DEPECHE MODE : Delta Machine

Le dernier album est remarquable : DELTA MACHINE.

David Gahan : quelle voix !

Quels arrangements !

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« C'est un onyx, une pierre d'un noir brillant et profond qui, lorsque l'on s'y plonge, reflète vos propres peurs, vos angoisses et vos espoirs. Voilà ce que provoque l'écoute du dernier et 13e album studio de Depeche Mode... C'est fort, tendu, d'une formidable maîtrise.Depeche Mode est un groupe au sommet de son art, à l'octave de son existence. Prise de risque constante, remise en cause salvatrice, recherche, exploration des univers sonores encore inexplorés... "Delta Machine" en est flippant de maîtrise, à la fois intimiste et porté par un lyrisme introspectif, on n'en sort pas indemne. »

ACHAT CONSEILLÉ !

J'ai écouté le morceau intitulé Heaven mais décidément je me suis trop éloigné de la musique dite de variété pour être touché.

Cherchant à mieux comprendre, je venais de réécouter Les Variations Goldberg, j'ai perçu un élément d'opposition fondamental:

Le morceau Heaven est construit sur une petite mélodie très banale et fort plate qui est ensuite enrobée d'une série de strates d'arrangements divers ( dont certains ne sont pas l'oeuvre du groupe lui-même mais de professionnels de la chose) la voix du chanteur, expressive et prenante même s'il est parfois à la limite de la fausse note est une strate de plus et pas la moindre pour la séduction finale du produit.

L'ensemble finit par évoquer une complexité qui est en réalité une apparence.

Si on écoute le sublime thème initial des Variations Golberg on découvre en quelques notes d'une absolue nudité l'essence d'une musique qui parle directement à ce qui est le plus élevé en l'homme. Alors ? Les variations qui suivent sont-elles comme les couches successives qui sont passées sur le thème de Heaven pour le faire briller ? Eh bien non! Car Bach ne superpose pas, il ne masque pas et surtout il n'accumule pas, il décline en tonalité et en atmosphère avec toujours la même pureté absolue.

Et voilà ! Le génie c'est ça.

Amusante ta comparaison Jean-Pierre !

Je connais, enfin j'ai connu Les belles variations dont tu parles.

Je pense que nous sommes dans deux domaines totalement incomparables.

Le morceau Heaven est un bon morceau sans plus, mais il est loin de ressembler à quelques perles que j'ai réellement découvertes sur cet album.
C'est le morceau comme toujours un peu accrocheur que l'on fait entendre partout. Par contre les morceaux plus complexes et plus structurés (et il y en a sur cet album que l'on doit d'ailleurs réécouter plusieurs fois — un bon signe pour moi ! — pour percevoir certaines subtilités).

Même en musique électronique tu as donc réellement de très grandes richesses.

Je me doute bien que la musique rock (terme générique pour moi) électronique ou non n'est pas ta tasse de thé, mais tu as essayé de découvrir et c'est déjà pas mal du tout : que l'on aime ou non, c'est personnel évidemment.

Si je peux dénicher d'autres morceaux, je le ferai.

Tu sais dans la musique actuelle tu as de réels chef-d'oeuvre et le chef-d'oeuvre n'est pas lié exclusivement à la musique classique.

En général ce que l'on écoute en musique classique actuellement est quasiment toujours bon, mais dans la musique actuelle, c'est loin d'être le cas.

Un exemple : l'album DUMMY du groupe PORTISHEAD est un chef-d'oeuvre pour moi. Un de mes albums de chevet et pourtant on est dans le rock et plus particulièrement dans ce qu'on appelle le TRIP-HOP. Un des rares albums qui me met en mouvement sur le plan intérieur et émotionnel... les 6ème et 8ème morceaux... bons pour ma messe d'enterrement !!! J'ai écrit, je pense, un sujet sur ce groupe.

Il y a d'autres chefs-d'oeuvre comme ROCK BOTTOM de Robert Wyatt... du génie ce dernier musicien, mais dans un tout autre domaine que la musique classique.

Tu écoutes ces deux albums sur ta chaîne de rêve que je connais, tu fermes les yeux, tu ne fais que cela et tu verras poindre d'autres formes de génie ! Peut-être que tu n'aimeras pas, mais tu auras essayé...

Je suis assez ouvert, très ouvert à toutes les formes musicales (j'ai plus de difficultés avec l'opéra !).

Jean-Pierre, je pense qu'il faut appliquer aux différents genres musicaux la même approche que celle que tu as proposées pour les vins.

Comparer Depeche Mode à Bach, c'est probablement aussi peu pertinent que de vouloir juger la qualité d'un muscat sec d'Alsace en le comparant à un Chablis.

Une oeuvre musicale doit être évaluée par rapport au genre musical auquel il appartient. Au sein de chaque genre, on peut alors établir une hiérarchie en fonction de certains critères de qualité.

