QUELQUES TRÈS BONS POLARS

Je lis peu pour le moment, car la photographie me dévore.

Par contre je lis occasionnellement de remarquables romans policiers (polars en argot !). J'ai, pour le moment, une frénésie pour ce genre de livre à la condition qu'il soit très bien écrit (ou très bien traduit), qu'il s'écarte des ficelles habituelles, qu'il exprime une ambiance particulière, que la tension soit palpable tout en étant occasionnellement discrète, que les personnages aient de l'épaisseur, que sa construction soit intéressante, etc...

Pourquoi cet engouement ? Pour des raisons diverses : travail autour de l'énigme, perturbation et questionnement du lecteur, fascination pour le trouble et le mystère, etc.

Je vous livrerai ici quelques perles de lecture.

Comme vous le savez, j'aime découvrir, depuis plusieurs mois, de très bons romans policiers (polars en argot !).

Un des intérêts du polar est, à mes yeux, son extension qui non seulement regroupe de nombreux styles (roman policier classique, thriller, roman noir, etc.) mais offre aussi des apports divers sur le plan de la sociologie, de l'ethnologie, de la politique, etc.

Je m'amuse depuis quelques mois à découvrir ce créneau : je fouille les maisons d'édition, les sites consacrés au sujet. Je rencontre aussi des gens parfois bien intéressants.

Le constat est amer : la plupart des romans policiers sont très mal écrits. Aucune visée artistique sur le plan littéraire. Les auteurs ne se préoccupant, la plupart du temps, qu'au suspense, qu'à une histoire plus ou moins bien ficelée.

Je dirais que 80 % des romans policiers actuels sont dénués de qualités littéraires (leur écriture est privée de caractéristiques artistiques).
Ce qui me semble particulièrement étonnant, car un roman, quel qu'il soit, c'est avant tout de la littérature et qui dit littérature dit langage !

Et donc ce qui me fascine dans mes recherches est de trouver les perles rares :  des romans policiers qui ne valent pas moins que des romans non policiers. C'est possible et cela demande de longues heures de recherches et c'est aussi cette quête qui me fascine, car je me dis que découvrir ces pépites dans un lieu parfois déconsidéré (car accusé — parfois à juste titre — de littérature populaire aux clichés répétitifs, aux raccourcis cousus de fil blanc, à la langue plate et sans grand intérêt) apporte un petit bonheur !

Pire encore : la plupart des concepteurs des sites consacrés aux romans policiers font deux choses qui me semblent très désagréable :

1) Ils ne parlent quasiment jamais  des qualités d'écriture du roman !!! Ils ne parlent que du scénario comme si un roman, quel qu'il soit, n'était pas avant tout littérature et donc travail sur la narration et surtout l'écriture !

2) Quand ils en parlent, c'est pour lire que le livre est bien écrit et pour beaucoup d'entre eux, bien écrire, c'est écrire correctement !!!
Il y a donc bien une méconnaissance totale du fait littéraire et sans doute une inculture profonde.


Il faut aussi se méfier de certains sites (qui ont du succès) ne comportant que des avis de lecteurs n'ayant aucune connaissance du fait littéraire même s'ils lisent... En général tout est quasiment bon pour eux (l'histoire est palpitante ou le roman est captivant !!!) sans compter le désintérêt ou l'absence d'intervention à l'égard du fait littéraire !

Je constate aussi que certains maisons d'éditions moins connues offrent parfois des auteurs de polars de haut niveau... et c'est très bien ainsi. Mais, en ne s'informant pas, on ne découvre pas ces dernières et donc la quête de l'excellent polar ayant toutes les vertus est aussi fatigante que la quête d'un personnage dans le dit polar !

CASCO BAY de William G. Tapply (américain).

Le héros me ressemble un peu...
Superbe polar naturaliste qui m'a envoûté !

Découvert chez Gallmeister : très bel éditeur de la littérature américaine et surtout livre agréable à lire sur le plan du format et de la typographie.

Il est évident qu'il existe de bons polars et de moins bons mais un lecteur exigeant ne doit pas oublier qu'il est ici question d'une littérature de genre éditée dans des collections distinctes avec un cahier des charges spécifique. La critique elle-même ne s'y trompe pas et ajuste critères et exigences.

