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 Les écrits de Marie Chevalier

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Jipi
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MessageSujet: Re: Les écrits de Marie Chevalier   Les écrits de Marie Chevalier - Page 2 Empty9/1/2006, 17:26

J'ai lu ta nouvelle LE TROU (deux fois comme d'habitude !!!) et je l'ai appréciée surtout pour la qualité de l'inspiration ! J'aime cette femme sans doute âgée, mais aux gestes parfois liés à l'enfance. Cette femme qui ne se lasse pas de tenter de revivre un contact avec sa chatte. J'apprécie la dimension parfois fantastique du texte et surtout sa chute qui traduit tout le désarroi de cette femme un peu perdue dans une demi-folie. Mais cette femme représente également une forme de sagesse dans la mesure où elle apprécie les choses essentielles et désire renouer avec la chaleur élémentaire de la vie...

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MessageSujet: Re: Les écrits de Marie Chevalier   Les écrits de Marie Chevalier - Page 2 Empty11/1/2006, 01:33

Coucou, Marie,

Je reviens d'une promenade bien agréable de ton site. C'est étrange, j'ai choisi au hasard la nouvelle "La mort d'un rêve" et je viens de me rendre compte que c'est celle-ci que tu as mise sur Passion des mots.

J'ai beaucoup aimé. Mon coeur a vibré et j'en ai parlé aussitôt à mon mari qui était à mes côtés, histoire de partager cet instant.
Et quel titre pour cette nouvelle! Bravo...
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marie chevalier
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MessageSujet: La rousse   Les écrits de Marie Chevalier - Page 2 Empty24/1/2006, 21:40

je vais en mettre une autre .....


« LA ROUSSE »

Madeleine, Jean-Pierre et Adeline comme tous les dimanches se retrouvent ensemble autour d’une table de cuisine recouverte d’une toile cirée à petites fleurs bleues toute brillante d’avoir été lavée essuyée pour la circonstance. Il est vrai que Jean –Pierre est maniaque et qu’il n’a accepté de venir passer les dimanches midi ou samedis soir dans cette maison de campagne rustique qu’à condition de ne toucher à rien. Alors Madeleine se met en quatre dès le samedi matin, fait les courses se prépare et dès que l’heure de sa venue approche se maquille généreusement, se parfume, puis se met aux fourneaux en n’oubliant pas de protéger sa jolie robe noire très décolletée d’un petit tablier blanc de soubrette qu’elle a conservé du temps ou elle faisait les chambres dans un hôtel de luxe de Perpignan.

Jean-Pierre, un homme d’une quarantaine d’années, célibataire endurci a rencontré Madeleine justement dans un hôtel où il allait régulièrement dès qu’il descendait dans le Sud. Il avait aimé cette femme un peu ronde, très brune, le teint très mat, qui ne ménageait pas ses efforts pour plaire et surtout pour attirer l’attention des hommes. Il faut dire qu’elle était divorcée et avait la garde d’une fille, Adeline, qui l’embarrassait beaucoup certains soirs quand sa liberté retrouvée, elle aurait aimé aller danser, ou au cinéma ; ce n’étaient pas les occasions qui lui manquaient car elle était terriblement accueillante et agréable à regarder, mais n’avait pas les moyens nécessaires pour faire garder sa fille.

Adeline, gamine efflanquée de sept ans, toute noiraude ressemblait à son père, disparu sans dire au revoir ce qui l’avait beaucoup blessée et marquée. Elle traînait donc sa mélancolie dans cette grande maison de campagne que sa mère avait achetée il y a deux ans avec l’héritage de ses parents défunts.

Ces trois êtres si différents à la recherche chacun d’un bonheur se retrouvaient à table : meilleur moment de la journée affirmait Jean-Pierre. Forcément, célibataire il connaissait surtout les sandwiches achetés à la boulangerie près de son travail ou les plats surgelés, alors une femme qui fait la cuisine et entretenait correctement sa maison il en rêvait !

- Tu as fini avec ta soupe ? Non ? mais ce n’est pas possible tu le fais exprès, nous sommes obligés de t’attendre pour continuer le repas… tu n’es vraiment pas gentille …

- Mais on dirait du pipi !...

- Quoi ? Répète ?

- On dirait du pipi… répéta plusieurs fois Adeline dans un souffle.

- Tu vois Jean-Pierre, c’est bien ce que j’avais compris, mais dis quelque chose au lieu de ricaner !

- Arrête, ce n’est pas grave c’est une gamine, elle n’a que sept ans, la soupe tu sais moi je n’aimais pas cela non plus quand j’étais gamin…

- Oui, mais Adeline est ma fille, pas la tienne alors puisque tu ne veux rien lui dire, je vais m’en occuper toute seule. Je t’avais prévenu quand on s’est connus. Je t’ai dit j’ai une fille et tu m’as répondu : « elle sera la mienne » pfffff drôle de façon d’élever un gosse et toi ne ronchonne pas s’il te plait !

La gamine regarda son assiette puis sa mère d’un air implorant :

- Maman s’il te plait…

- Non tu manges et vite !

Les « yeux » huileux du bouillon de poule semblaient nager dans ce jus couleur dorée.

Adeline repris sa cuillère, la bougea un peu dans le liquide, mais soudain prise d’un hoquet sortit en courant dans la cour pour vomir. Secouée de spasmes, les yeux mouillés de larmes, elle n’arrivait qu’à rejeter du fiel amer. La mère ne vint pas l’aider, heureusement car elle crevait de honte de se donner en spectacle devant Jean-Pierre. Il l’intimidait chaque fois qu’il venait à la maison y dînait ou déjeunait, c’était le même scénario : elle avait envie de vomir.

Quand elle fut calmée, elle revint s’asseoir et vit son assiette vide, elle en aurait pleuré de joie.

- D’où viens-tu ?

- Je suis allée faire pipi…

- Bon j’ai enlevé ton assiette de soupe, tu la mangeras ce soir car on ne va pas rester tout l’après midi à table à t’attendre…

En disant cela, elle se dirigea vers la cuisine et ramena dans un grand plat ovale la poule cuite entourée de légumes du jardin (haricots blancs, navets, poireaux, chou, carottes et même quelques petits haricots verts). Adeline était fascinée par toutes ces couleurs. La tête de la bête était dans le plat à côté : « pour le chien » expliqua maman.

Elle regardait sa mère découper avec méthode la volaille et soudain celle-ci se tourna vers sa fille et lui dit :

- Ah au fait, c’est « La Rousse » que tu vas manger, c’était la plus vieille et elle ne pondait plus. Jean-Pierre l’a tuée ce matin, alors tu as intérêt à manger car elle doit être très bonne, du moins elle était bien grasse et dodue. Dis –moi Jean –Pierre tu n’as pas eu de mal à l’attraper car elle ne connaissait qu’Adeline, c’est elle qui lui donnait à manger tous les jours …

- Non non, je l’ai coincée, elle a crié un peu mais un coup de hachette et c’était fini.

Horrifiée Adeline n’écoutait plus : c’était sa poule, la sienne qui était dans ce plat ? Pas possible, oh non il n’a pas fait ça !!!

La gamine avait une passion dans cette campagne, donner à manger aux poules mais particulièrement aller chercher les œufs de bon matin. Elle s’était prise d’affection voire d’amour pour cette poule rousse au plumage brillant, la crête bien rouge et le bout de la queue fait de quatre plumes blanches ; elle avait décidé qu’elle l’appellerait « La Rousse ». Ce volatile élevé comme un chien venait près de la fillette, marchait près d’elle en picorant et ne regardait que les pieds de sa petite maîtresse. De temps en temps Adeline s’accroupissait, caressait cet animal comme elle l’aurait fait avec un chat et celle-ci se laissait faire s’aplatissant complètement au sol et émettant des gloussements ressemblant à des ronronnements ; ces moments de tendresse entre la jeune enfant et cette poule étaient magiques et n’appartenaient qu’à elles deux.

