Le nouveau livre de Guy Sembic

Je suis heureux de vous annoncer la sortie du dernier livre de notre membre Guy Sembic (pseudonyme : Yugcib).


Pour information :

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] est un  recueil de textes, récits et nouvelles, publié chez EDILIVRE
(385 pages format poche édition imprimée avec couverture, ou édition numérique).

En cliquant sur le lien du titre vous découvrirez des informations sur l'auteur et les modalités pratiques.

Il est possible de découvrir également deux extraits.


Petite réflexion de Jean-Pierre Leclercq sur les oeuvres anciennes de Guy Sembic :

J'ai découvert, dans le passé, de nombreux textes de Guy Sembic. Je fus toujours étonné par le foisonnement poétique de son écriture qui se libère de nombreux clichés. Son oeuvre est traversée par les incertitudes de l'homme transcendées par un langage souvent étonnant et une réflexion à la fois drôle, ironique et intelligente. L'ensemble déroute parfois (pour le bonheur du lecteur qui ne cherche pas l'évidence) : délires du sens et  fleuve fou de métaphores et mots bousculants. On n'est jamais indifférent aux troubles offerts au lecteur par Guy Sembic. L'étonnement lucide qu'il procure est une de ses forces à la fois sur le plan de l' écriture et celui des sens jamais révélés totalement. Dans le fond, quand on lit Guy Sembic, on arrête souvent sa lecture, on dépose le livre et l'on contemple la folie inscrite dans nos rêves.

... Juste une "toute petite erreur" -sans gravité- (rire)... dans le "libellé" du lien : lire en effet "Paroles et Visages" au lieu de "paroles et paysages"...

CORRIGÉ

... N'empêche que Paroles et Paysages aurait pu être aussi bien le titre de ce livre... En effet dans mon esprit, les visages peuvent être comme des paysages... Des paysages vivants, animés et "marqués d'histoire"... troublés... ou envahis... ou encore "squattés" sinon même parfois "violés" par le regard, le regard de l'observateur, du curieux, du "voyeur"... ou de l'amoureux...

Je placerai ici de temps à autre une sélection de quelques textes de l'ouvrage de Guy Sembic.
Textes que j'ai appréciés et qui sont marqués par une évidente qualité littéraire.

Pluie magique

Pluie d’après midi d’été en ville… Jeunes femmes
ravissantes, croisées très chic dans de petits
imperméables clairs, sans lunettes de soleil, le col
relevé, le visage mouillé, notes cristallines des talons
aiguille sur les pavés de la rue piétonne, visages îles de
fleurs, gouttelettes coquines glissant sur les ailes du
nez…
Il s’en faudrait de peu d’un effleurement du bout
des doigts à cet endroit de la nuque où le coiffeur
s’arrête, il s’en faudrait de si peu de quelque inspiration
subite laissant éclore des mots magiques, des mots
pour rire, des mots vertige…
Etrange symphonie de ces musiques jaillies d’une
source plus magique encore que cette pluie d’après
midi en ville…
La source, venue de la montagne des rêves…

Voici un texte agréable dont l'impressionnisme s'accorde bien avec la forme joliment surannée, une méditation poétique sur un quotidien que beaucoup cessent de voir faute de le regarder.

Merci Jean Pierre, merci Jipi pour vos commentaires...
Juste une petite précision au sujet de mon dernier livre Paroles et Visages : j'ai choisi le même titre que celui de mon blog qui s'intitule aussi "Paroles et Visages", un blog que j'ai ouvert en février 2010, sur Sud Ouest et qui comporte bon nombre de rubriques, entre autres de mes textes mis en voix, de mes dessins, de quelques photos, de sujets d'actualité, de livres que j'ai lus et que je commente à ma manière... J'accompagne parfois mes notes, textes, articles, d'images, de dessins, de photos...

En fait je me rends compte que tu es souvent le meilleur quand tu es plus proche de la concision (qui permet d'éviter la dilution)...
Voir le texte que j'ai placé et qui est vraiment très bon.

Je viens de terminer deux gros romans intéressants mais qui auraient gagné à plus de resserrement. Autrement dit presque tout auteur ( "presque" à cause de gens comme Proust, Richard Millet et quelques autres...) doit s'efforcer à la concision.
Se demander sans cesse si telle phrase, telle digression, tel chapitre même est nécessaire. Se demander s'il est tellement utile de répéter, d'user de redondance pour donner force au propos. Le propos est fort ou ne l'est pas, répéter n'y changera rien! Je me souviens de Jane Strick mon éditrice chez Phébus et de son obsession de l'élagage !

