Effet de mode ?

Hier après-midi, tandis que la foule se pressait pour l'exposition Monet au Grand Palais, je visitais, tranquille, dans des salles presque vides, la merveilleuse exposition consacrée à De Nittis.

Loin de moi l'idée de nier l'intérêt du génial Monet mais je ne puis m'empêcher de penser que cet esprit casanier du public est triste, d'autant qu'il règne ailleurs que dans les arts plastiques...

C'est d'autant plus désolant que je suis persuadé qu'une majorité des gens qui allaient voir Monet auraient adoré la peinture de De Nittis

Ps: En sortant de cette belle exposition, les yeux pleins des nuances colorées de De Nittis je me suis fourvoyé sur les Champs Elysées où est installé un des ces infects marchés dits de Noël où sous couvert de tradition ( laquelle ? ) on expose aux badauds la plus basse production commerciale, confiseries industrielles, bonnets et écharpes péruviens fabriqués à Taiwan, tout un fatras de laideur nimbé de l'odeur grasse des cabanes à frites certainement infectes elles-aussi.

De Nittis, un formidable artiste trop peu connu en France, il l’aurait sans doute été davantage s’il avait été français, aussi célèbre que Degas, Manet ou Caillebotte dont il est proche parent et non moins talentueux. Merci Jean-Pierre de nous rappeler cette belle exposition et cet artiste somptueux.

Il est regrettable qu’un battage publicitaire soit nécessaire pour motiver les foules. On connaît les slogans qui portent : pour la première fois sorti des collections. On ne verra plus jamais… Arguments efficaces lorsqu’on voit les files d’attente au portillon et le temps de patience avant de pouvoir le franchir. Pourtant, il aurait parfois suffi de pénétrer dans le musée d’à côté pour découvrir des œuvres majeures de l’artiste soudain sorti de l’indifférence par la magie du marketing.

... J'aime (oh combien!) le post scriptum de Jean Pierre Poccioni concernant les marchés dits "de Noël" : je trouve dans cette forme d'expression critique (en laquelle je me sens "comme en pays de naissance et de jeunesse")... Quelque chose dirais-je "d'un peu Yugcibien sur les bords"!

" Yugcibien sur les bords" ?

Je ne rejette pas l'adjectif s'il fait référence à l'esprit critique sans fard, sans cette molle prudence de jésuite, cette façon cauteleuse de faire croire qu'on est rebelle tout en ménageant ses arrières, en préparant le retournement de veste au cas où, bref nommer chat un chat et merde de la merde !

Et puis comment nier que les membres de Passion des mots ont obligatoirement quelque chose en commun, même si certains sont plus "yugcibien" que d'autres ?

Au passage, quel avantage que le pseudo! Dont chacun ici, je crois, sait que je ne l'aime guère. On peut le choisir, ou le découvrir après coup, propice à la création d'un adjectif associé! J'ai bien essayé "Poccionien" ou " Poccionesque" force est de constater l' évidente médiocrité phonétique du résultat.


PS: Ce qui fait que Nina Padilha a bien tort de nous fuir parce que " Padilhien" est vraiment très chic !

Monet, le "grand et génial" Monet... Et tous ces géants de la peinture (classique ou moderne) qui, pour certains d'entre eux soit dit en passant furent de leur vivant rejetés ou méconnus... Sont aujourd'hui dans l'esprit des gens, des sortes de modèles, La référence suprême, le génie immortalisé et que sais-je encore!
Mais surtout, surtout... Une affaire commerciale! Et que ça s'achète, se vend, se lègue, se contreface!
Il en est de même de tous les autres "géants" de la musique, de la littérature, de l'architecture, et aussi de la science et des techniques.
C'est fou ce que l'esprit du monde, soutenu par les éminences grises, le pouvoir, les gouvernants, les modes et les médias... Est présent, inaliénable, dominateur!
Cet artiste, De Nittis, dont les oeuvres sont exposées dans une salle si peu fréquentée, au Grand Palais, ne sera peut-être jamais "inhumé" au Panthéon de la Consécration Universelle, tout comme tant et tant d'autres artistes d'ailleurs...
Que ce soit quelque "panthéon" ou lieu de culte, ou de lieu célèbre de mémoire et de prestige, c'est bien là comme une balançoire de foire!
Mais le vertige, le vertige absolu, celui qui emporte l'artiste, n'est pas dans la nacelle à cent pieds au dessus de la fête!
Le vertige, il est dans la rage, dans la passion, dans le travail, dans la fièvre, dans la quête sans fin, dans le pourquoi et dans le comment et sans peut-être même dans le savoir pour qui... De la création, de l'oeuvre.
... Merci au monsieur ou à la dame ou à l'association ou à tous ces gens qui, en coulisse le plus souvent, préparent, aménagent des salles, afin que l'on y découvre les artistes qui ont le vertige dans leur vie avant de l'avoir éventuellement et aléatoirement dans quelque balançoire à cent pieds au dessus de la fête...