François a écrit:

Une oeuvre musicale doit être évaluée par rapport au genre musical auquel il appartient. Au sein de chaque genre, on peut alors établir une hiérarchie en fonction de certains critères de qualité.

Il me semble que c'est une piste très intéressante et même valable !

Pour cette raison que j'écrivais : « Je pense que nous sommes dans deux domaines totalement incomparables».

Je préfère laisser de côté la métaphore de François d'autant que je ne vois pas ce qui s'oppose à une comparaison muscat sec d'Alsace et Chablis !

Je suis bien d'avis qu'il serait préférable de ne pas mettre sur un même plan la musique populaire de variété et la musique dite classique. Cependant il m'avait semblé que Jipi rapprochait ces éléments si différents de deux façons:

Premièrement par l'usage. Jipi semble écouter une musique qui est peut être plus faite pour être entendue dans des circonstances sociales et festives, le concert de rock étant en lui-même une de ces circonstances.

Deuxièmement par la nature du discours: On trouve les mots "complexité", "subtilité", "mouvement intérieur et émotionnel".

En conséquence si deux musiques sont toutes deux écoutées ( j'allais dire religieusement) et qu'on attend d'elles intériorité, émotion et complexité je ne vois pas au nom de quoi on ne pourrait pas les comparer !

C'est ce que j'ai fait ( et pas seulement cette fois) et j'ai trouvé la comparaison cruelle.

Par contre, si on retrouve l'usage social et la finalité de telle ou telle musique populaire, elle peut fort bien retrouver sa valeur intrinsèque. Je crois en la matière que les jeunes gens que je connais sont dans une pratique pertinente de ce genre de musique: ils en jouissent sans autre forme de discours!

Cela dit tout cela est bien formel. Après tout chacun peut écouter ce qu'il aime écouter et mon intervention n'était rien d'autre qu'un vieux reste de prosélytisme dont la disparition totale me guette.

Jean-Pierre Poccioni a écrit:

Je préfère laisser de côté la métaphore de François d'autant que je ne vois pas ce qui s'oppose à une comparaison muscat sec d'Alsace et Chablis !
(...)
En conséquence si deux musiques sont toutes deux écoutées ( j'allais dire religieusement) et qu'on attend d'elles intériorité, émotion et complexité je ne vois pas au nom de quoi on ne pourrait pas les comparer !

Certes on peut toujours s'amuser à comparer, rien n'est interdit, mais tu nous as expliqué [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] comment déterminer si un vin est bon ou non.

Je voulais simplement dire qu'en musique (voire pour tous les arts) il faudrait peut-être procéder de la même façon.

Si tu trouves que ça ne fonctionne pas, dis-moi pourquoi.

Dans la méthode que tu proposes pour les vins, tu ne nous conseilles pas, pour déterminer si un Chablis est bon ou pas, de le comparer à un autre vin, autre cépage, autre terroir (et note que c'est tout à fait au hasard que j'ai pris l'exemple du Muscat d'Alsace, non pas que je le trouve intrinsèquement inférieur ou supérieur au Chablis, mais différent, ça oui.)

Alors, si le but ici est d'évaluer la qualité de l'album de Depeche Mode, pourquoi faudrait-il le comparer à une oeuvre de Bach qui de toute évidence n'est pas du même tonneau musical ?

Si par contre le but était de comparer les genres musicaux - ce que nous avons déjà fait dans d'autres discussions si je ne me trompe, mais ça ne me dérange pas qu'on y revienne - alors admettons que je n'ai rien dit.

Je ne vois pas en quoi mon topo sur l'art de déterminer la qualité d'un vin serait en contradiction avec le fait de comparer deux blancs secs !

De telle comparaisons sont fréquentes dans les clubs et les salons où l'on se préoccupe de confronter des vins de même destination gastronomique. C'est une autre finalité que celle qui consiste à savoir si tel muscat d'Alsace est formidable, bon ou médiocre auquel cas il suffira de tremper ses lèvres dans celui d'Ostertag ou de Colette Faller pour être fixé.

Pour ce qui est de cet album de DEPECHE MODE j'ai dit que cette comparaison, en grande partie discutable voire absurde, est née d'une communauté d'usage qui m'avait frappé.

Autrement dit, si j'utilise DEPECHE MODE pour trouver une émotion esthétique profonde, une stimulation intérieure ou me réjouir d'une structure complexe alors il est parfaitement légitime de citer d'autres oeuvres musicales susceptibles d'apporter ces mêmes éléments de plaisir sensible ou intellectuel.

Un fantaisiste qui déciderait d'organiser une soirée dansante avec des morceaux de Bartok ou de Poulenc pourrait se voir objecter qu'il existe mille groupes qui feraient mieux l'affaire. Cette fois-ci la musique dite classique serait prise en défaut de ne pas savoir tout faire.



Il me semble donc que je suis au plan du vin comme à celui de la musique parfaitement cohérent... sinon convainquant!

