Mort de Jorge Semprun

La vie d'un homme est marquée par des disparitions, certaines nous sont anecdotiques, d'autres nous touchent.

C'est avec une réelle tristesse que j'apprends ce matin la mort de JORGE SEMPRUN. Ce n'est ni le résistant ni le déporté, ni l'homme politique que je salue mais l'immense écrivain. Si un seul livre parmi les quantités de beaux textes produits devait à mes yeux symboliser son immense talent ce serait Le grand voyage, une des mes plus profondes émotions littéraires. J'avais évoqué ce talent lors d'une récente émission que je consacrais à un livre "cousin" Le Voyage d'Adler.

Seule consolation à cette disparition, des gens qui ne le connaissent pas vont lire Semprun et d'autres le relire.

J'ai souvent constaté que lorsque meurt un écrivain... il est alors découvert par des gens qui n'avaient jamais entendu parler de lui ou le connaissaient mais n'avaient rien lu de lui... Et qu'il est davantage lu (ou relu) par ceux qui le connaissaient et avaient lu de lui au moins un livre... Je ne sais qu'en penser...

Je crois qu'il faut nuancer un peu.

La mort d'un écrivain est un événement ( !) qui le sort parfois d'un oubli dans lequel il était plongé, parfois injustement. Les gens découvrent qu'il n'était pas mort et à cette occasion les amoureux de l'auteur en profitent pour rappeler cette injustice du temps.

Pour ce qui concerne ceux qui l'avaient lu, ils peuvent certes être tenté de relire ou de lire mais c'est marginal. Quand au vrais passionnés ils avaient TOUT lu par définition!

D'une façon générale, la mort banale ( elle peut être spectaculaire et médiatique) n'est pas un facteur de ventes très pertinent.

... Chaque fois que disparaît un homme ou une femme -en l'occurrence un écrivain- (mais il n'y a pas que les écrivains)... "d'une certaine trempe autant intellectuelle que d'humanisme" et de surcroît d'un certain talent... Et que je réalise que je ne sais rien ou presque rien de cet homme ou de cette femme... et que je n'ai pas même lu dans ma vie un seul livre de lui ou d'elle... J'ai l'impression d'avoir "raté" quelque chose!
C'est fou, dans la vie, tout ce que l'on rate ! Et c'est fou aussi, dans quoi on se vautre et se roule... sans pour autant faire péter le sommier !

Le samedi 11juin, entre "Le plus grand cabaret du monde " de Patrick Sébastien et un film adapté d'un livre de Jorge Semprùn, "Le temps du silence", scénario écrit avec Franck Apprédéris ; mon choix fut vite fait sans la moindre hésitation...
Bravo que FR3 ait remplacé "Cet été là", par une diffusion du film adapté d'un livre de Jorge Semprùn !
"Mon p'tit doigt" me dit cependant que... Six ou sept millions de Français ont regardé - com'd'hab'- "Le plus grand cabaret du monde" !
Ce sont d'ailleurs les mêmes Français qui, le samedi soir aussi, regardent "Les années bonheur", du même Patrick Sébastien...
Ensuite, je suis tombé sur "Sur le chemin de Compostelle", un film de Didier Grousset, un film qui aurait pu être "d'un bouquin de Musso ou de Lévy un peu épicé"
... Et pour finir, je "croche" une séquence de "On est pas couché" de Laurent Ruquier, où était entrepris sur le plateau devant les deux Eric, Michel Delpech qui a sorti un livre dans lequel il parle de son expérience spirituelle et de sa sensibilité religieuse : "cela sort de l'entendement de mon regard sur les gens et les choses", que l'on puisse déballer sur la place publique des moments de vie aussi personnels et d'une certaine manière aussi intimes"...
Que Michel Delpech ait écrit un livre sur "cette affaire là", soit ! (Un livre pareil en fait, intéresse plus particulièrement des personnes de sa famille ou des amis de longue date, ou même encore des gens sensibilisés sur ce genre de question)... Mais en tant qu'invité sur un plateau de télévision pour parler "de ces choses là", oui je trouve cela "un peu fort" !
... Soit dit en passant, j'imagine mal à l'avenir, cette émission "On est pas couché", sans les "deux Eric" !... Et est-ce que la séquence "ce soir nous ne recevrons pas..." nous gratifiera encore de ces "saillies" un peu trop "grosse soupe" mitraillées par un Laurent Ruquier en permanence hilare et déjanté ?

