Voici un poème à l'occasion d'un mariage... Il est du Juif Moïse Ibn Ezra qui a vécu sur la péninsule ibérique entre 1055 et 1135... J'espère qu'il vous plaira !
Diwan, «Épithalame en l'honneur de Salomon ben Matir» (trad. E. Fleg — 1923)
— Est-ce une odeur de myrrhe qui tient les espaces, ou bien un vent qui agite les cédrats ? Est-ce un nuage de fumée d'encens, ou bien l'éclair des coupes de vin ? Sont-ce des vapeurs d'où coulent des parfums, ou des gouttes qui tombent de la tête des myrtes ? Sont-ce des montagnes qui chantent sans bouche, ou des colombes et des ramiers sur des branches ?
La terre pare sa robe de carrés d'or et se voile de soie rayée. Et ses routes sont droites pour celui qui les foule, et les cimes des monts s'aplanissent en plaines. Et les toits chantent, et les murs leur répondent. Et les visages de colère se revêtent de joie et les hommes de tristesse ont la face contente [...].
C'est que les merveilles secrètes maintenant se révèlent, les merveilles cachées aux entrailles du temps. Les jours ont rapproché une chair d'une chair, et deux cœurs séparés vont ne faire qu'un cœur [...]. Et sur les ailes du matin une voix le proclame, comme si la lune et le soleil allaient marier leurs flammes : « Salomon a trouvé l'âme de son âme ! »