Comme Jipi je préfère le Guy Sembic qui parle net et droit que le Guy Sembic qu'emporte un certain vertige de la logorrhée même si celui-ci est une aspiration commune à beaucoup d'écrivains.

J'ai déjà exprimé cette idée mais les conseils n'est-ce pas...

... Je dirais de la logorrhée que c'est "une sorte de cancer de la littérature" ! ... Et que la "chimiothérapie" que je m'administre suit à peu près la même évolution que celle de la chimiothérapie pour traiter le cancer entre 1980 et 2015... En gros, en 1980 on était "malade à en crever" à chaque fois (ça faisait plus de mal que de bien et pour finir on crevait quand même et pas forcément du cancer lui-même)... mais en 2015 on est "un peu moins malade" à chaque séance de chimio" et il y a quelques progrès... Même si l'on meurt encore, cette fois, du cancer lui-même...

C'est donc avec cette bouffée d'optimisme joyeux que je vais commencer ma journée !

Autre texte intéressant :

Poison des mots


Les mots vils
Les mots acides
les mots perfides
Les mots sans vie
Les mots amers
Les mots qui crient et qui pètent
Les mots inutiles
Les mots pour arranger
Les mots trompeurs
Les mots menteurs
Les mots en supernova
Les mots en jolie pochette à la veste de son costume
Les mots du sexe cru et nu
Les mots crevettes qui puent
Et tous ces mots à propos de tous les maux
Et tous ces mots que l’on ne dit jamais
Que l’on n’entend jamais.
Ces mots qui claquent comme des coups de fouet sur
le dos des ânes et des chevaux rétifs
Ces mots de la guerre et des passions exacerbées
Ces mots portés à bout de voix tels des étendards
Ces mots en cortèges ou en processions
Ces mots mille fois scandés et hurlés
Ces mots d’ennemour
Ces mots d’une si grande Une à la Une mais d’une
si courte saison
Ah qu’il s’en dit qu’il s’en écrit de ces mots
Mais faut-il les bannir tous ces mots
Faut-il en user de certains
Inutiles
Ou oeuvre d’écriture
Mais ne blessant que les poisonneurs

... Une précision cependant :

"Et tous ces mots que l'on ne dit jamais
Que l'on n'entend jamais"

Ce sont justement ces mots-là, que l'on ne dit jamais, qu'il faudrait dire... Et que, soit dit en passant, l'on dit... enfin mais trop tard... quand les gens sont morts... Ces gens qui auraient bien aimé les entendre de leur vivant, ces mots...

"Et tous ces mots à propos de tous les maux"

C'est bien là ce qui est ordinaire et si courant, si habituel, et... si martelant, dis-je... de ces mots que l'on dit et écrit, à propos de tout "ce qui ne va pas", de ce que l'on déplore,de ce que l'on fustige,de ce que l'on refuse... Qu'il faut bien dire oui, mais pas comme avec une kalachnikov qui crépite avec en plus la baïonnette au canon !

"Ces mots d'ennemour"

"ennemour" : l'un de mes néologismes. Ces "mots d'ennemour" sont des mots qui ne sont pas des mots de haine ou de "non-amour"... Mais plutôt des mots de "faux amour" (imitant à s'y méprendre, l'amour... Une parodie de l'amour en somme).

"Faut-il les bannir tous ces mots"

Tous ces mots, soit les inutiles comme ceux qui seraient "œuvre d'écriture" ?
Je pense là, à la liberté de s'exprimer (à sa manière et donc, pas forcément avec le meilleur effet)... Autant dire "on en prend et on en laisse"...
... Si seulement la liberté que l'on prend à s'exprimer (à sa manière)... Ne pouvait blesser que les arrogants et les écorcheurs qui eux, passent leur temps à écorcher les autres...
Si seulement la liberté que l'on prend à s'exprimer, c'était autre chose que de répondre à la violence par la violence, à la haine par la haine, au fanatisme par le fanatisme !...

