J'AI LU CES MOIS-CI (2)

Ici le chemin se perd, Peské Marty



En ces temps de rentrée littéraire c'est-à-dire d’actualité, de littérature on ne peut plus contemporaine (dont j’évoquerai plus tard ce que j’en aurai lu) je vais présenter ici un texte paru en 1955 chez Gallimard et réédité chez Phébus en 1985. Il s’agit de : Ici le chemin se perd de Peské Marty.

C’est un roman d’une absolue singularité qui prenant prétexte d’une légende, Alexandre le grand ne serait pas mort quand on l’a annoncé, mais aurait, incognito, poursuivit sa vie lors d’une immense errance dans les terres tout aussi immenses qui unissent à longs traits la Russie à l’Asie.

Perfection formelle d’une écriture magnifique, onirisme des évocations (steppes, montagnes à la sauvagerie inouïe, peuples ô combien étrangers à nos esprits occidentaux, tziganes aux jupes de couleur qui tournoient encore dans ma tête...)

Le texte est aussi une quête initiatique d’un mysticisme profond et sans partage. Qu’un sceptique comme moi (le mot est faible) ait suivi jusqu’au bout cette aventure humaine en dit long sur les pouvoirs du verbe dominé par un talent supérieur.

A lire si l’on est avide de livres rares et sortants résolument des sentiers de la mode.

Annie Bunuel

J'ai lu Marie-Marseille d'Annie Bruel

Très jolie histoire d'une gamine qui grandit sous l'occupation et qui vit plusieurs événements. Un peu d'amour, u n peu de guerre, un peu de terroir, un peu d'humanité, un peu de souffrances et surtout une belle écriture.
...

J'allai poster un petit mot sur ma lecture de Soixantième d'Ariel Denis et puis je me suis ravisé en songeant à tous les livres dont j'ai parlé et dont personne n'a parlé ensuite. ( c'est le cas aussi pour les livres dont d'autres parlent) C'est Morane ( je crois...) qui avait émis une restriction sur cette énumération. Il me semble maintenant qu'elle avait raison. Pas de lectures, pas de débats, d'échanges d'opinions, alors à quoi bon ?

Je ne doute pas un instant qu'il puisse être intéressant pour d'autre de lire des conseils de lecture mais quant à moi j'y trouve de moins en moins d'intérêt, ce qui est logique. Je ne suis pas un service public d'information culturelle ni un organe de publicité!

J'ai déjà clairement dit que ce qui me touchait c'était la littérature et quand je vois la place qu'elle occupe actuellement sur le forum, je me pose des questions.

Je suis désolé d'être moins concerné par les discussion philosophico-politico-sociales sur lesquelles je me suis aussi exprimé.

Voilà, c'est dit.

Personnellement, je lis les conseils de lecture postés sur ce forum avec grand intérêt.

Je comprends votre frustration, Jean-Pierre, mais il faut être réaliste. D'une part nous ne sommes actuellement qu'une petite vingtaine de membres actifs sur ce forum. D'autre part, il y a tellement de livres qu'il n'est pas étonnant que nous ne lisions pas tous les mêmes.

Ce qu'il faudrait pour redynamiser la partie "littérature" de ce forum, ce sont des nouveaux membres dévoreurs de romans.

Quelques amateurs de chanson ne seraient pas du luxe non plus. J'ai posté dans le salon musical un lien vers une de mes compositions, qui a donné lieu à 2 réactions... no comment.

Mais où aller chercher ces nouveaux membres, je n'en ai pas la moindre idée.

John,

Merci pour cette réponse. Ainsi l'indifférence n'est pas tout à fait générale !!

Jean-Pierre Poccioni a écrit:

John,

Merci pour cette réponse. Ainsi l'indifférence n'est pas tout à fait générale !!

Tu en doutais?

