Les petites contradictions : projet théorique / pratique

Depuis quelques petites années je suis étonné d'observer autour de moi des contradictions sidérantes entre les projets théoriques d'une personne et ses réalisations concrètes !

J'ai connu et je connais quelques personnes qui se disent grands spécialistes en communication (elles ont même écrit des livres sur le sujet) et qui fondamentalement sont de médiocres communicants dans la vie de tous les jours !!!

J'ai connu et je connais des personnes qui se disent spécialistes en pédagogie (elles ont même écrit des livres sur le sujet en expliquant aux professeurs comment être un bon pédagogue) et qui fondamentalement sont de médiocres professeurs !!!

J'ai connu et je connais des personnes qui se disent spécialistes dans le monde politique (avec ouvrages théoriques à l'appui donnant des conseils sur la pratique politique), mais sur le terrain, elles sont tellement médiocres.

La liste est longue et ces contradictions que je relève fréquemment me sidèrent...

Je n'arrive pas à les expliquer !!!

Il faudra bientôt lancer un nouveau métier : le coaching pour personnes de contradiction !!!

L'opposition entre théorie exprimée et pratique effective est classique. En discuter oblige à sortir des généralités toujours un peu réductrices pour analyser un exemple précis !

Mon avis est que nous sommes tous pétris de contradictions mais nous percevons plus facilement celles des autres que les nôtres. Dans les bouquins de méditation les "sages" ou "maîtres" insistent souvent sur le fait que l'auto-analyse est un exercice nettement plus porteur que la critique d'autrui.


Ceci dit sans vouloir te viser en particulier Jipi, c'est juste une réflexion générale qui me vient à la lecture de ton message.

Je ne pense pas que nous soyons tous pétris de contradictions même si personne n'est totalement indemne.

Je pense que très souvent on analyse comme une contradiction ce qui n'est pas une contradiction. Par exemple, comme le fait François, on pense que la différence entre pratique et théorie est de l'ordre de la contradiction alors que c'est autre chose.

La notion de contradiction est une notion de logique qui n'a aucun rapport direct avec l'action.

Dire que le vol est ignoble et affirmer que voler n'est pas grave est une contradiction.

Dire que le vol est ignoble et voler n'est pas une contradiction. C'est simplement l'affirmation par la pratique que l'on accepte de faire quelque chose d'ignoble sans augurer des raisons de cette conduite. Relire Crime et Châtiment !  

Quant à Jipi, il évoquait l'écart entre une méthode théoriquement exprimée et l'incapacité ( réelle ou apparente) de celui qui l'exprime à l'appliquer, question dont j'ai dit qu'elle mérite d'être circonscrite à un exemple précis. Notons cependant que les professeurs de chant classique les plus illustres  n'ont pas tous, loin s'en faut, été des chanteurs extraordinaires. Sans être nuls bien sûr!

A l'unif, le prof qui était censé nous apprendre à donner cours donnait lui-même des cours particulièrement barbants.

Dans les forums comme dans la vraie vie, je rencontre très régulièrement des gens qui pestent contre l'hypocrisie mais qui sont les premiers à se vexer quand quelqu'un est vraiment franc avec eux.

Je rencontre aussi des internautes qui conchient internet, des écolos qui ne se déplacent qu'en 4x4, des gens qui prétendent aimer leur conjoint mais sont maladivement jaloux, des socialistes qui jouent en bourse.

Moi-même, je suis un grand défenseur de la démocratie mais la plupart des grèves et des manifestations m'horripilent.

C'est un trait humain qui est de l'ordre du normal, me disait ma fille lorsqu'elle étudiait la psycho. Tout cela ne me dérange donc pas outre mesure, à condition que la personne en question en soit consciente et accepte d'en (sou)rire.

François a écrit:

Mon avis est que nous sommes tous pétris de contradictions mais nous percevons plus facilement celles des autres que les nôtres. Dans les bouquins de méditation les "sages" ou "maîtres" insistent souvent sur le fait que l'auto-analyse est un exercice nettement plus porteur que la critique d'autrui.


Ceci dit sans vouloir te viser en particulier Jipi, c'est juste une réflexion générale qui me vient à la lecture de ton message.

Je ne sais pas moi, mais un gars qui a fait des études de communication, qui écrit des livres sur la communication, qui se dit spécialiste en communication, qui écrit des articles sur la manière de bien communiquer... tu le vois dans la vie réelle : autiste, incapable de communiquer, incapable d'écouter, désagréable...

Pas d'auto-analyse à faire dans le cas présent, puisqu'il s'agit d'une observation fréquente.

Contrairement à toi, je trouve ce comportement horripilant et je fuis ces êtres comme la peste avant de les imploser et de les placer en face de leurs contradictions. Je suis pour la cohérence, la sincérité, l'adéquation entre le je qui dit/ fait et le moi qui se dit être.

IL semble bien qu'on n'ait pas bien lu ce que j'ai écrit ! C'est-à-dire que c'est une erreur de vouloir opposer l'univers des discours ( dire) et l'action ( faire)  Une contradiction c'est dire contre...ce qu'on a dit. Et non agir contre ce qu'on a dit. L'action met en cause d'autres impératifs que la parole.