La mère commença à servir, libéra le plat des légumes en faisant attention à bien donner la plus grosse part à Jean-Pierre puis partagea la poule : une cuisse à Jean-Pierre et une autre à Adeline et se réservant le cou et les deux ailes. Un silence se fit autour de la table et on n’entendit plus que les bruits de succions de la mère. Adeline la regardait attraper les ailes, les sucer, et rejeter les petits bouts de ligaments ou d’os. Ses yeux de nouveau se remplirent de larmes : « La Rousse ma belle et maman te mange le cou et les ailes quelle horreur …. »

- Mange Adeline, ça va être froid….

- Je ne peux pas….

- Tu ne vas pas nous dire que ça ressemble à du pipi ça non ! que vas-tu inventer pour nous enquiquiner hein ?

- C’était La Rousse, Maman, ma poule vous n’aviez pas le droit de la tuer !

- Il en reste cinq de ces poules, une de plus ou une de moins qu’est ce que cela peut faire et puis c’est idiot une poule…

- Pas La Rousse…

- Mais si, elle aussi hein Jean-Pierre, elle n’y a vu que du feu quand tu lui as coupé le cou ! dit-elle en riant et suçant toujours justement le cou de la poule.

Adeline sentit ses yeux se remplir de larmes et essayait de les retenir en commençant à manger ses légumes du bout des lèvres, le cœur soulevé et évitant de regarder la cuisse dans son assiette. Elle revoyait « sa » poule accourir maladroitement quand elle l’appelait avec des graines dans la main, elle la revoyait se dandiner quand elle voulait ralentir pour l’attendre, elle la revoyait pencher la tête jusqu’à ce que l’on ne lui voit plus qu’un seul oeil rond semblant lui dire : avance plus vite ! quelle joie de la voir aussi rester couchée à ses pieds quand elle lisait une bande dessinée dans l’herbe. « La Rousse » ne bougeait plus, ses yeux se fermaient ou plutôt non, une peau les recouvrait et elle dormait près d’elle… tout le temps qu’elle restait dehors… Oh mon Dieu quelle tristesse !!

- Tu ne vas pas traîner encore devant ton assiette pleine ! cette fois ça suffit ! tu manges ou ça ne va pas se passer comme cela je te préviens…

- Je n’ai pas faim…

- Tu vas manger ! C’est un ordre !

- Non…

La mère furieuse se leva attrapa la fourchette et le couteau des mains de sa fille et commença à couper des morceaux qu’elle lui mit de force dans la bouche : deux ou trois bouchées qu’elle essaya d’avaler craignant malgré tout la colère de sa mère.

- Alors tu vois que ce n’est pas si difficile que cela ! quelle enfant gâtée tu fais, des milliers de gosses sur terre aimeraient être à ta place et manger à leur faim, tu es vraiment une sale gamine.

Puis contournant la table elle s’approcha de Jean-Pierre, s’assit deux secondes sur ses genoux, et lui donna un baiser sur la bouche. Adeline qui avait levé les yeux n’eut que le temps d’apercevoir les lèvres huileuses de sa mère avant de rejeter tout son repas dans son assiette. La mère, hors d’elle se leva d’un bond et en la traitant de tous les noms, la prit sous les aisselles et la déposa comme un paquet sur la terrasse à même le sol, puis rentra dans la maison sans même se retourner. La gosse se vidait l’estomac, hoquetait, devenait violette ; ne pouvant plus respirer ni appeler, elle tomba la tête en avant sur le ciment et resta à moitié évanouie dans son vomi.

Jean-Pierre intrigué de ne pas la voir revenir, sortit enfin et en voyant le spectacle qui s’offrait à lui devint tout pâle et appela tout de suite la mère pour qu’elle vienne nettoyer !

- Viens vite, ta fille a fait des saletés, c’est franchement dégoûtant ! ah il faut avoir le cœur bien accroché avec les gosses je te jure !

La mère s’occupa de tout en continuant de maugréer contre cette « sale gosse » qui ne faisait que des bêtises pour l’ennuyer, et lui retourna tranquillement s’asseoir à la table finir sa cuisse de poulet.


Adeline, dans son lit pleurait en silence la mort de « La Rousse » pendant que Jean-Pierre boudait et était très en colère. Madeleine essayait de le calmer mais sans y arriver.

- Oh non ! je finis le repas et je m’en vais, je ne suis vraiment pas fait pour ce genre de spectacle. Excuse-moi mais j’en ai marre de vous deux, en plus permets-moi de te dire que la poule c’est de la carne immangeable, tu ne sais même pas cuisiner correctement, je me demande ce que je fais ici. »

- Mais on devait vivre ensemble non ?

- Non j’ai compris aujourd’hui, continue à vivre avec ta fille vous allez bien ensemble quelles gourdes vous faites et l’autre avec « sa » volaille ah ! de quoi rire vraiment !

Il partit en claquant la porte. Dehors les poules s’égayèrent au passage de sa voiture, on aurait dit qu’elles fêtaient son départ, forcément elles avaient assisté au meurtre de leur amie alors que cet homme parte les libéraient de la peur qui les étreignait depuis ce matin …

……………………………………….…Sauf « La Rousse » ……………. évidemment ……………



Marie Chevalier
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Papillon
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MessageSujet: Re: Les écrits de Marie Chevalier   Les écrits de Marie Chevalier - Page 2 Empty24/1/2006, 22:17

Bonjour Marie Chevalier


Jusqu'ici je suivais vos écrits tout en demeurant muet comme une carpe, mais là je dois sortir de ma coquille.

Vous avez une sacrée bonne plume, je suis bouche bée devant certains passages. voilà

Vos personnages sont décrits à merveille!
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uniforme
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MessageSujet: Re: Les écrits de Marie Chevalier   Les écrits de Marie Chevalier - Page 2 Empty24/1/2006, 22:42

Je passe... je lis, bien souvent je ne dis rien pour pouvoir lire plus loin.

Smile

bravo à vous Marie Smile

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marie chevalier
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MessageSujet: Re: Les écrits de Marie Chevalier   Les écrits de Marie Chevalier - Page 2 Empty26/1/2006, 13:20

Merci à vous ! c'est vrai qu'il y a tellement de choses à lire que nous ne pouvons être partout .. tant mieux cela prouve que nos écrits sont nombreux sur ce site ! sunny
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marie chevalier
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MessageSujet: Une autre petite nouvelle   Les écrits de Marie Chevalier - Page 2 Empty7/2/2006, 18:08


SANS ZONE


Richard sortit de chez lui au petit matin comme d’habitude et releva le col de son blouson ; il faisait un froid à vous glacer le sang, ils l’avaient annoncé à la météo hier soir mais quand même moins sept, ça ils ne l’avaient pas prévu. Il mit les mains dans ses poches et essaya de ne pas respirer la bouche ouverte; il marchait d’un pas rapide en baissant la tête, vers l’arrêt du bus 200 qui passait près de chez lui. Il lui fallait une dizaine de minutes, ce qui en temps normal lui faisait le plus grand bien et terminait de le réveiller; ce matin- là en l’occurrence, cela le tétanisait de froid.

En avançant de plus en plus vite, il sortit son mouchoir et s’essuya le nez en reniflant, et enfin parvint à l’arrêt du bus. Il était seul, il faut dire qu’à quatre heures du matin, peu de gens partaient travailler si tôt. Il fallait avoir un boulot à la con comme le sien, se plaisait-il à répéter pour aller se cailler dehors si tôt !

Richard était pourtant employé dans une grande entreprise d’assurances. Mais, le hic, n’était ni comptable ni commercial, ni vendeur mais simplement homme de ménage. Et forcément, ses horaires n’étaient pas ceux des bureaux. Il fallait bien que tout soit propre quand ils arrivaient les hommes en cravate ricanait-il ! lui qui n’en portait jamais que pour les enterrements et encore !

Richard s’assit sur le petit banc sous l’abribus, et se releva immédiatement en jurant : c’était gelé et glacé en plus, genre verglas.
Il resta donc debout appuyé à la vitre toute décorée de graffitis plus ou moins de bon goût, mais il avait l’habitude et ce n’est pas deux gros mots qui allaient le perturber !