Je termine "l'élégance du hérisson" de Muriel Burbery
Je me régale. Dans cet immeuble cossu du 7 rue de Grenelle, cette concierge faussement niaise mais qui entretient une culture littéraire que beaucoup pourrait lui envier

Et la jeune petite riche du même immeuble qui examine sans complaisance les habitants, les moeurs et les coutumes des personnes qui l'entourent!

Deux histoires, écrites l'une avec l'autre, l'une entre l'autre, l'une après l'autre sont un véritable de plaisir. Les mêmes événements vus par ces deux femmes sont très bien menés. On saute de l'une à l'autre sans se lasser.

Bref vous l'avez compris ! lisez-le !

On en parle beaucoup, il pourrait être considéré comme un "best-seller"
et il est bien écrit. Que demander de plus?

Muriel BArbery et non Burbery !! désolée !

Ma vie assassinée
d’ Agnés Ruiz


Résumé pris sur le site d’Agnés

À Pincourt, lorsqu'elle avait seize ans, Mady a fait la connaissance de Guillaume, un Québécois venu chercher la paix dans ce petit village de France. Malgré les remontrances de son père, Mady continue de voir le jeune homme. Tous deux rêvent d'une vie ensemble, tantôt au Canada, tantôt en Europe.

Guillaume doit toutefois rentrer au Québec afin d'aider sa jeune sœur gravement malade. On promet de s'écrire et de s'attendre.

La sœur de Guillaume se remet péniblement. La vie de Mady, restée en France, est bouleversée par le départ de sa meilleure amie et le secret d'une grossesse acceptée mais déchirante.

Les événements sépareront finalement les deux amoureux. Ce n'est que vingt et un ans plus tard que tous sauront vraiment ce qui s'est passé.


Mon avis

J’avais lu ce livre il y a plusieurs années et il m’avait bien plu.

Quand j’ai connu, du moins rencontré, sur ce forum cette romancière (elle est membre de Passion des Mots) , et que j’ai vu qu’elle avait fait une suite à son premier roman, je me suis précipitée

Le rêve de Mady d’ Agnés Ruiz (suite de Ma vie assassinée)

Résumé pris sur le site d’Agnés

Mady Lestrey, après des années de blessures profondes non refermées, est consciente que de nombreuses questions restent sans réponses.

Pourquoi Guillaume, avec qui elle croyait pouvoir fonder une famille, a-t-il jadis brutalement cessé de donner signe de vie alors qu’elle était enceinte de lui? Quelles furent les raisons de son silence après son départ pour le Canada? A-t-il rencontré une autre femme? S’est-il tout simplement joué d’elle, de sa naïveté?

Aujourd’hui, Mady est bien décidée à obtenir des réponses. Il est temps pour elle de revoir celui qu’elle a autrefois tant aimé, de comprendre ce qui a pu le pousser à disparaître aussi brusquement de sa vie. Car Mady n’espère rien d’autres après si longtemps…

Elle voudrait surtout avancer, s’engager peut-être avec un ami, Jeremiah Lezimann. Mais avant tout, il lui faut refermer une porte, la porte de son passé si trouble. Éloigner l’ombre de ce père malfaisant qui demeure un peu trop présent, même mort… Et pourquoi Maurice, le frère de son cruel géniteur, refait-il surface après une si longue absence? Que sait-il de leur histoire? Pourra-t-il répondre aux silences oppressants, éclaircir une fois pour toutes ce mystère qui l’a emprisonnée dans la douleur pendant tant d’années?

Pour couronner le tout, voilà que Mady se met maintenant à faire des rêves étranges et insensés…

Mon avis

Ce nouveau roman écrit avec beaucoup de talent, et de rebondissement en rebondissement, nous fait connaître enfin toute la vérité sur ce qui s’est passé il y a plus de vingt ans.
Agrèable à lire, sans prétention, ce roman est un hymne à l’amour et à la tendresse et au pardon.
Un bon moment de lecture

Je viens de terminer Saga, de Tonino Benacquista.
Un très bon livre, bien écrit ( enfin c'est ce que je pense), qui dénonce le milieu de la télévision et qui nous en apprend beaucoup sur le mêtier de scénariste !