Je connais un formidable directeur littéraire, capable de cerner d'un oeil acéré telle ou telle faille d'un texte, telle erreur de structure, telle oncohérence psychologique...mais incapable de produire un roman acceptable ( ce genre de personne ne souhaite pas en écrire un mauvais!).

C'était juste un exemple et chacun de ces exemples est bien sûr discutable, et celui-là en particulier.

Jipi a écrit:

Je suis pour la cohérence, la sincérité, l'adéquation entre le je qui dit/ fait et le moi qui se dit être.

Tu connais beaucoup de gens qui se disent contre la cohérence, la sincérité, l'adéquation entre le je qui dit/ fait et le moi qui se dit être ?

Jipi a écrit:

Contrairement à toi, je trouve ce comportement horripilant et je fuis ces êtres comme la peste avant de les imploser et de les placer en face de leurs contradictions.

L'approche et surtout la pratique méditative m'a appris que quand quelque chose m'horripile chez les autres - et dieu sait si je suis souvent horripilé - ce n'est pas l'autre qui a un problème mais moi. Cette prise de conscience m'aide beaucoup à apaiser mon esprit (ce qui est, comme tu le sais sans doute, un des buts de la méditation.)

L'avantage des convictions à caractère mystique telle la méditation y compris sous ses avatars laïques, c'est qu'elles proposent des solutions claires quand la philosophie énonce des absences de solutions compliquées. Le mea culpa intellectuel en est une.

Ce n'est pas l'autre c'est moi qui pose problème ! A proposer à tous ceux qui sont confrontés à la barbarie sous ses diverses formes.

C'est donc moi le problème !!! Ouinnnnnnn !!!


Je m'en vais de ce pas m'écorcobaliser, m'enroupeter jusqu'à mon drâle, me ligaturailler les trompes neuronales afin que la méditation transcendantale me permette d'ôter de ce moi l'idée que le fautif est l'autre quand tu crois que c'est l'autre alors qu'en fait c'est toi le problème !!! Il faut que je me contradictole et fasse évacuer les pensées (fausses évidemment, car le responsable est toujours moi quand je crois que c'est l'autre !) d'éviscération des troubles comportementaux repérés chez l'autre.

Jean-Pierre Poccioni a écrit:

Ce n'est pas l'autre c'est moi qui pose problème ! A  proposer à tous ceux qui sont confrontés à la barbarie sous ses diverses formes.  

Très drôle !!!

À proposer aussi au spécialiste de la communication qui ne communique pas !!!

Jean-Pierre Poccioni a écrit:

Ce n'est pas l'autre c'est moi qui pose problème ! A  proposer à tous ceux qui sont confrontés à la barbarie sous ses diverses formes.  

Rien à voir bien sûr, mais tu le fais exprès là, hein ?

Je n'oblige personne à partager ma "philosophie" (appelons ça comme ça mais il s'agit plutôt de choses dont j'ai fait l'expérience, il ne s'agit pas ici de théorie) mais la façon dont vous réagissez ne me donne pas vraiment envie de continuer à en parler.

Ce n'est déjà pas simple (et j'hésite très souvent à le faire) de parler de ce genre de choses. Si le climat n'est pas à l'ouverture et au respect, je préfère me retirer pour l'instant.

Sans vexation ni rancune ni autre sentiment négatif, rassurez-vous.

Ma remarque sur la méditation était pour le coup aussi peu utile que pertinente. Il faudrait n'y voir qu'un effet négatif d'une certaine tension liée à la discussion qui précédait et s'attardait vainement.

Modérément honorable mais que voulez-vous je ne suis que "presque" parfait!

François, ta philosophie méditative (que je respecte) n'a rien à voir avec ce que je disais.

Je parlais de contradictions réellement observées et dérangeantes ( pour plusieurs gens –  pas seulement pour moi qui ne suis pas encore à envoyé à l'hôpital psychiatrique !) : voir les exemples que je donnais sur le spécialiste en communication incapable de communiquer avec l'autre ou le théoricien donneur de leçons en pédagogie, mais qui est mauvais professeur (ces exemples sont aussi sans rapport avec l'exemple intéressant donné par Jean-Pierre sur le critique incapable d'écrire un bon roman).

Jipi, je sais bien que la méditation n'a rien à voir avec ce que tu disais au départ.

Je n'avais rien à ajouter sur la question des contradictions en tant que telle, par contre, en lisant que tu te disais horripilé au plus haut point par ces gens qui font le contraire de ce qu'ils prêchent, j'ai eu envie, mais on ne m'y reprendra plus, de partager ici la façon dont je gère les choses et personnes qui m'horripilent.

Tu as jugé bon de tourner ça en ridicule, je ne m'en vexe pas car moi-même il fut un temps où je riais de ces choses, mais comprends que cela ne me donne pas vraiment envie de continuer à me dévoiler sur ce terrain. Parlons donc d'autres choses, j'ai d'autres lieux et amis avec qui je peux parler de méditation, de philosophie et de spiritualité, un forum n'est sans doute pas la meilleur endroit.

Je comprends mieux ton point de vue.