Il venait d’avoir quarante cinq ans et on pouvait dire qu’il était bel homme. De taille moyenne, un peu grisonnant, ni gros ni maigre, mais un physique très agréable et surtout un sourire dont il savait se servir surtout quand le chauffeur de bus était une femme. Il adorait faire un brin de causette, leur faire des compliments sur leur coiffure, sur leur costume qui leur allait bien, etc… bref aucun souci avec lui c’était ce que l’on peut dire un homme cool, bien dans sa tête et équilibré.

Quand il s’était marié, il avait enfin réussi au bout de trois ans à décider son épouse un peu réticente à venir s’installer en grande banlieue en jouant de tous les arguments types ! la verdure, l’air moins pollué, les déjeuners et dîners sur la terrasse quand il faisait beau, les enfants qui pourraient se vautrer dans le jardin et aussi la qualité de vie au calme des résidences identiques à la leur dans ces pavillons si communs autour de la capitale.

Ils y étaient heureux, Nathalie ne travaillait pas, s’occupait de leur maison, de leurs enfants qui étaient grands maintenant mais comme elle disait très souvent : c’est presque plus d’entretien que lorsqu’ils étaient petits ! elle n’arrêtait pas entre le ménage, les lessives et surtout la cuisine. L’après midi, dès le printemps, elle s’installait dans sa chaise longue et essayait de se décontracter en lisant un peu, en faisant des mots croisés et l’hiver regardait la télé ou tricotait. Une vie douce et sereine avec des enfants et un mari adorable.
Parfois, elle se disait que vraiment elle avait de la chance car son mari était un homme bien, si ce n’est que parfois, elle le trouvait un peu énervé, agacé, mais il était tellement las avec ses horaires, qu’elle le comprenait très bien.

Cela l’avait un peu angoissée lorsqu’il avait trouvé ce travail d’homme de ménage. Cela était arrivé à la suite d’un licenciement collectif dans une maison de transformations plastiques, mais en y réfléchissant bien, ils avaient pesé le pour et le contre et finalement, elle était à la maison, et lui, ramenait une bonne paie en fonction des heures supplémentaires qu’il n’hésitait pas à faire.
Il commençait à avoir froid aux doigts et aux pieds quand l’autobus arriva enfin. C’était une jeune femme qui le conduisait. Il n’y avait personne à l’intérieur car il sortait directement du dépôt à cinq cent mêtres environ du premier arrêt.

Il monta en s’ébrouant et en souriant à la conductrice qui lui rendit son sourire :

- Toujours aussi matinal Richard ?

- Et oui Juliette, que veux- tu le boulot m’attend !

Ils sourirent ils se connaissaient bien maintenant cela faisait trois ans qu’ils faisaient la route ensemble au moins trois fois par semaine.

- Il y a beaucoup de brouillard ce matin je trouve ?

- Oui en effet et il est tombé d’un seul coup, ils ne l’ont pas dit à la radio ?

-Non mais tu sais ça change souvent le temps, dit-elle en éclatant de rire, t’inquiète on va bien réussir à garder la route !

Ils se turent quelques instants, et tout à coup elle donna un violent coup de freins qui le déséquilibra et le fit tomber assis sur un strapontin.

- Que se passe-t-il ?

- Rien de grave un contrôleur ! si je ne le prends pas il va faire un rapport !!

- Quel con de se promener de si bon matin alors qu’il pourrait rester au chaud, je te jure il y en a qui font du zèle pas croyable !

La porte s’ouvrit avec un chuintement, et en effet un homme d’une trentaine d’année entra.
Il se dirigea vers Richard et en touchant du bout des doigts sa casquette lui demanda son titre de transports.

- Bien sûr, attendez deux minutes et fièrement il lui mit sous le nez sa carte rouge.

Et c’est là que le cauchemar commença……………..



***


- Votre carte n’est pas valable, vous êtes dans une zone qui n’existe pas.

- ……..

- Vous voyagez en zone 1 qui est une zone qui n’existe pas

- Mais je fais ceci depuis des années !

- Soit mais je vais être obligé de vous verbaliser

- Je prends toujours un ticket pour voyager et je n’ai jamais eu de problème

- Je vous dis Monsieur que vous êtes actuellement dans une zone qui n’existe pas, votre ticket mentionne zone 1 et deux mais la zone 1 seule n’existe pas et pourtant vous êtes là, donc je vous demande de descendre.

Ce que fit Richard sans comprendre un mot de ce que lui disait le préposé mais la somme de la contravention était tellement énorme qu’il ne voulait pas payer : il préférait effectivement descendre et continuer tout en pestant contre cet abruti.

Dehors le froid le reprit. Il regarda autour de lui et fronça les sourcils. Il ne savait plus où il était, ne reconnaissait pas cette route qu’il empruntait pourtant depuis si longtemps tous les matins. Sûrement à cause de la brume, pensa-t-il en continuant d’avancer. Le sol était spongieux et pourtant il en était sûr l’autobus s’était arrêté là, d’ailleurs il voyait au loin les phares s’éloigner. Mais alors c’était quoi cette drôle de sensation d’enlisement qu’il ressentait en marchant ? il regarda par terre, le sol était rouge. Autour de lui tout avait des lueurs violacées et rouges. Que se passait-il ? des panneaux de signalisation fluorescents attirèrent son regard. Il accéléra mais ses pieds se faisaient de plus en plus lourds se crottant de cette matière inconnue. Il lut et resta perplexe :

« VOUS ETES DANS UNE ZONE INCONNUE … ATTENTION DANGER DE DISPARITION »

C’est n’importe quoi ! se mit-il à murmurer tout bas, qu’est ce que cette connerie ! il y a des petits malins qui jouent la nuit à déplacer ou à falsifier des panneaux pas drôle !

Sur sa droite se dressait l’enseigne d’un hôtel ! ouf ! pas complètement perdu quand même.
Il s’arrêta et voulut ouvrir la porte, la lumière était allumée à l’intérieur. Personne ne vint mais un immense drapeau descendit du toit et il se recula pour lire l’inscription :

« VOUS ETES DANS UNE ZONE INCONNUE ATTENTION DANGER DE DISPARITION »

Je rêve ! balbutia-t-il tout haut cette fois, je deviens fou ! et à ce moment là un hélicoptère lui passa très près au - dessus de la tête et une voix saccadée et inhumaine lui parla :

« Richard ! vous êtes dans une zone inconnue attention danger de disparition »

N’y tenant plus il se mit à hurler et sa voix se répercuta à l’infini, son cri semblait emplir toute la terre semblable à un hurlement de bête.

Il tremblait de froid, de peur. Il s’assit sur le bord de route, les jambes maintenant enlisées jusqu’aux genoux. Il se mit à pleurer comme un enfant à petits sanglots étouffés comme s’il craignait d’être entendu.

Le froid le tenaillait, il ne savait plus comment se couvrir pour ne plus trembler. Il essayait d’être cohérent et de se dire qu’il faisait un mauvais rêve sans aucun doute, il allait se réveiller en sueur et faire rire sa femme en lui racontant ce délire.

Les heures passaient, le jour ne se levait pas, il s’en aperçut en regardant sa montre qui était arrêtée à cinq heures. Il se rendait bien compte que cela faisait des minutes voire des heures qu’il était là planté sur le bas côté de cette saloperie de route rouge. Soudain il ressentit une secousse dans le dos, il glissa, tomba et sa tête plongea dans la chaussée, il essaya de se redresser et seule sa tête émergea de ce magma de plus en plus dense de boue rouge.

A ce moment l’hélicoptère revint de nouveau au -dessus de lui et toujours cette voix métallique :

« RICHARD VOUS ETES FICHU, ON VOUS AVAIT PREVENU, VOUS ETES DANS UNE ZONE INCONNUE, LA ZONE 1 QUI N’EXISTE PAS… VOUS ALLEZ MOURIR ON VOUS AVAIT PREVENU ON VOUS AVAIT PREVENU ON VOUS AVAIT PREVENU ON.onnnn vvvvvvvvvvvvvvouuuuuuuuuuuuuussssssssssssssss uaaaaaavvvvvveeeeeezzzzz ppppppprévvvvveeeennuuuu !!!!!!!!!! »

La voix s’arrêta et Richard fut complètement englouti dans la vase rouge.

