Quand une société, quelle qu’elle soit, joue la politique de l’autruche en ignorant ses exclus depuis de nombreuses années, on ne peut que comprendre l’esprit de révolte d’une population laissée pour compte (elle manque de logements, elle souffre d'une discrimination à l'emploi...). Il fut trop facile de considérer ces banlieusards (remarquez d’ailleurs la connotation assez négative du terme !) comme des boucs émissaires de nombreuses misères de la France.
Je ne cautionne absolument pas la violence utilisée. Je la condamne même totalement, car elle ne sera jamais un moyen judicieux pour parvenir à une fin juste (certains actes de violence sont même criminels et relèvent de la provocation pure). Mais il n’empêche que la rage actuelle est un signe majeur qu’il est indispensable d’enfin analyser dans un esprit d’attention à l’autre qui mérite d’être respecté.
Il est de l’intérêt de toutes les parties en présence de freiner le langage de la répression (même s’il convient que la violence cesse au plus vite) et d’adopter une attitude d’ouverture franche aux problèmes réellement vécus par une partie importante de la population française.
Une société qui n’attache un certain prix qu’au monde de l’avoir au détriment de l’être court à sa perte, car, à long terme, elle mourra de ne pas avoir compris que chacun de ses membres mérite d’être considéré à sa juste valeur... à la mesure de la valeur humaine : tous les hommes doivent coexister dans le bateau de la vie où chacun doit pouvoir vivre dignement.
Je tiens aussi à souligner que si les ghettos sont moins nombreux dans mon pays qu'en France, la Belgique possède aussi ses cadavres dans le placard dont elle ne doit sans doute pas être trop fière, car la misère et l'exclusion y sont bien présentes et ma Belgique a trop tendance, comme de nombreux autres pays, à fermer parfois les yeux...