Jean-Pierre Poccioni a écrit:

Pour ce qui est de cet album de DEPECHE MODE j'ai dit que cette comparaison, en grande partie discutable voire absurde, est née d'une communauté d'usage qui m'avait frappé.

Autrement dit, si j'utilise DEPECHE MODE pour trouver une émotion esthétique profonde, une stimulation intérieure ou me réjouir d'une structure complexe alors il est parfaitement légitime de citer d'autres oeuvres musicales susceptibles d'apporter ces mêmes éléments de plaisir sensible ou intellectuel.

J'avais bien compris, rassure-toi, et loin de moi l'idée de trouver tes arguments contradictoires ou incohérents.

Alors tout est bien !

Bon dimanche à tous ( "tous" se dit pour deux ???)

Pourquoi pas « pour trois » ou « pour quatre » ?!!!

Parce qu'au moment où j'ai écrit il ne me semble pas que l'assemblée des membres présents dépassait deux personnes !

Pas m'oublier quand même !!! Mazette et saperlipopette !!!

Je continuerai la réflexion, mais je m'éclipse quelques heures !!!

En résumé je voulais dire que dans la musique rock, on peut trouver également des chefs-d'oeuvre comme les deux albums cités (Dummy de Portishead et Rock Bottom de Robert Wyatt), mais je peux en citer une dizaine d'autres.

Ces albums peuvent en effet être écoutés religieusement comme dans ma description faite plus haut. Albums tellement riches et complexes qu'à chaque écoute tu découvres du nouveau : indémodables.

Je répète néanmoins que la musique classique et la musique rock sont deux registres totalement incomparables (sans doute parce que les registres sont très différents).

Petite remarque :

1)J'apprécie de prendre le temps de les écouter en ne faisant que cela. Ces grands albums ne ressemblent en rien à la musique de variété que l'on écoute vaguement lors d'une soirée de danse ou d'un concert rock de seconde zone !

2) J'ai fait découvrir il y a un an cet album de Wyatt à mon fils... silence religieux et saisissement ! C'est tellement fort. Musique et chant de cet homme paralysé dans sa chaise à cause d'une connerie dans sa jeunesse.

Je crains fort que la discussion dépasse le plan des idées pour entrer largement dans celui des convictions intimes auquel cas il serait préférable de laisser chacun avec ses pratiques et émotions.

Une seule remarque: Sais-tu que ceux qui parlent comme tu le fais sont ceux qui ne vont presque jamais aux concerts classiques, boudent l'opéra et écoutent presque uniquement de la variété?

Les amateurs de musique classique sont généralement plus ouverts. Ils dansent sur des musiques de variété actuelles surtout quand ils sont jeunes, écoutent du jazz ou des musiques du monde mais réservent leurs émotions profondes aux vraiment grands.

Ton fils va souvent aux concerts classiques ? A l'Opéra ? Et toi même ?


PS : Pour la question des voix, c'est autre chose car il faudrait opposer voix "travaillée" et voix "naturelle" ce qui introduit à deux conceptions du chant radicalement différentes. Pour le coup on ne peut comparer la voix de Callas et celle d'Amstrong ! Dans le premier cas l'émotion passe par des canaux plus complexes qui sont souvent un obstacle pour les néophytes. Dans le second l'émotion est un flux plus direct, plus facile mais parfois, c'est le cas avec certains, véritablement touchant et fort.


PS2: pour les groupe et musiciens que tu cites, attendons quelques décennies pour juger de leur impact sur l'histoire de la musique. Ils ne seraient pas les premiers "génies" à sombrer dans le néant du temps alors que les Mozart, Beethoven ou Bach continuent à remplir les salles de concert du monde entier après des siècles !

Je ne vais pas souvent aux concerts classiques en effet, mais j'écoute.
Écouter semble suffire !

Je ne comprends pas trop bien ton discours comparatif.

Le danger d'un tel débat est de juger la qualité d'une oeuvre dans un genre en la comparant à une oeuvre d'un autre genre.

Je dis et je répète qu'il y a des chefs-d'oeuvre dans les diverses catégories : te le dire n'est-ce pas justement faire preuve d'esprit d'ouverture ?

Je dirais même de la plus grande ouverture ? Plus ouvert que ça tu meurs !!!

Comme je le disais la divergence est d'ordre émotionnel et donc les argumentaires s'y usent en vain.

Pas très grave d'autant que de ton ouverture je ne doute pas une seconde !

et Vive la musique dont l'écoute, tous genres confondus, vaut toujours mieux que les postures violentes qui envahissent le monde.

Jean-Pierre Poccioni a écrit:

Comme je le disais la divergence est d'ordre émotionnel et donc les argumentaires s'y usent en vain.

Pas très grave d'autant que de ton ouverture je ne doute pas une seconde !

et Vive la musique dont l'écoute, tous genres confondus, vaut toujours mieux que les postures violentes qui envahissent le monde.

On ne peut mieux dire cher Jean-Pierre !