Mais pourquoi aussi avait-il fallu qu’il insiste pour obtenir une carte de transports dans une zone qui n’existait pas. Tout cela pour économiser trois sous. Car bien entendu en prenant une zone 1 et 2 c’était plus cher.


- Ehhhhhh ! tu montes ou pas ? je ne vais pas attendre que tu aies fini ta nuit, j’ai tout mon circuit à faire moi ! Claironna le chauffeur de bus qui venait de s’arrêter à sa station.

Richard sursauta violemment, se leva en criant :

- Attends moi, je ne peux plus me dégager je ne peux plus marcher, je suis enlisé dans du sable rouge !!

- Bien sûr et moi je suis dans la zone qui n’existe pas !! répondit en éclatant de rire un homme qui n’en était pas un mais qui ressemblait à un chauffeur de bus.

Richard se prit la tête dans les mains et murmura : le cauchemar continue !! ce n’est pas possible, il faut que j’arrête de boire ! cela me joue des tours, je ne suis plus jamais à jeun, je vais devenir fou…

- Bon alors tu montes ou je te laisse dans ta glaise ! hurla le chauffeur

- J’arrive mais dis moi, réponds-moi, est ce que je suis ivre ?

- Bien sûr mon grand comme tous les matins !

- Oui tu sais quoi, je me suis retrouvé dans la zone inconnue qui n’existe pas tout à l’heure, ça fait peur

- Je te l’ai déjà dit Richard, arrête de boire ou sinon ce n’est pas à ton boulot que je vais t’emmener mais à l’asile de fous.

- Oui mais réponds-moi franchement…elle existe cette zone ?

- J’ne sais pas car ceux qui y sont allés ne sont jamais revenus pour nous le dire ! éclata de rire le chauffeur !

Richard, encore complètement traumatisé par ce qui venait de lui arriver se jura de ne plus boire une seule goutte de vin à partir d’aujourd’hui. Trop peur d’être emmené dans cette zone qui n’existe pas marmonna- t- il tout bas………

Il s’assit dans le bus à sa place habituelle et il s’assoupit quand il fut réveillé par une voix étrange et rauque qui hurlait

- « DESCENDEZ RICHARD VOUS ETES ENCORE DANS LA ZONE QUI N’EXISTE PAS ! ON VOUS AVAIT PREVENU ! »

Le chauffeur arrivé à la station habituelle, se retourna pour le réveiller, descendit de son siège, s’avança vers lui, le secoua comme à l’accoutumée, mais Richard ne se réveilla pas…de la bave lui coulait sous le menton…..il était mort……

« Trop forte émotion, le cœur a lâché. » diagnostiqua le médecin.

Et au loin un hélicoptère tournait et tournait encore en alertant :


« RICHARD VOUS ETES MORT VOUS ALLEZ DANS LA ZONE INCONNUE QUI N’EXISTE PAS…BON VOYAGE…………




Mars 2004
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Jipi
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MessageSujet: Re: Les écrits de Marie Chevalier   Les écrits de Marie Chevalier - Page 2 Empty7/2/2006, 18:12

Je vais lire bien à mon aise... mais là je dois partir avec mes élèves au théâtre !

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marie chevalier
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MessageSujet: Re: Les écrits de Marie Chevalier   Les écrits de Marie Chevalier - Page 2 Empty7/2/2006, 18:15

pas de problème bonne soirée alors ! sunny
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Jipi
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MessageSujet: Re: Les écrits de Marie Chevalier   Les écrits de Marie Chevalier - Page 2 Empty20/2/2006, 20:48

Je viens de lire SANS ZONE Marie ! Intéressante cette confusion entre le réel et l'imaginaire. Où est le réel ? Où est l'imaginaire... Le réel est-il l'imaginaire ou l'imaginaire est-il le réel ? Finalement c'est mon ivresse de lecteur qui me surprend après avoir lu ton récit ! Wink

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MessageSujet: Re: Les écrits de Marie Chevalier   Les écrits de Marie Chevalier - Page 2 Empty20/2/2006, 21:24

c'est toujours un peu ce que l'on retrouve dans mes nouvelles ! je dois mélanger les deux moi aussi dans mon subconscient lo! merci de ta lecture Jipi!! sunny
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callinira
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callinira


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MessageSujet: Re: Les écrits de Marie Chevalier   Les écrits de Marie Chevalier - Page 2 Empty21/2/2006, 17:50

Il me semble qu'il aurait fallu arrêter la nouvelle juste après "Il était mort". Ce qui suit n'apporte rien, mais au contraire "dilue" l'intérêt.

Bien amicalement.

C.
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marie chevalier
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MessageSujet: Re: Les écrits de Marie Chevalier   Les écrits de Marie Chevalier - Page 2 Empty21/2/2006, 22:00

Oui tu as sans doute raison je voulais insister sur l'hélicoptère qui cette fois, lui disait "vous êtes mort" mais réflexion faite c'est effec- tivement sans doute en trop . merci en tous cas de m'avoir lue sunny
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Papillon
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MessageSujet: Re: Les écrits de Marie Chevalier   Les écrits de Marie Chevalier - Page 2 Empty21/2/2006, 22:05

Bonjour marie chevalier


Je sais que je ne vous innonde pas de réponses suite à vos écrits, mais il faut que je vous dises que je lis tout.

Pourquoi?

Parce que c'est intéressant ce que vous écrivez. bravo

Ne lâchez jamais, un don comme le votre ca mérite de prendre son envol de plus en plus haut. Very Happy
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marie chevalier
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MessageSujet: Re: Les écrits de Marie Chevalier   Les écrits de Marie Chevalier - Page 2 Empty21/2/2006, 22:12

merci Papillon j'apprécie vraiment ton compliment sunny ( excuse je tutoie facilement ! affraid )
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Papillon
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MessageSujet: Re: Les écrits de Marie Chevalier   Les écrits de Marie Chevalier - Page 2 Empty21/2/2006, 22:16

Super ca!

Le tu,tu,tu est beaucoup mieux que le " vous "... Laissons le vous aux collets-montés. lol!

C'est vrai que tu as une sacrée plume, vivante et mordante. Personne ne cognerais des clous sur tes lectures, elle tiennent le lecteur en haleine. bravo
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marie chevalier
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MessageSujet: Re: Les écrits de Marie Chevalier   Les écrits de Marie Chevalier - Page 2 Empty1/3/2006, 13:44

que dire sinon en poster une autre? sunny


IL ETAIT DIFFERENT


Il était très grand, plus d’un mètre quatre vingt dix, élancé, mince, toujours vêtu de noir: un vieux pull, un jean noir un peu délavé, et surtout un grand chapeau noir. Il avait un petit accordéon, qu’il tenait à la main et qui ne le quittait pas.

Certains matins brumeux, quand le brouillard est encore très épais et que l’on n’y voit pas à dix mêtres, il partait, ayant enfilé un grand manteau long et noir. Son écharpe volait au vent et il marchait d’un grand pas ! Silhouette étrange dans ce décor froid, sauvage que sont les campagnes du Nord. A perte de vue des champs plats, pas un mont, pas un arbre que des grosses mottes luisantes et noires de terre retournée par des socs profonds.

La brume était particulièrement dense ce matin et le jour se levait à peine. Il s’arrêté huma comme un jeune loup l’air du temps, releva complètement la tête et respira à pleins poumons cet air vivifiant et frais. Comme il se sentait bien, seul, entouré de cette ouate, de ces vapeurs qui montaient du sol, et qui l’enveloppaient.

Il caressa son accordéon, le prit à deux mains, et commença à jouer. Une mélodie monta dans le silence de cette campagne et envahit la plaine. Il jouait vite, fort, ralentissait soudain et là, un son d’une douceur incroyable s’échappait comme un sanglot. Et puis il se mettait à danser lançait ses jambes l’une après l’autre devant lui, tournait sur lui-même en marmonnant des mots, des phrases inaudibles mais qui devaient sûrement accompagner la musique dans sa tête.