Autrement dit un polar qui serait véritablement un grand livre serait tout simplement édité dans une collection littéraire classique à la plus grande satisfaction de son auteur !

Il n'en reste pas moins que le polar peut constituer une excellente lecture de détente et de loisir mais très rarement une réelle nourriture intellectuelle.

Je comprends ta réflexion, mais elle mérite d'être nuancée et en tous les cas il ne faut pas généraliser.

Pas toujours une collection distincte : voir ma première référence consacrée à la littérature américaine en  général !
Rarement une nourriture intellectuelle : je dirais plutôt « pas toujours ». Voir le prochain polar « haut de gamme » que je placerai !

Peu claire ta réponse !

W.Tapply est typiquement un auteur de romans noirs et Gallmeister  un éditeur très orienté vers ce GENRE.

Quant à "rarement une nourriture intellectuelle" je persiste et signe.

Pour le reste vieille querelle qui ne trompe que ceux qui ont besoin ou envie de l'être et que je ne suis pas certain d'avoir envie de reprendre...

Gallmeister s'ntéresse à la littérature américaine et notamment au polar. Nourriture intellectuelle il y a bien dans quelques polars : je persiste et signe !    

On est d'accord avec le fait que la discussion belliqueuse (voir ton mot « querelle » !) autour du polar est vaine.  Le but n'est pas de discuter de l'intérêt général du polar ou non, de sa validité ou non !

D'ailleurs le but de ce topic est de donner ma liste personnelle de remarquables polars (voir  l'intention de base : livrer quelques perles dans le domaine du polar)  !!!

LA FEMME EN VERT de Arnaldur Indridason (Islande).

« Un os humain est mis au jour par un enfant dans une banlieue pavillonnaire de Reykjavik. Le cadavre pourrait être enterré là depuis la dernière guerre.»

Enquête  qui mêle plusieurs récits et plusieurs époques.
Thèmes : l'histoire, la guerre, la violence conjugale, l'enfance, l'appariement passé/présent et surtout la mémoire.
Grande force psychologique. Troublant, prenant, intelligent.
Très beau récit à la vois violent et émouvant.

L'ÎLE DES CHASSEURS D'OISEAUX de Peter May (Angleterre).

Encore un de ces grands polars qui vous marquent ! Roman se déroulant en grande partie dans l'île de Lewis au large de l'Écosse. Au-delà de la tension liée à la découverte de deux meurtres mis en scène selon les mêmes procédures, on découvre les traditions oubliées d'une terre méconnue. Atmosphère brumeuse qui enveloppe les âmes tourmentées. Passionnant et très bien écrit (bravo au traducteur). C'est de la littérature !

Polars au cinéma, ( La Isla minima) polars en littérature.

Effet vacances ?

Tous les deux (film mentionné : LA ISLA MINIMA et roman : L'ÎLE DES CHASSEURS D'OISEAUX) étant des oeuvres remarquables, j'appellerais plutôt cela effet éternel !

La Isla minima, trop de clichés pour que j'y vois un grand film. Et puis j'en ai un peu assez de l'obsession actuelle du crime de préférence atroce et perpétré sur des jeunes filles !

J'ai réagi à ta dernière intervention dans le topic adéquat !

Puisqu'ici on parle de ma sélection personnelle des meilleurs polars en littérature.

LE DERNIER LAPON de Olivier Truc (France)

Remarquable polar (refilé à mon épouse qui découvre à son tour ma liste et qui a adoré ce livre).
On est encore dans le haut de gamme du polar avec cette enquête se déroulant dans le milieu de la Laponie.
On découvre ces paysages, cette ambiance rude, ces rivalités entre clans, cette neige qui surgit et disparaît, ces temps de lumière réduits, une réflexion à la fois politique et sociologique. Très belle écriture.

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J'ai vu ce livre entre les mains d'une relation qui avait l'air d'aimer, mais cette personne est surtout lectrice de polars.

J'ai le souvenir d'un gros pavé. Je croyais que tu n'étais plus très chaud pour les gros livres ? Une exception pour les polars ?

Ce n'est pas du tout un pavé ! Entre 250 et 300 pages. Je viens de le prêter à un ami et donc je ne peux donner le nombre exact de pages !

