E-book ou Amazon-book ?

Jean-Pierre Poccioni a écrit:

Je pense aussi que le livre papier est un des rares objets parfaits.

Parfait pour qui a de bons yeux et une grande maison où on peut mettre des bibliothèques un peu partout, je n'en doute pas, mais comme ce n'est plus mon cas je ne peux partager cette opinion. Le livre électronique résout mes deux problèmes : je peux adapter la taille du texte à ma guise (un réel confort) et je ne suis plus obligé de me débarrasser d'un livre chaque fois que j'en achète un nouveau. Je lis qu'Adelaide y trouve d'autres avantages et j'entends des collègues et amis qui utilisent une liseuse pour d'autres raisons encore. Bref, ça devient difficile de nier que le livre électronique présente bel et bien des intérêts sur le plan pratique, ce qui n'en fait pas pour autant un objet parfait, mais une invention utile dans bien des cas, très certainement.

Après, il y a les enjeux économiques et culturels, l'OPA d'Amazon et consorts sur le domaine culturel, mais comme je l'ai déjà dit et redit, ce n'est pas en dénigrant le principe même du livre électronique qu'on empêchera cela. Mais je pense que nous étions tombés plus ou moins d'accord là-dessus, Jean-Pierre, dis-moi si je me trompe.

Aucune erreur François, des aspects pratiques indéniables sinon déterminants contre un changement d'acteurs du livre dont l'aspect catastrophique est déjà perceptible à la vue du catalogue de ce qui est disponible, c'est-à-dire les classiques ( c'est bien ) et les bestsellers ( c'est moins bien).

Autrement dit, un merveilleux outil sauf qu'il y a de moins en moins de lecteurs et de moins en moins de livres intéressants à lire !

Sans doute mais n'oublie pas que pour bien fonctionner l'économie de marché a aussi besoin de ce qu'on appelle des "niches". La littérature de qualité en est une aujourd'hui et elle ne disparaîtra donc pas tant qu'elle aura un lectorat même minime.

François, sincèrement je crois que tu es plus à même que moi d'émettre des avis sur ce qu'une économie de marché ( je sais à peine ce que c'est!) nécessite ou accepte à sa marge.

Mais lire que la littérature de qualité doit se contenter d'une niche est à mes yeux une piètre consolation. Certes, ce fut le cas dans les siècles passés et parfois en pire ( par exemple au temps de Mme de Sévigné,  n'est-ce pas Adelaide ? )  mais on pouvait attendre mieux de notre époque et de ses grandes révolutions démocratiques.

Le niveau de vie de nos pays occidentalisés ne se serait donc sans cesse élevé que pour des biens de consommation matériels ? Par exemple un objet électronique sophistiqué appuyé sur des centres de données polluants et coûteux pour remplacer le livre...

L'argument écologique est indiscutable mais il doit être nuancé. La production d'énergie non polluante est un des défis auquel notre civilisation matérialiste doit faire face mais on peut espérer qu'elle le fera avec succès et que l'immense quantité d'énergie que requièrent les (déjà plus si nouvelles) technologies sera un jour 100% verte. Il fut un temps où les imprimeries étaient elles aussi une industrie très polluante. Au fil du temps on a inventé le papier recyclé, des encres moins polluantes, des systèmes de récupération des eaux polluées, etc. Bref, sur ce plan-là personnellement je reste optimiste.

Par contre je partage entièrement ta consternation face au constat que la littérature de qualité est (re)devenue une niche. Les médias de masse nous ont abêtis, je me le disais encore hier soir en zappant par curiosité sur quelques chaînes tv fort regardées. Ce qui y est proposé est de plus en plus affligeant. Et le plus triste est de se dire que si cette offre existe, c'est parce qu'il y a une demande. On est, je le crains, dans un cercle vicieux dont il sera difficile de sortir.

Nous sommes d'accord ( !) même si le débat sur le rapport entre offre et demande de loisirs populistes ressemble à la discussion sur les rayures du zèbre ou à celle concernant l'oeuf et la poule!

En effet.