Je vous conseille aussi Malavita, du même auteur

Très bon livre en effet que celui-ci de Primo Levi. Humilité : quel mot magique dans notre société actuelle !!!!!!

Je viens d'achever SOIE de Alessandro Barrico - merci Jipi-.

Adepte des pavés de 800 pages, le style de Barrico, concis et précis a été une belle surprise. Le roman est fin, léger, à l'image du fil dont il est question.
Je reviendrai à cet auteur.

Donc vous nous dites que le style de Barrico est adepte des pavés de 800 pages?

:lol: :lol:

Ne m'en veuillez pas, mais quand je vois une belle anacoluthe comme celle-là, c'est plus fort que moi, surtout ne le prenez pas mal !



Blague à part, Gosayn, ça m'intéresserait d'en savoir un peu plus sur ce livre et cet auteur,

Fervent défenseur du beau parler, votre remarque est pertinente.

D'autant que je suis comme vous: les belles anacoluthes, surtout en été lorsqu'elles dévoilent leurs cuisses, me font perdre tout contrôle.

Pour ce qui est de cet auteur, Jipi se fera une joie de vous en dire plus. Pour ma part je n'ai lu que ce livre-là.

Bien heureux Gosayn que ce livre vous ait plu !
Difficile de parler de ce petit bijou finement ciselé. D'après ce qu'on en dit, ce livre (le troisième ouvrage de l'auteur) est son meilleur récit.
Difficile d'en parler, car ce livre doit se lire entre les lignes. C'est la première fois, en lisant un roman, que cette impression m'a traversé. Le non-dit est tellement important à travers cet ouvrage. Le non-dit à travers l'amour, la tendresse, l'amour, la trahison, le doute... Un livre si mince, si grand, si fragile comme une soie de haute finesse... Une narration sublime faite de répétitions comme autant de variations autour d'un même thème.

« Vers 1860, pour sauver les élevages de vers à soie contaminés par une épidémie, Hervé Joncour entreprend quatre expéditions au Japon pour acheter des oeufs sains. Entre les monts du Vivarais et le Japon, c'est le choc de deux mondes, une histoire d'amour et de guerre, une alchimie merveilleuse qui tisse le roman de fils impalpables. Des voyages longs et dangereux, des amours impossibles qui se poursuivent sans jamais avoir commencé, des personnages de désirs et de passions, le velours d'une voix, la sacralisation d'un tissu magnifique et sensuel, et la lenteur, la lenteur des saisons et du temps immuable. Soie, publié en Italie en 1996 et en France en 1997, est devenu en quelques mois un roman culte - succès mérité pour le plus raffiné des jeunes écrivains italiens.» (Source : Bibioprofil)

Dans le premier "J'ai lu ce mois-ci" (sujet verrouillé...), Jean-Pierre Poccioni, dont je continue à regretter le départ de ce forum, avait écrit ceci:

"J'ai proposé dans un autre sujet un poème de Quarantotti Gambini et cela me fait songer à deux extraordinaires romans de cet auteur rare et méconnu:
Le Vie ardente et Les régates de San Francisco.
Jamais je n'ai lu une telle ode à la pure jeunesse dans tout son éclat solaire et certains personnages sont à jamais gravés dans ma mémoire.
Après avoir ces deux romans qu'il serait criminel de ne pas adorer ( je n'ai d'ailleurs jamais rencontré autre chose que des réactions enthousiastes quand j'ai conseillé ou offert ces livres.) on se dit que Gambini est le chantre de la jeunesse. Alors, si on veut aller au coeur de ce qu'est le génie d'un créateur on lit ( un peu difficile à trouver car épuisé, mais trouvable sur Chapitre.com )
La Rose rouge. L'autre versant de la vie avec la même grâce.
Bref je donnerais dix ans de ma vie pour avoir écrit La vie ardente
Bon...disons, dix mois ..."