Les gros pavés, je n'aime plus trop en effet ! Ridicule approche tu me diras, mais c'est comme cela pour le moment : à mettre en lien peut-être avec ma théorie du LESS IS MORE en photographie ?!!! Bon, je sais que fondamentalement c'est ridicule... voir Ulysse de Joyce ou Belle de Seigneur ou Voyage au bout de la nuit : trois chefs-d'oeuvre ! Peut-être qu'en vieillissant...

LA CINQUIÈME FEMME de Henning Mankell (Suède).

«La Cinquième Femme passionne par la subtilité de son intrigue et de ses personnages, bouleverse par son humanité, dérange par la profondeur de son regard.» Télérama

Violent. Des meurtres horribles dans une atmosphère glaciale. L' intrigue policière est moins importante.
Primauté accordée à une psychologie fouillée : les réflexions des personnages sondent l'âme humaine.

On aura compris que Jipi lit désormais surtout des polars.

A quand la chronique par Jipi d'un "vrai" grand livre ?

Toujours cette petite lancée de cyanure (poison utilisé dans une film policier vu hier !!!) pour créer une polémique sans fin ?!!!

C'est le but du topic ! Non ? Parler des ouvrages excellents dans le domaine du polar...

D'ailleurs Jean-Pierre tu devrais te lancer dans cette veine... ton excellent dernier roman en avait déjà l'allure lointaine sans compter un regard distant digne des meilleurs nouveaux romans !!!

Bon je m'absente bientôt quelques jours : soyez sages hein !

Le post original de Jean-Pierre Poccioni a subi un léger lissage...

Gosayn a écrit:

Le post original de Jean-Pierre Poccioni a subi un léger lissage...

C'est-à-dire ? Je ne comprends pas.

Gosayn, je vous ai fait deux suggestions de polars dans l'autre topic consacré à Mankell.

Je les rappelle ici : L'île des chasseurs d'oiseaux et Le dernier lapon.

Oui, j'ai noté tes références, merci.

Le lissage auquel Gosayn fait allusion est le produit d'un remords qui m'a fait passer du cyanure à une simple filet de citron vert, lequel ayant été ensuite pris pour du cyanure justifia amplement le remords.

Quant à la nuance, cyanure ou simple acidité, la question est de savoir comment exprimer autrement le sentiment qu'une personne que l'on estime se fourvoie ? De la crème chantilly à la place du citron vert?

Citron vert alors...

Imagine que tu crées un topic intitulé « De remarquables romans d'intropection » et que j'écrive ceci dans ton topic : « A quand la chronique par Jean-Pierre Poccioni d'un "vrai" grand livre ? » Discussion stérile. Il n'y a pas de « vrai » grand livre. Il y a de d'excellents ouvrages dans tous les types.

Le but, dans ce topic, est de simplement relever des polars qui m'ont qualitativement marqué. C'est tout. Si tu n'apprécies pas c'est ton droit, mais le citron vert à quasiment chaque dépôt de roman, c'est un peu lourd.

Je persiste et signe qu'il existe d'excellents polars et que je ne me fourvoie point.

J'estime que dans tous les types de littérature... il  y a du très bon.

Je reconnais que mon éclectisme (valeur essentielle que j'ai tenté d'enseigner à mes étudiants) m'a permis de m'ouvrir à des horizons divers, mais cet éclectisme n'a pas pour principe de devoir reconnaître la qualité de divers domaines, mais de reconnaître que dans chaque domaine, il y de très bonnes choses (voir notre discussion sur la musique rock).

Mille excuses. Je me tais.

SIX FOURMIS BLANCHES de Sandrine Colette (France).

Très belle découverte que ce roman se déroulant dans les montagnes d'Albanie. La nature est toute puissante et la belle écriture (alliant la poésie et la sécheresse qui claque comme une angoisse martelée) de Sandrine Colette nous restitue à merveille une atmosphère noire (ou blanche, car la neige est omniprésente) où la peur et la mort se côtoient. Structure intéressante offrant deux narrations différentes.
On m'avait présenté cet auteur français comme un des meilleurs auteurs actuels du polar : elle a du talent cette excellente conteuse qui distille l'angoisse avec intelligence.