JP Poccioli a écrit:

Je suis désolé mais cette réflexion n'est pas très claire.

Pardon de répondre avec retard, je me posais la question de votre métier, voulant dire que certains métiers ( le mien) imposent ou presque le recours à Internet;

Ceci étant, si je trouve de multiples avantages à ma tablette "androïd" , je reconnais préférer et de loin, la lecture du livre papier; ( et j'ajoute que la lecture sur écran me fatigue beaucoup, simplement, je suis obligée de me détendre le soir, avec un "vrai" livre; )

Adélaide,

Enseignant, chroniqueur dans une émission littéraire à la radio, lecteur et surtout, j'insiste, écrivain, j'ai une expérience de la lecture dite électronique qui date de ses débuts comme j'ai connu jadis les débuts de l'informatique personnelle (  Sinclair, Amstrad et Thomson, les connaisseurs apprécieront ! ).

Cela dit je ne m'intéresse que de loin à l'aspect pratique de l'objet "liseuse" qui est aussi incontestable que discutable mais suis inquiet des conséquences de la numérisation des textes au plan économique ce qui est une autre chose.

Ah, entendu ! Ne vous connaissant pas bien encore, j'avais, je le crains, mal cerné l'objet du débat;
La concurrence entre ces deux types de diffusion est peut-être, mal évaluée encore, me semble-t-il; autour de moi, ( pour des raisons mineures, là) le livre électronique n'est pas toujours apprécié =
* coûteux ( les moindres livres d'actualité se situent aux alentour de 15 euros)
* conservation et durée du fichier non évaluée ou de façon incertaine
* peu d'ouvrages vraiment érudits = dans notre métier la "référence" c'est La Pléiade, Champion, José Corti, etc;
* difficulté pour annoter, feuilleter, relire, bref manipuler;
Je n'évoque même pas des scandales tels Amazon, qui s'introduit dans votre liseuse et est capable d'en effacer les ouvrages, vous n'achetez "que" la lecture.....

Concernant, des raisons plus fondamentales, il y a d'évidents problèmes de numérisation, si l'on se réfère à la somme d'écrits ( penser simplement aux catalogues des bibliothèques, BNF, Mazarine, etc);
Il y a aussi, le public = beaucoup de gens ( lobby de l'édition) sont intéressés à la survie du livre papier, qui, si on le compare vraiment au livre électronique est 1) moins cher 2) plus pratique;
Je pense qu'il y a un effet de nouveauté; le DVD ne tue pas le cinéma ( ni le théâtre) le CD n'a pas tué le concert; etc; je fais confiance aux gens, qui ne sont ni si sots, ni totalement lobotomisés......Ainsi, beaucoup de mes élèves préfèrent le livre papier, ils le trouvent "mieux" et, si on leur demande pourquoi, ils répondent qu'ils ont le sentiment de "posséder" pour de bon le livre papier, de l'avoir à eux, alors que les copies numériques sont effaçables, leur paraissent "fugaces" et ( surprise !! ) de mauvaise qualité....

J'ignore si le CD est en cause mais le concert ne se porte pas très bien, du moins dans le domaine de la musique dite classique ( le mot musique savante est depuis longtemps politiquement incorrect et on lui préfère donc une appellation...fautive!)

Cette année de nombreux festivals n'ont pas fait le plein de spectateurs et la salle Pleyel à Paris va laisser le place aux "variétés"

Quant aux musiciens eux-mêmes ils doivent se contenter de peu et sont presque aussi misérablement rémunérés que les écrivains !

Je suis -hélas- d'accord; mais d'autres causes me viennent à l'esprit, le PRIX des places....Orange, Salzbourg, Bayreuth, ou l'Opéra Garnier sont inabordables, ainsi que les autres; la concurrence avec la "musique" ? actuelle, sans commentaires; les mises en scène épouvantables des opéra contemporains, etc....Mais, oui, je suis d'accord, il y a une désaffection pour le classique dans le grand public; étant malentendante depuis une quinzaine d'années, je ne suis plus que de loin et je constate....