... Nos "Télés débiles" cependant, diffusent parfois des films ou des émissions "qui sortent du lot commun"...
Mais je déplore qu'il faille attendre qu'un artiste, un écrivain, un personnage de talent soit mort, pour enfin le "mettre à l'ordre du jour" !

Tu as raison Yugcib et il y a longtemps qu'à mon sens un "honnête homme" se doit d'être très méfiant vis à vis de la télévision.

Je n'ouvre jamais mon poste autrement qu'après avoir choisi un programme car la liberté c'est justement le choix. Résultat, je regarde la télévision une à deux fois par semaine au maximum. A d'autres moments mon poste me permet de regarder des DVD mais ce n'est plus la télévision.

Ce qui fait que je ne regarde pas plus Patrick Sébastien ou Ruquier que je ne mange chez McDonald ou vais me promener à Eurodisney.

Comme le dit ( approximativement) Michel Onfray: "il y a un grand courant de sous culture contre lequel il est difficile de lutter mais on peut décider qu'individuellement il ne passera pas par nous" !

Quant au rôle du décès dans la promotion je citerais Jules Renard qui disait : "Je suis comme le cochon, c'est mort que l'on m'appréciera"

Jean-Pierre Poccioni a écrit:

Comme le dit ( approximativement) Michel Onfray: "il y a un grand courant de sous culture contre lequel il est difficile de lutter mais on peut décider qu'individuellement il ne passera pas par nous" !

Décidément il me plaît de plus en plus ce Michel Onfray.

Sans vouloir nier ce qui a été dit plus haut par Yugcib et Jean-Pierre sur la télévision en général, je dois quand même avoir l'honnêteté de dire que c'est en regardant "On n'est pas couché" que j'ai découvert cet auteur, lorsqu'il est venu y défendre son livre "Le crépuscule d'une idole".

Le gars n'a en tout cas pas sa langue en poche, écoutez ce qu'il s'est permis de déclarer sur l'islam par exemple :
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C'est curieux comme on aime ici les gens dont le discours est vigoureux et sans détour, voire violent, sauf...s'il s'agit de moi qui devient ipso facto dominateur et peu supportable pour les ego d'autrui !

Je n'ose imaginer que certains soient incapables de reconnaître un quelconque droit à dire ses convictions dans tel ou tel domaine à qui n'est pas juché sur un piédestal officiel !

Les propos de Michel Onfray illustrent parfaitement la sous culture dont il parle et en font de lui l'illustre représentant.

S'il ne confond pas islam et musulmans, ce qui est déjà le minimum recquis de sous-culture, en revanche il confond allègrement islam et islamisme et n'est même pas au courant d'un islam sunnite et d'un islam chiite.

Pour lui, l'islam c'est le terrorisme islamiste ou chiite , aveugle, sanguinaire, politisé à outrance, jihadiste, nihiliste, antidémocratique et inhumain.

L'islam combat de toutes ses forces ces fous barbares qui massacrent l'islam lui-même qui est à l'antipode de leurs doctrines des hommes des cavernes.

Je préfère mille fois les piques d'un JPP hors de lui mais respectant l'autre en tant qu'entité humaine, que les propos d'un Onfray qui m'assimileraient à une bête sauvage.

Jean-Pierre Poccioni a écrit:

C'est curieux comme on aime ici les gens dont le discours est vigoureux et sans détour, voire violent, sauf...s'il s'agit de moi qui devient ipso facto dominateur et peu supportable pour les ego d'autrui !

Je n'ose imaginer que certains soient incapables de reconnaître un quelconque droit à dire ses convictions dans tel ou tel domaine à qui n'est pas juché sur un piédestal officiel !

Comme c'est moi qui ai émis un avis positif sur Onfray, je suppose que ce message s'adresse à moi, ou s'agit-il d'un malentendu ?

