Enseignement secondaire et philosophie...
Bonjour à tous,
J’inaugure mon inscription sur ce forum par un premier post sur un sujet qui me trotte dans la tête depuis un certain temps. L’importance croissante d’un cours de philosophie dans l’enseignement secondaire belge.
Petit état des lieux pour commencer.
D’après ce que je sais , les seules écoles à dispenser un cours de philosophie sont des écoles privées ou spéciales, comme, par exemple, l’école européenne , ou les lycées français présents en Belgique.
( certaines écoles comme celles de la pédagogie Decroly en ont peut être un à leur programme ? Je n’ai aucune information concernant ces écoles minoritaires )
Cette absence de cours de philosophie ne signifie pas l’absence totale d’un enseignement philosophique car d’autres cours, principalement le cours de Français et le cours de religion/morale , intègrent des bribes de philosophie dans leur programme ( initiative des enseignants ou directive du programme lui-même ? )
Pour ma part, je suis sorti de l’enseignement secondaire catholique il y a un peu plus de 3 ans et , bien que mon cursus contenait quelques idées philosophiques disséminées de part et d’autres de différents cours ( Français, Religon essentiellement) , je trouve que cela reste très insuffisant. J’en suis venu à penser qu’un cours de philosophie à part entière , et cela , au moins pendant les 3 dernières années du secondaire, serait vraiment une bonne chose.
Plusieurs raisons me viennent à l’esprit pour justifier cette idée :
La première : Nous sommes dans un époque de choc culturel très important. La population en Belgique (et en France) est vraiment multiculturelle, rien de nouveau de ce côté, mais les difficultés de communication entre différentes cultures portent en grosse partie sur des problèmes éthiques. Or, à part la minorité d’intellectuels qui prennent part aux débats, surtout au niveau politique, il me semble que la génération montante ne pourrait que bénéficier d’une meilleure formation en matière d’esprit critique. Je pense qu’on ne peut pas comprendre une autre culture, ainsi que les conflits et problèmes culturels avec son coeur. Les sentiments mènent plus souvent au racisme qu’à l’ouverture. Après tout le rejet de la différence et de l’inconnu, qui font peur, est un mécanisme naturel de défense... le racisme en est un excès dans la plupard des cas je pense. D’ou l’utilité d’un cours qui montrerait la voie d’une certaine objectivité et une certaine vision de toute une série de problèmes, vision qui se voudrait neutre et dégagée de tout contenu émotionnel. Ceci me semble important surtout dans cette période ou le 11 septembre et le terrorisme ont probablement marqué l’inconscient collectif d’un traumatisme plus profond qu’on ne l’imagine. Il me parait impératif de donner aux nouvelles générations les moyens intellectuels d’une réflection objective et respectueuse de tous, et les moyens de faire face à l’intense flot émotionnel qui parfois nous engloutit face à ces problématiques et qui noie la raison. Je rajoute à cela que , de toute façon, ces outils serviront à toute une série d’autres domaines et réflexions.
La deuxième : Je pense que notre époque, pour la nouvelle génération (et pour les autres ? ) est une époque de doute et d’incertitudes. Toute une série de structures , la plupard très anciennes, s’écroulent ou ne sont déjà plus que des vestiges du passé. L’époque est à la destruction des valeurs et à la remise en cause , destruction qui prend ses origines notamment, je suppose, dans la révolution de mai 68.L’état actuel des choses me semble celui ci :
La grosse machine qu’est la société continue à tourner à plein régime, apportant des modifications au passage, mais ne ralentissant aucunement son rythme qui au contraire semble aller de plus en plus vite. En même temps, de nombreux repères de nos parents et de nos grands parents semblent avoir disparu. La société donne de plus en plus l’impression d’être une machine féroce qui broie ceux qui n’arrivent pas à s’insérer dans ses rouages. Les repères du catholicisme, qui ont servi de pilier à beaucoup de choses , perdent de plus en plus leur importance et leur influence, surtout en matière de famille, de relations de couple, d’amour etc... qui sont des parties importantes dans la vie d’un individu. La dépression, qui est vraiment le mal de se siècle, prend racine notamment dans ces problèmes. Actuellement il faut réussir, ce n’est pas un droit mais un impératif. L’individu se doit d’etre combattif et individualiste, responsable de sa vie et de lui même , autonome. Tant d’exigences alors que nous avons détruit tant de repères et rien reconstruit encore... tant d’exigences alors que nous n’avons plus rien pour nous appuyer.
Je ne vais pas entrer dans les détails mais je pense que la philosophie est un des outils irremplaçables qui permet de reconstruire, repenser et recréer des valeurs, des règles, des idéaux , de sa placer soi-même dans tous cela etc... Et la génération montante me semble manquer cruellement de moyens pour faire face au chaos.
J’en rajouterais une troisième qui est le fait déjà évoqué par beaucoup d’autres que avoir un cours de philosophie ne serait pas une mauvaise chose pour préparer les gens un petit peu mieux aux études supérieures, et spécialement à l’université et à ses cours nettement plus abstraits que ceux des graduats.
Voila, ces quelques points ne sont certainement pas exhaustifs mais je pense que ils sont néanmoins importants. Cela fait longtemps que je pense à ce cours de philo en secondaire. Quand je vois le programme de philosophie pour le bac français, je suis toujours émerveillé de voir tout ce qu’il contient et je pense que la Belgique devrait vraiment suivre cet exemple. Je rajoute que la pédagogie n’est pas mon secteur et que j’ai certainement dit quelques bétises
n'hésitez pas à me corriger. Vu que nous avons un professeur de français belge parmi nous, que rêver de mieux pour lancer ce débat. Autre chose aussi : en 2002 il y avait eu un débat sur le sujet avec une proposition du ministre Hasquin, est-ce que cette proposition a eu des suites ?