallace Stegner. Aimer La vie obstinée c'est avoir devant soi bien des plaisirs à venir. Vue cavalière qui nous montre les personnages de La vie obstinée avant ce roman bien qu'il fut écrit ensuite.

Et puis les deux gros romans, des univers à eux seuls: Angle d'équilibre et La bonne grosse montagne en sucre ( rebaptisée la Montagne en sucre en poche )

Plus quelques autres dont le mélancolique En lieu sûr.

Afin d'être de ceux qui ont lus et diront qu'ils ne sont pas passés à côté d'une telle oeuvre. Jane Strick, mon éditrice chez Phébus, a beaucoup fait pour introduire Stegner en France à commencer par l'éditer. Je poursuis ses efforts à ma modeste place. J'ai consacré à Stegner deux émissions sur Aligre FM.

Jean-Pierre Poccioni a écrit:

Quant à dire que la citation de Magris ne peut s'appliquer qu'à des cas très particuliers, il me manque de savoir auxquels vous pensez pour comprendre le sens de votre réserve. La notion de plaisir profond et de plénitude intense liés à une lecture me semble bien plus vague que la citation de Magris même si j'en partage l'intime conviction!

Je pensais uniquement au contexte que je ne connais pas. Je suis donc parfaitement d'accord avec votre réponse.

Je sais que "la notion de plaisir profond et de plénitude intense" peut sembler vague. Je l'avoue d'ailleurs moi-même dans mon intervention. Je me demande après tout s'il n'est pas heureux que le pourquoi de certaines affirmations nous échappe en dépit de notre impatience à tout vouloir saisir.