Il sortait surtout le soir, et les gens du village le connaissaient à peine il ne leur faisait qu’un bref mouvement de tête, et encore ! quand il entendait leur bonsoir, car souvent, il parlait seul, tout bas, et continuait d’avancer jusqu’à se retrouver au bout du village sur les chemins creux qu’il aimait tant.

Personne ne l’avait jamais rencontré dans un magasin de la petite ville d’à côté. On ne savait pas comment il se nourrissait, il ne cultivait pas son jardin et n’avait pas de voiture.
Alors de là à penser que quelqu’un s’occupait de ses courses et lui amenait à la nuit tombée, il n’y eut qu’un pas.

Cet homme étrange, qui ne parlait à personne n’était pas normal, disaient –on dans le petit café du village ou se réunissaient régulièrement les hommes pour jouer aux cartes. Et d’ailleurs ? d’où venait-il ? qui était-il ?

- Pas naturelle cette façon de nous ignorer de nous toiser, on vaut autant que lui quand même et puis il est jeune. Vous l’avez déjà vu avec une femme vous ? sûr qu’il va en ville à la nuit tombée rôder dans les cafés mal famés. Car ce n’est pas normal un homme seul si jeune …intervint la vieille Madame germaine qui venait acheter des graines pour les oiseaux.

- Ce n’est pas le fait qu’il soit jeune qui me gêne Madame, c’est le fait qu’il ne fasse pas de courses ? de quoi se nourrit-il ? il ne tue quand même pas des bêtes la nuit pour se nourrir,
on l’entendrait tirer !

- Oui mais s’il chasse au couteau ou à la fronde ?

- Pas la nuit il n’y verrait rien !

- Ne me dites pas qu’il vient voler dans les fermes quand tout le monde dort quand même ?
Eh allez donc savoir il faut bien qu’il mange quelque chose et on connaît tous la maison des Thivanon, quand ils sont morts, il ne restait même pas une bouteille de vin entamé dans le placard de cuisine l alors quand il a loué il n’a pas pu vivre sur les restes.

- Et puis cela fait maintenant six mois qu’il est là et n’empêche qu’il ne fait pas sain, on dirait qu’il nous regarde sans nous voir comme un fou…il doit être dangereux sans doute, enfin il vaut mieux s’en méfier on ne sait jamais ce qui peut arriver avec des hommes comme ça…


Pendant ce temps, l’homme en noir continuait à vivre, en se désintéressant complètement de ce qui pouvait se dire sur lui dans le village.
Nous approchions du mois de décembre et tous les soirs il partait dans la campagne, quand le soleil touche l’horizon ou quand le brouillard épais endort la nature.
On entendait les pleurs de son accordéon et on frissonnait dans les maisons fermées à double tour.
Et oui car commençait à se créer une peur malsaine autour de cet inconnu. A force d’essayer de savoir qui il était et ne rien trouver, les bruits commencèrent à courir qu’il pourrait bien ne pas être comme nous……..

De là à l’observer, l’épier dans ses moindres mouvements, il n’y eut qu’un pas. Tout doucement s’organisaient au café des tours de garde, les hommes se relayaient et surveillaient ses sorties. Dans la journée, les femmes passaient et repassaient devant sa maison pour essayer d’y voir à l’intérieur, allant même parfois jusqu’à frapper et quand il ouvrait et les regardaient, elles fuyaient à toutes jambes sous son regard étonné. Qu’avaient –elles ? de quoi avaient –elles peur ? Se demandait-il en rentrant et en refermant sa porte machinalement.

- Ce doit être un homme bizarre quand même vous avez vu ses yeux ?

- Non
- On dirait des yeux de loup !

- De loup vous en avez vu souvent ? ricana la plus sensée des femmes du village lors d’une réunion à la mairie organisée par un comité qui voulait se former pour la défense des villageois.
Bien sûr certains ricanaient mais la défense contre qui ?

- Mais de cet homme celui de la maison verte !

-Que vous a-t-il fait ?

-Il nous regarde bizarrement, je vous dis il a des yeux de loup qui deviennent rouge la nuit

- Comme tous les yeux foncés si vous leur mettez votre lampe en pleine figure !!

- Non non…

- Je vous dis qu’ il porte malheur cet homme je le sens intervint la mère Gérard, que l’on n’avait pas vu dehors depuis des mois.

Le maire qui avait voulu calmer les esprits était bien entendu présent à cette réunion qui ressemblait à un tribunal de campagne
.
- Bon et alors, que faisons nous ? interrogea le jeune Ferdinand, l’idiot du village.

- Que voulez-vous que l’on fasse ! s’écria le maire que toute cette mascarade agaçait, on va le laisser tranquille et lui foutre la paix ! mais non sans blague regardez vous tous on croirait des justiciers ! de quel droit vous mêlez vous de la vie privée d’un citoyen qui ne fait de mal à personne !

- Eh eh !!

- Ça c’est vous qui le dites : Demandez plutôt à la petite Béatrice, ce qu’il lui a fait lorsqu’il l’a rencontrée samedi soir vers les minuit quand elle sortait du bal ? Hein ! demandez- lui donc !!

- Alors que t’a-t-il fait ? raconte au lieu de rester comme une niaise à te tortiller sur ta chaise la bouscula sa mère.

- Mais rien………

-Si tu nous as dit qu’il t’avait touchée……

-Oui le bras il m’a pris le bras na !
- Quoi et quoi d’autre ! hurla le père qui n’était pas au courant.

- Eh ben il m’a aidée à sauter une flaque d’eau

- Et après

- Après il a disparu

- Ah vous voyez bien il essaie même d’impressionner nos filles….

- Bon c’est pas tout ça mais demain on se lève tous de bonne heure, alors je propose qu’on en reste là et que l’on redevienne raisonnables, tout le monde a le droit de vivre sa vie comme il l’entend la séance est levée et je vous conseille de lui foutre la paix car c’est vous que je pourrais faire poursuivre pour harcèlement, mais enfin on est en 2004 plus au moyen âge , on ne brûle plus les sorciers sur la place du village ! s’insurgea le maire.

Tout le monde sortit de la salle certains satisfaits, la majorité d’ailleurs quand même mais une petite bande d’hommes et de femmes s’éloignèrent et disparurent dans l’ombre des arbres de la place. Ils chuchotaient, ricanaient et quand tout le monde fut parti, se dirigèrent doucement, en longeant les murs ne se découvrant pas, vers la maison verte.
Il était environ minuit quand ils arrivèrent. Ils frappèrent et attendirent. L’homme en noir vint leur ouvrir et n’eut pas le temps de faire un geste il fut encerclé déshabillé, frappé par les trois hommes à coups de pelle de poings de pieds. Il n’eut que le temps de demander :

- Mais qu’est ce que vous me voulez qu’est ce que j’ai fait ?

- Tu es le diable, tu as le mauvais œil , depuis que tu es au village, il se passe des choses bizarres on est tous d’accord, tu dois disparaître, tu portes la poisse, et en plus tu es dangereux ! lui hurla la vieille Gérard, tu as même violé une gamine……….n’est ce pas vous autres qu’il doit disparaître ?

- Mais laissez moi partir alors, je m’en vais puisque vous êtes des primitifs qui croyez encore au diable et aux rumeurs.

- Non non, tu n’as pas compris ! tu es un démon tu es venu pour nous faire mal ! s’énervait la vieille Gérard, et nous somme là pour t’empêcher de nuire encore, tu es diabolique et ça nous n’en voulons pas, nous allons te faire mourir avant que tu ne nous tues tous !

L’homme en noir n’eut pas le temps de répondre une pelle s’abattit sur sa tête le tuant sur le coup.

Le lendemain, le village semblait sous le choc. Personne n’avait voulu cela, on voulait qu’il s’en aille pas le faire mourir…

Le maire avait exigé impérativement une réunion très tôt le matin même, pendant que les gendarmes alertés continuaient à faire leur enquête en interrogeant tout le monde.