En tout cas je ne comprends pas bien la deuxième phrase. Que veux-tu dire exactement ?

abdel a écrit:

Les propos de Michel Onfray illustrent parfaitement la sous culture dont il parle et en font de lui l'illustre représentant.

S'il ne confond pas islam et musulmans, ce qui est déjà le minimum recquis de sous-culture, en revanche il confond allègrement islam et islamisme et n'est même pas au courant d'un islam sunnite et d'un islam chiite.

Pour lui, l'islam c'est le terrorisme islamiste ou chiite , aveugle, sanguinaire, politisé à outrance, jihadiste, nihiliste, antidémocratique et inhumain.

L'islam combat de toutes ses forces ces fous barbares qui massacrent l'islam lui-même qui est à l'antipode de leurs doctrines des hommes des cavernes.

Je préfère mille fois les piques d'un JPP hors de lui mais respectant l'autre en tant qu'entité humaine, que les propos d'un Onfray qui m'assimileraient à une bête sauvage.

Onfray ne t'assimile pas à une bête sauvage puisque, tu l'as toi-même fait remarquer et c'est fondamental dans toute discussion sur une religion, il fait une distinction bien nette entre l'islam et les musulmans.

Mais je comprends parfaitement ta réaction Abdel. Quand j'étais catholique fervent et pratiquant, je n'aimais pas non plus que des personnes extérieures à ma religion se permettent de la critiquer sans sembler la connaître en profondeur.

J'ai posté cette vidéo pour illustrer un trait de caractère d'Onfray qui me plaît assez, mais je crois que j'ai un peu détourné ce fil de son sujet initial et m'en excuse. Revenons-en à Semprun...

J'approuve, John, et me joins à ton appel .

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C'est un peu pénible cette fameuse opposition entre islam terroriste et islam pacifique et humaniste!

Je pense que l'ensemble des musulmans combattent très mollement le terrorisme.

Je pense que l'Islam est par nature guerrier et conquérant. La guerre sainte c'est une légende ?

Je pense que le catholicisme est largement aussi violent, dominateur et agressif que l'Islam.

Je pense que le silence du Vatican au moment d'Auschwitz était un terrorisme.

Je pense que le pape actuel qui se décide du bout des lèvres à parler des exactions commises sur les Roms par des milices ultra-conservatrices et catholique intégristes est complice d'une guerre à composante religieuse.

Je pense les autres religions ne valent guère mieux dès qu'elles ont quelque puissance.

En conclusion, ce qui me fait peur, c'est-à-dire me terrorise, c'est le retour du fait religieux sectaire et dominateur, c'est la poussée du religieux dans le politique au grand jour en Islam, en sous-main sur les terres chrétiennes, voir Opus Dei et autres....

Ce qui me fait peur c'est qu'un jour on me demandera des comptes de mon athéisme et ce jour là je me moquerais bien de la religion du flic de la pensée qui me conduira au cachot !

Relisant, je constate un oubli qui risque d'être mal interprété:

Je pense que la politique israélienne dans les territoires occupés est un terrorisme d'état à composante religieuse et que les colons fondamentalistes sont parmi les pires dogmatiques de notre temps et les plus contraires à toute forme de paix.

J'adhère à 100 % à votre profession de foi ;- )

Si vous étiez à portée de verre je dirais : "ça s'arrose!"

Largement d'accord également, avec quelques nuances peut-être (John reste John), dont celle-ci : "Je pense que le catholicisme a été largement aussi violent, dominateur et agressif que l'Islam." Il l'a peut-être même été bien plus, mais je ne qualifierais pas le catholicisme de 2011 de violent et agressif. Je dirais plutôt qu'il est un peu "à côté de ses pompes".

Pour demeurer dans la nuance, distinguons les religions de leurs Eglises.

Et Semprun ?

La lettre de Jules Ferry me fait penser à des choses.

Si l'on descend un peu vers le bébé ?

Prenons un bébé dont les parents sont décédés, un bébé britanique par exemple, et plaçons-le dans une famille marocaine, musulmane et anaphabète . Que deviendra le bébé ? un musulman qui parle arabe.

Imaginons placer ce bébé en Israel, dans une riche famille pratiquante. Il sera juif parlant hébreux.