Attention, l’art contemporain est devenu l’art du discours. Aucune œuvre exposée ne peut trouver son sens, aucune « installation » n’est intelligible, si elle est privée de sa glose explicative du genre ceci représente cela etc.
La littérature est restée indemne de cette tare si l’on excepte la désastreuse et heureusement révolue période du nouveau roman qui n’était rien d’autre que la version littéraire de la posture conceptuelle des artistes contemporains.
Je souhaite qu’il en soit ainsi et que les textes comme toutes les œuvres soient offerts sans commentaire explicatif.
Ensuite que tel ou tel avance son interprétation, c’est autre chose. Autrement dit réservons les notices explicatives aux aspirateurs et consacrons, si nous sommes inspirés par elles et si elles le méritent, nos réflexions et digressions aux œuvres.

C'est d'autant plus pertinent que Poison des mots est tout de même un texte très simple!

Jean-Pierre Poccioni a écrit:

Attention, l’art contemporain est devenu l’art du discours. Aucune œuvre exposée ne peut trouver son sens, aucune « installation » n’est intelligible, si elle est privée de sa glose explicative du genre ceci représente cela etc.
La littérature est restée indemne de cette tare si l’on excepte la désastreuse et heureusement révolue période du nouveau roman qui n’était rien d’autre que la version littéraire de la posture conceptuelle des artistes contemporains.

D'accord avec le discours inutile en art contemporain. L'art contemporain aime utiliser des explications intellectualisantes sur son propre travail :  c'est désastreux. Yugci n'a pas besoin d'expliquer sauf si on lui pose une question (on a convenu la même chose avec mes photographies).

Pas du tout d'accord avec ta réflexion sur le Nouveau Roman qui représente une remarquable ouverture qui a fait avancer la littérature (on ne va pas en reparler : tu connais aussi ma position sur ce sujet. Mais puisque tu enfonces à nouveau le clou !). Sans le Nouveau Roman et d'autres expériences, la littérature ne serait devenue qu'une fiction (ce qu'elle est malheureusement devenue pour les écrivains médiocres). Mais bon il faut aussi avoir lu de nombreux nouveaux romans, ce que je peux me vanter d'avoir fait (la plupart ont lu deux ou trois nouveaux romans et encore !!!). Je suis hors sujet, mais tu étais hors sujet : on ne parle pas du nouveau roman ici !). On en reparle longuement ailleurs.

Et Yugcib que pense-t-il de cette remarque qui, j'insiste, n'avait rien de bien méchant!

Si, au nom des limites du thème, on ne peut plus utiliser le principe de l'analogie pour illustrer un discours, principe qui est la caractéristique d'une pensée fondée sur une culture, alors j'ai bien peur que nous sombrions dans le propos commun pour ne pas dire sans aucun intérêt !

Personnellement j'adore cette richesse de la conversation qui fait qu'autour d'une idée d'autres idées s'invitent qui viennent fertiliser la pensée et élargir l'horizon des esprits.

Que ces digressions ne deviennent pas le sujet principal certes,  mais les bannir systématiquement a un côté rigide qui me choque.  



PS : Sacré Jipi qui sera bientôt le dernier défenseur du nouveau roman !

Jean-Pierre Poccioni a écrit:

Sacré Jipi qui sera bientôt le dernier défenseur du nouveau roman !

Pas du tout ! Dans mes relations littéraires nous sommes pas mal d'adeptes.
J'ai même acheté il y deux ou trois ans, sous les conseils d'un ami féru de littérature qualité, un DVD (vidéo) révélant les derniers entretiens de Benoît Peeters avec Alain Robbe-Grillet. Le discours de Robbe-Grillet (notamment dans Pour un Nouveau Roman et dans ces entretiens) est un des rares discours, lié à la littérature, qui m'excite encore sur le plan intellectuel . Intelligence brillante.

... Je pense, après coup, qu'il n'y avait aucune nécessité à ce que je donne à mon texte une explication... Je n'apporterai par la suite de remarque ou de précision, que si on me le demande.

Yugcib,

Dans mon esprit la question n'était pas de la nécessité mais de l'éventuel brouillage introduit par le discours qui pourrait donner l'impression qu'il est indispensable à la compréhension alors qu'il limite au contraire l'envol de l'imaginaire. Votre texte n'a aucun besoin d'être commenté et se tient droit tout seul!

Jipi,

Tu lis souvent Claude Simon ?