Il commença :

- Votre homme en noir, votre diable était le fils d’Antoine, notre forgeron qui est maintenant dans une maison de retraite à la ville. Il pleure la mort de son fils, tué lâchement par une bande de fous, de lâches qui l’ont massacré après avoir colporté les pires rumeurs sur lui dans le village. Vous devriez vous dénoncez pour rester encore dignes des hommes, mais je sais que vous ne le ferez pas. Vous allez rester soudés avec votre secret, et dans quelques mois cette histoire sera oubliée. Alors je suis venu vous dire que l’enterrement aura lieu demain.
Je n’y assisterai pas, je démissionne, je vous laisse, je ne peux être le responsable d’une telle atrocité et, je suis tellement malade devant votre attitude que je préfère m’en aller définitivement avant que vous ne trouviez quelqu’autre rumeur à colporter sur Pierre Paul ou Jacques.

Il se leva, quitta la salle en refermant doucement la porte.
Personne ne dit mot, tous les villageois, restèrent figés, immobiles sur leur chaise. Ils commencèrent à se regarder par en -dessous, les uns après les autres. Qui dénoncera l’autre ? Qui ?

Pourquoi parler maintenant ? cela servira à quoi ? il était trop tard…….

La rumeur avait tué…


FIN
février 2004
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marie chevalier
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MessageSujet: quelques années de trop   Les écrits de Marie Chevalier - Page 2 Empty27/3/2006, 15:26

QUELQUES ANNEES DE TROP



Juchée sur un tabouret de bar, Rachel avait demandé un calva avec un glaçon au grand désarroi du garçon de café qui ne comprenait pas que l’on puisse faire une telle injure à un digestif si renommé mais bon ! C’était son boulot et le client est roi, son chef lui avait assez répété.
L’œil vague, un peu vitreux, elle regardait dehors l’avenue pleine de vie , la terrasse pleine de jeunes buvant des bières ou du coca, voire même des cafés pour certains malgré la chaleur étouffante qu’il faisait en cet après midi de fin août à Paris.
Mais elle qui était-elle ? Une touriste ? Une femme qui buvait parce qu’elle était seule ?
« Mais bien sûr que non ! S’insurgeait-elle en elle -même je ne bois que lorsque je suis bien au calme, pour me faire plaisir sans plus, c’est vrai zut ! Pourquoi justifier qu’elle prenait du plaisir à boire son digestif tranquille dans un café tranquille ? A qui devait-elle encore rendre des comptes ?
Ses yeux étaient humides comme le sont ceux d’une femme qui pourrait avoir pleuré ou bien ri dans la minute qui précédait ....Qui savait ?
Alors qu’avait-elle à pleurer en ce bel après-midi, seule devant son calva glacé, car cette fois c’était sûr elle pleurait. Son visage était déformé, par un rictus de douleur, les larmes glissaient sur ses joues et elle ne les retenait pas elle reniflait et se passait sans arrêt le poignet sous le nez dans un geste mal assuré ; son coude sur le bar, glissait et à chaque fois elle rattrapait son verre d’un geste machinal et raide : un geste d’ivrogne. Qui n’a pas rencontré un jour des hommes ou femmes ivres au comptoir d’un café dont le geste mal assuré faisait que tout ce qu’ils tenaient avaient tendance à tomber et leur main se serrait toujours autour de leur verre alors que leur briquet ou leurs cigarettes tombaient régulièrement par terre. Rachel était comme eux ce jour là : le geste mal assuré, les pleurs trop lourds et la bouche pincée par un rictus de douleur.
« Je vais jeter l’éponge, je vais leur dire à ces rats de poubelles que je m’en vais, ciao bon vent… » Sa bouche remuait toute seule. Elle marmonnait des mots sans suite toujours en s’essuyant le nez avec le poignet et en hoquetant maintenant

- Et puis non je ne partirai pas, ils me veulent ; il faut que je reste, ils me disent que je suis belle, ils disent aussi que je sais les rendre heureux! Sûr c’est du vent mais j’y crois, je veux y croire ! Ils ne peuvent pas toujours mentir hein ? » demanda-t-elle au garçon qui lui demandait discrètement de se moucher et de ne pas se faire remarquer.

-Bien sûr madame eut-il la politesse de lui répondre en s’éloignant d’elle.

Son mari et alors ? Encore très vert pour son âge, il la sollicitait souvent, si si il lui faisait encore bien l’amour, souvent même il la réveillait la nuit. Elle ne ressentait rien (c’est) pour cela, qu’elle avait décidé d’aller voir ailleurs et que ce Laurent la prenant sous son aile et lui avait fait découvrir ce moyen d’être bien et de sentir une femme. Il lui avait présenté des amis à lui et elle devait dire qu’elle avait bien aimé toutes ces soirées où tout le monde connaissait tout le monde et couchait avec tout le monde. Son mari ? Il l’avait quittée quand il avait su en la traitant de « pute » si si il avait osé dire ça d’elle et pourtant… elle se faisait payer oui bien sûr, mais il fallait bien qu’elle vive et qu’elle paie la chambre d’hôtel que lui avait dénichée Laurent.
Comme ça elle recevait directement ses « amants » oui oui Laurent ne voulait pas qu’elle dise « ses clients » il trouvait que ça faisait malsain, donc elle pouvait recevoir qui elle voulait dans sa chambre, il n’était pas jaloux du tout au contraire, il disait qu’il était content de l’avoir sortie de sa routine où elle s’ennuyait et il avait raison…. Jusqu’à aujourd’hui où elle n’allait pas bien etc…
Mais ce soir comme elle se sentait mal devant son calva toute prise dans sa tristesse et son mal-être !

Avant de s’installer à ce comptoir, avant d’avoir décidé de venir boire, elle avait écumé tous les numéros de téléphone de ses connaissances : personne ne lui avait répondu…Ah si ! La fille de sa meilleure copine qui lui avait expliqué que sa mère était en train de regarder un film à la télévision et qu’il ne fallait pas la déranger : incroyable elle avait besoin d’aide comme jamais elle n’en avait eu besoin et voilà que sa meilleure amie avait mieux à faire : regarder un film à la télévision ! Elle ne s’était jamais sentie aussi seule, aussi moche, aussi dépravée. Pourtant elle était encore jeune : cinquante ans merde c’est jeune non ? Bon d’accord plus très jeune, soit mais pas encore vieille ! Et c’est quoi être vieille… Les larmes coulaient de nouveau sur son visage de plus en plus abîmé par les rictus et grimaces qu’elle ne pouvait plus retenir ni contrôler.
Elle pensait qu’elle était encore désirable pourtant mais pour quoi ? Pour qui ?
Des hommes, elle en connaissait plus qu’elle n’aurait dû mais dès qu’elle leur disait son âge, un mouvement de recul de certains la blessait au plus profond d’elle -même. Pour coucher elle était encore là, mais pour faire quelques pas ensemble dans la vie que nenni, ils préféraient des jeunes femmes épanouies et libres forcément…
D’autres qui montaient avec elle dans sa misérable chambre d’hôtel engageait la conversation sur la vie sur ce qu’elle souhaitait sur ce qu’elle aurait aimé faire : ceux là étaient sympas mais elle sentait bien que peu leur importait sa réponse ils étaient déjà repartis ailleurs dans d’autres bras, ils étaient venus vers elle car elle rendait service aux hommes seuls, momentanément célibataires, c’était tout , pas un ne lui avait dit un jour qu’il était attiré, qu’il aimerait la rencontrer dans d’autres circonstances non non elle n’était qu’une « pute » pour eux : point final.

Le garçon de café qui l’observait depuis un moment vint vers elle et lui demanda :

- Cela ne va pas madame, vous n’avez pas l’air bien ? »

Elle se tourna vers lui, la tête oscillante, essayant de le regarder dans les yeux ce qui n’était pas facile étant donné qu’elle ne tenait plus du tout debout et qu’elle s’affaisserait sur le comptoir si elle ne tentait pas de se retenir.

- Ça va ça va remettez moi le même s’il vous plait sans glaçon lui murmura-t-elle en tremblant de tout son corps.