Imaginons le placer dans une famille boudhiste en Chine, ou en Inde...

Vous imaginez le résultat.

L'être humain, à sa naissance, est une page vierge.

C'est son entourage immédiat qui écrit dessus les premiers mots, les premières croyances, les prémices d'une identité future.

Quand il grandira, muni de ses facultés de discernement, il comprendra qu'il appartient aussi à la planète terre où l'humain s'éclate dans sa diversité qui fait la richesse de la civilisation humaine, mais aussi l'un des motifs pour s'affermir au dessus des autres. D'où conlits, guerres de survie, des intérêts vitaux...

Si la planète terre n'avait qu'une seule religion, une seule civilisation, une seule race, une seule ethnie, tout cela aurait tôt fait de disparaitre soit par ennui, soit par suicide collectif.

La diversité existe dans la nature : plusieurs saisons, la nuit et le jour avec une aube et un crépuscule, le chaud, le froid et le tiède, l'eau, le feu et la glace.

Elle existe dans le cosmos, mais aussi dans nos rêves et nos émotions.

La diversité est une miséricodre divine, ou de la nature, pour prévenir la folie qui guette tout immobilisme éternel dans une seule manière d'être ou de vivre, ou de penser, ou de croire...

Vive l'autre ! pour que je puisse vivre !

Citation :

une seule race

C'est pourtant le cas...

Oui, c'est le cas pour vous et pour moi aussi, ainsi que pour tous les intervenants.

Cependant, la réalité vécue un peu partout dans le monde contredit cette pensée noble.

abdel a écrit:

Oui, c'est le cas pour vous et pour moi aussi, ainsi que pour tous les intervenants.

Cependant, la réalité vécue un peu partout dans le monde contredit cette pensée noble.

Pouvez-vous éclaircir votre deuxième phrase ? J'ai suivi les échanges et j'avoue ne plus vous suivre.

Quelle réalité permet de dire qu'il y aurait plusieurs races ?

Des extrêmes droites en Europe véhiculent pas mal d'anciennes idées des races, qui n'ont normalement plus court aujourd'hui.

Dans certains lieux publics (des cafés, des restos) on vous toise de haut si votre race n'est pas si blanche, comme on catégorisait autrefois.

Marilou,

Si votre réaction est parfaitement logique et saine, je ne crois pas qu'il soit très utile, en tout cas pas très efficace, d'aborder la notion de race humaine pas la dénégation étonnée: Comment ? Des Races humaines ? Mais de quoi parlez-vous donc ?

Si la communauté scientifique a depuis longtemps renoncé à appliquer le concept de race à l'espèce humaine, s'il est donc parfaitement légitime de nier l'existence de races il n'en reste pas moins et c'est bien le drame qu'une quantité immense d'êtres humains considère cette notion comme une évidence!

Ils ont scientifiquement tort, mais des millions d'hommes et de femmes souffrent de cette erreur parce qu'elle fonctionne dans le corps social comme une réalité. On peut parler d'illusion du réel ou de vérité historique.

La question se reporte donc, et ce n'est pas rien, à la tolérance quant aux différences visibles ou moins visibles. C'est pourquoi le combat anti racistes rejoint les combats ( au risque de le diluer mais c'est un autre problème) pour l'égalité des sexes, contre l'homophobie, contre la discrimination des handicapés, et j'en passe. ( on a même vu apparaître en Europe une discrimination anti blondes, sommet de la bêtise, mais réalité au quotidien ! )

C'est une longue histoire qui pèse sur l'humanité, cette humanité qui dès son aube tribale fait que chaque tribu dans son coin se donne un nom qui signfie : humain. Les autres étant rejetés dans une définition plus ou moins animale ou légendaire.

Dans un de mes romans j'évoque l'espoir d'un vaste métissage qui atténuerait les traits distinctifs mais la remontée des communautarismes éloigne cet âge d'or de l'identité simplement humaine à laquelle vous faisiez, je crois, allusion avec raison et humanisme justement...

je suis tenté d'ajouter pour lier mon propos à des réflexions qui précèdent que la plupart des religions, ou du moins des cosmogonies, entérinent la notion de race et leur hiérarchisation. Hélas.