Je suis donc "criminel" car j'ai lu "La Vie Ardente" et, si je reconnais à ce livre certaines qualités ainsi que quelques excellents passages, je lui ai également trouvé beaucoup de défauts, surtout dans les 150 dernières pages.

Dans la première partie, malgré beaucoup de longueurs et de répétitions, l'auteur réussit à créer un certain charme autour d'un trio original et assez crédible. Mais ce charme est passablement gâché par ce qui suit, après l'arrivée du 4ème personnage, nettement moins crédible. Certaines conversations deviennent alors tout à fait artificielles (notamment celles sur Dieu et sur les "vrais hommes" et les "vraies femmes") voire moralisatrices, et la fin est en tous points invraisemblable.

Malgré cela, je ne regrette pas d'avoir lu ce livre car il m'a fait passer par tous les stades (de l'emballement à la déception, en passant même par la colère) mais j'ai du mal à le considérer comme un tout grand livre.

Et en effet, l'auteur est peu connu. Dans mon milieu pourtant assez littéraire, personne ne connaissait Quarantotti-Gambini. Mais ceci n'est certes pas un critère en soi.

Je viens de terminer L'INVENTION DE MOREL du grand écrivain argentin ADOLFO BIOY CASARES.

Ce livre publié dans sa version originale en 1940 est d'une modernité surprenante.

Il englobe de nombreux thèmes qui me sont chers : la confusion entre le réel et l'irréel, le thème du double, les mises en abyme, répétition des scènes...

Un livré ingénieux, original, brillant sur le plan de son imaginaire.

Un homme en fuite arrive sur une île peu accuillante où se déroule toute l'action en vase clos. Il rencontre des habitants de l'île dont on peut douter de l'existence... Il rencontre MOREL, un ingénieur un peu fou qui a construit une machine infernale...

Il découvre une jeune femme dont il tombe amoureux et qui ne semble pas le voir ni l'entendre.

Trois lieux étranges dans cette île : un musée, une piscine, une chapelle...

On oscille entre le passé et le futur.

Un roman tellement étrange, très court, qui m'a profondément marqué.

Peut-être un chef-d'oeuvre.

En tous cas un ouvrage méconnu de nombreuses personnes.

Cher Jipi,

L'invention de Morel est effectivement considéré comme un livre majeur, voire un chef d'oeuvre, à condition d'une participation effective du lecteur à cet univers si particulier. Qu'un admirateur de David Lynch soit sensible à ces contrées indécises n'est pas pour m'étonner. Borges n'est pas loin ! Cela dit reste l'écriture, toujours remarquable et qui devrait faire l'unanimité.

Au fait, le vacancier lecteur est-il convenablement bronzé ?

Je viens de terminer L'Ile d'Arturo d'Elsa Morante.

Un livre qui nous conte un fort moment de l'adolescence d'Arturo sur l'île de Procida à deux pas de Naples. Un livre qui renvoie ceux qui affirment qu'il est indispensable que le roman s'ouvre au monde ( qu'est-ce que le monde?) à cette lente et profonde analyse d'un esprit et d'une sensibilité.

Magnifique roman de celle qui n'est pas seulement l'auteur de La Storia.

Faute d'avoir lu ces temps derniers un livre de la rentrée littéraire véritablement convaincant ( je lis beaucoup de choses convenables c'est à dire inutiles ! ) je viens de relire un petit livre précieux et touchant : Le poids du papillon d'Erri de Luca.

La nature, la montagne chère à de Luca et une intéressante confrontation homme/animal mais surtout une langue pure et toujours poétique. Un beau texte en marge de toute mode et c'est un souffle d'air des cimes...

Relu un Aller simple de Didier Van Cauwelaert et Les identités meurtrières d'Amin Maalouf.