- Ce n’est pas raisonnable madame vous être ivre là et vous devriez rentrer chez vous.

-Non non redonne moi je te dis, bafouilla-t-elle

- Bon comme vous voudrez.

Il revint quelques minutes plus tard et lui servit le calva. Elle prit le verre et avala d’un coup son contenu.

- Un autre

- Non

- Un autre s’il te plait pleurnicha-t-elle devant le visage sévère du garçon …Tiens mieux viens … Monte avec moi dans ma chambre je n’en suis plus capable ramène moi d’accord ?

- Je vais demander à Sylvie ma compagne d’aller avec vous, effectivement vous ne tenez plus debout, dit-il en sortant du comptoir et en s’approchant d’elle.

- Non non pas de femme … Toi… C’est toi que je veux

Et la malheureuse se levant en titubant lui tomba dans les bras. Il ne savait plus que faire.

A ce moment Laurent entra dans le bar et en voyant cette scène, il pâlit et s’approcha de Rachel et du garçon :

- Que se passe-t-il ?

- Rien de grave sinon que madame a dépassé la dose et qu’elle est un peu ivre je m’apprêtais à la faire accompagner dans sa chambre par Sylvie ma femme quand vous êtes entré.

- Ah oui ? Par ta femme ? Tu te fous de ma gueule ? Tu voulais en profiter sans payer oui !

- Mais vous êtes fou !

- Tiens donc, Rachel complètement à ta merci, tu te la serais « faite » sans payer car tu sais qu’il faut payer pour l’avoir ? Le sais-tu ?

- Ben …non…

- Et bien madame que voilà est une « pute » qui se fait payer mais vu son âge crois- moi elle ne peut pas dire non alors elle prend tout ce qui se propose : des jeunes des vieux, des sales des propres etc. mais tous PAIENT et toi tu voulais faire ça gratis ? Tu te prends pour qui ?

Les autres clients s’étaient levés et regardaient la scène comme ils regarderaient un film à la télé : bouche bée et c’est tout juste s’ils ne pariaient pas ! Qui va l’emporter à votre avis ? Le grand brun ou l’autre petit chauve qui dit être son copain ?

Ni l’un ni l’autre hurla Rachel car vous êtes tous à mettre dans le même sac personne ne gagnera le droit de me « sauter » je vais me tuer ! Devant vous comme cela demain vous pourrez raconter ça à vos petits camarades de boulot : oui j’y étais elle était saoule, son pote a voulu casser la gueule au garçon de café et elle s’en est mêlée, pas de chance c’est elle qui a pris le coup de couteau dans le ventre, vous auriez vu ça une boucherie, du sang partout, si même moi j’en ai été éclaboussé ah ! Pas beau à voir vous savez ; En disant cela Rachel était déchaînée, une véritable furie et elle se tenait la poitrine à deux mains le visage ravagé par la douleur.

***

Trois hommes, quelques heures après se retrouvèrent sur le trottoir en face du bar.

- Et alors et alors ? Ben je ne sais pas trop , car les flics sont arrivés, prévenus par on ne sait pas qui et les ont emmenés dans le fourgon tous les trois.

- C’est Sylvie qui nous a raconté la suite, il parait que Laurent avait la tête en sang et Rachel morte dans le fourgon, son cœur avait lâché. Quel malheur quand même hein de boire à se rendre malade comme ça et ne plus savoir ce que l’on fait …

- Ah oui alors elle n’a eu que ce qu’elle méritait au fond mais c’est son mari qui doit être à plaindre…

- Son mari ?

-Ben oui elle était mariée parait-il ?

-Ah oui ?

- Ben c’est ce que j’ai cru comprendre

- Ah alors si elle était mariée tant mieux pour lui le voila débarrassé d’une « pute » qui faisait de l’ombre aux jeunettes du quartier … ricana le second bonhomme, dès qu’il revient Laurent va avoir du pain sur la planche il va enfin pouvoir renouveler son cheptel et pouvoir en profiter, c’est vrai elle n’était pas « enthousiasmante » la Rachel trop vieille et fripée n’est ce pas…

- Ah tu as raison moi je suis monté une fois comment je suis redescendu vite fait malheureux de faire ça encore à son âge…

- Bon elle ne le fera plus elle est morte…

- Dites les gars, on va voir Laurent, moi j’en ai repéré deux mignonnes sur le trottoir d’en face s’il pouvait s’en occuper les pauvres gamines sont obligées de chercher un endroit pour satisfaire leurs clients au moins ici elles seraient au chaud non ? La chambre de Rachel est libre…

Et l’œil lubrique et vicieux les trois hommes, habitués du bar, se regardèrent en riant et en topant leurs mains.

Venez ! A la vôtre les gars et à la nouvelle fournée.
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Jean-Pierre Poccioni
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Jean-Pierre Poccioni


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MessageSujet: Les écrits de Marie Chevalier   Les écrits de Marie Chevalier - Page 2 Empty30/3/2006, 06:38

Chère Marie,

Si cette histoire se lit sans déplaisir on est un peu frustré quand arrive la fin.

Quels sens as-tu voulu donner à cette fable ? On est tenté d'y voir un manichéisme un peu sommaire et surtout une volonté d'évoquer un monde dont on sait qu'il existe mais dont l'évocation présente ne fait guère avancer la cause ( si cause il y a)

Ne serais-tu pas simplement "victime" de ton désir d'écrire sur tel ou tel sujet préalablement à toute réflexion sur la nécessité d'écrire ?

Jean-Pierre
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marie chevalier
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MessageSujet: Re: Les écrits de Marie Chevalier   Les écrits de Marie Chevalier - Page 2 Empty30/3/2006, 14:32

En fait, Jean-Pierre, quand j'écris une nouvelle, je ne sais jamais où je vais, ni ce qui va en sortir. Je pars sur un sujet et il m'arrive de dévier complètement en cours d'écriture.
j'écris par envie et tous les sujets m'intéressent et je brode sur ce que je vois, ce que je ressens, ce que je vis, et ce que je voudrais vivre et ce que j'entends!
il ya très souvent dans mes textes un mélange de vécu, et de complètement irrationnel. Voilà je ne peux rien te dire de plus, en fait je crois que je fais une boulimie . Alors comme toute boulimie, parfois je devrais jeûner ( rires! ) plûtot que de continuer à m'empiffrer d'écriture. Ce que tu viens de lire a été écrit justement simplement en voyant une femme ivre sortir d'un café, et plusieurs hommes l'entouraient en lui tapant sur les fesses et en riant, profitant de son ivresse. J'ai embrayé et cela a donné cette histoire voilà . J'espère avoir été le plus sincère possible dans ma réponse .
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Christine Rato
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MessageSujet: Re: Les écrits de Marie Chevalier   Les écrits de Marie Chevalier - Page 2 Empty8/6/2006, 10:18

Marie,
Je connais maintenant plusieurs de tes écrits en visitant régulièrement ton site...
C'est toujours la même impression: Quand je commence à te lire, je ne peux pas lâcher!
Tu me tiens en haleine du début à la fin...
Tes textes sont comparables au bon chocolat. Tu prends un carré en te disant, çà suffit...
Seulement comme il fond si bien dans ma bouche, j'en veux un deuxième puis un troisième, un quatrième...
Et c'est souvent avec résolution que je m'arrête sinon la crise de foie ne serait pas loin!
Continue à aiguiller ma gourmandise.
Merci Marie.
Christine
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marie chevalier
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MessageSujet: Re: Les écrits de Marie Chevalier   Les écrits de Marie Chevalier - Page 2 Empty8/6/2006, 14:28

merci à toi Christine, de prendre le temps de nous lire et ça ! c'est très agréable . sunny
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Christine Rato
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MessageSujet: Re: Les écrits de Marie Chevalier   Les écrits de Marie Chevalier - Page 2 Empty8/6/2006, 16:48

C'est toujours avec plaisir, Marie.
Comme j'apprends à insérer des images grâce aux explications de Sylvie, je vais essayer de t'en mettre une, ici, rien que pour toi.

[img][Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien][/img]
çà y est, un petit ange rien que pour toi!
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MessageSujet: Re: Les écrits de Marie Chevalier   Les écrits de Marie Chevalier - Page 2 Empty8/6/2006, 18:14

et moi je vais te faire un bisou sunny





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marie chevalier
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MessageSujet: Re: Les écrits de Marie Chevalier   Les écrits de Marie Chevalier - Page 2 Empty11/6/2006, 16:09

en lisant le topic de Sylvie sur le "caractère" cela m'a fait penser à une nouvelle que j'avais écrite un jour:
je vous la livre:

JE NE VOULAIS PAS CA…



La porte se referma doucement, sans faire de bruit et Juliane, très pâle se laissa tomber sur le canapé du salon. Machinalement elle prit un coussin contre sa poitrine, et tapa dessus pour lui redonner une forme. Mais pourquoi fallait-il qu’à chaque fois que sa mère lui rendait visite, pourquoi donc, fallait-il qu’à chaque fois cela se termine par une engueulade stérile sur sa façon de mener sa vie ? Marie-Jeanne était une veuve qui avait décidé de ne jamais se remarier, de vivre dans le souvenir de Bernard qui avait été son compagnon pendant 20 années. Vingt années de bonheur et elle ne pouvait admettre que sa propre fille Juliane s’amuse à droite et à gauche à « coucher » avec n’importe qui.
Elle ne supportait pas quand elle venait la voir, de constater que c'était encore un autre qui avait installé ses affaires.
Elle n’était pas loin de considérer sa fille comme une fille de rien et ne manquait pas une occasion quand elle lui rendait visite de lui faire la morale, et de lui rappeler que jamais elle ne se serait comportée comme ça de son temps. Cela avait le don d’irriter au plus au point Juliane et c’était pratiquement toujours la même histoire, elles finissaient toujours par s’accrocher violemment et Juliane, s’énervait, s’agitait, perdait le contrôle de ses mains et faisait des efforts incroyables pour ne pas la mettre dehors.

Aujourd’hui encore, cela s’était mal terminé, plus mal que d’habitude d’ailleurs, car elle avait failli lui lancer le cendrier qu’elle tenait et n’avait pas su retenir des mots insensés et grossiers.

Sa mère, outrée, devant tant de violence avait enfilé sa veste, pris son sac à mains et était partie sans dire un mot.

Juliane, tortillait un fil qui dépassait du coussin qu’elle venait de tapoter, et le tournait et retournait sans cesse autour d’un de ses doigts. Elle commençait à trembler, se leva et se dirigea vers le lavabo de la salle de bains, pencha la tête en retenant ses cheveux et but deux ou trois gorgées directement au robinet.

En se redressant, elle se regarda longuement dans la glace, se fit une grimace et commença à marmonner toute seule :

« Oui et alors, qu’est ce que j’aurais dû faire ? hein ? Lui dire: au revoir ma petite Maman adorée, tu viens encore de m’enquiquiner avec ta morale à la gomme, mais je t’aime et je suis contente que tu penses que je suis une névrosée qui n’arrive pas à se caser et qui couche à droite et à gauche ? c’est cela que j’aurai dû dire ?
Sûrement pas, mais tu ne te rends pas compte que je ne te supporte plus , que tu m’envahis, que tu m’angoisses, que tu me stresses !! C’est ça que j’aurais dû lui dire au lieu de me retenir à me rendre malade !.. » hurla-t-elle en se retournant vers Micat, assis sur le canapé, son gros matou qui la regardait, prêt à bondir si elle s’approchait de lui.

Il la connaissait bien et elle présentait tous les symptômes d’une femme qui s’apprête à faire une bêtise.

« Et toi tu me regardes d’un air niais ! tu n’en as rien à faire de tout ça ! tu as ta gamelle pleine, ta litière propre, tu n’as aucun souci en somme, tu es gras, tu as vu comme tu es gras ! » et en disant cela, elle s’approcha de lui et le caressa brutalement en lui pinçant un peu le cou. Ce qui devait arriver se produisit, il se retourna brusquement et la griffa violemment sur le dos de la main avant de s’enfuir.

Un déclic se produisit dans la tête de Juliane, elle devint soudain très pâle, son nez se pinça, un tremblement plus fort la secoua, et elle attrapa d’un geste vif le coupe-papier en acier sur la table de salon. Ses gestes étaient ralentis, elle se concentrait, bouillait intérieurement. Elle marcha doucement vers Micat qui s’était terré derrière le fauteuil, lui parla gentiment, l’appela d’une voix douce.

Il se leva un peu effrayé bien sûr encore, mais confiant, cette voix il la connaissait depuis toujours, et sa maîtresse ne lui avait jamais fait de mal jusqu’à maintenant, de temps en temps elle criait un peu mais il savait qu’elle avait raison, il avait fait des bêtises, ses griffes sur le coin du canapé, mangé une fleur, elle ne faisait que le gronder pas plus.

Mais là il sentait que c’était différent, elle n’était plus elle-même, ses yeux semblaient s’être rétrécis, son visage était livide. Elle allait lui faire du mal, il le sentait, il coucha les oreilles, se hérissa un peu et recroquevillé attendit. Elle ne bougeait plus, plus un seul frémissement, elle le fixait. Puis d’un coup elle leva le coupe-papier et le laissa retomber vers lui, mais il l’évita de justesse en faisant un bond en avant et il s’enfuit.

Alors elle se déchaîna, elle hurla des grossièretés, elle cria et pleura tout à la fois, en enfonçant avec violence et une force décuplée son coupe-papier dans le fauteuil. Elle le lacéra partout et ne s’arrêta que lorsque les forces lui manquèrent.

Elle prit sa tête dans les mains, se balança en gémissant.

« Je deviens folle, ce n’est pas possible, j’ai failli tuer mon chat uniquement parce qu’il m’avait un peu griffée alors que je lui faisais mal, mais je suis un monstre ! »

Elle se leva et de nouveau alla se regarder dans la glace, elle se trouva laide.

« Il va falloir que je me décide à aller me faire soigner, ces colères de plus en plus fréquentes m’avilissent, me font du mal et un jour je ferai vraiment un malheur, aujourd’hui je l’ai évité de justesse, car c’est la première fois que dans une de mes colères, j’éprouve le besoin de tuer… »

Il ne s’agissait que de son chat certes mais demain ? comment réagira-t-elle si elle est confrontée de nouveau à ces accès de rage ?

D’ailleurs un de ses « ex » parti de chez elle il y a environ trois mois, l’avait quittée en lui reprochant ses paroles et attitude inconsidérés, et ses actes démesurés.

« Ce besoin de détruire, disait-il te détruira, toi en premier. Ta colère n’est pas contrôlable, fais –toi soigner ou bien je m’en vais ». Elle avait insisté en hurlant qu’elle était normale et qu’il pouvait partir si cela lui convenait etc…
Il était parti…

Aujourd’hui c’est à sa mère qu’elle s’en était prise, elle sentait qu’elle allait la gifler quand elle lui a demandé de s’en aller. La pauvre femme n’avait pas demandé son reste et était mortifiée de voir sa fille dans cet état.

Juliane se reprit, se leva et se dirigea vers la fenêtre qu’elle ouvrit pour respirer un peu. Elle aperçut Micat en bas dans le jardin, elle l’appela doucement. Il se retourna, hésita puis s’enfuit à travers un trou dans le grillage qui séparait la propriété de la route.
Un crissement de freins lui déchira les tympans. Elle descendit comme une folle arriva au portail pour voir Micat relever la tête une dernière fois près de la roue d’une voiture.

Le propriétaire blanc comme un linge était sans voix. Il essaya de lui dire qu’il ne l’avait pas vu arriver, qu’il n’avait pas pu freiner, qu’il était désolé…

Juliane ne dit pas un mot, rentra chez elle, regarda autour d’elle, et en hurlant prit tout ce qui lui tombait sous la main et jeta avec force contre les murs en continuant de crier :

« Je ne voulais pas ça non ! Non je ne voulais pas ça !! »

Fin

septembre 2003
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