Pour ceux qui souhaitent ne pas rester soumis à leurs impressions quand ils sont face à une image ( photographie ou tableau) l'excellent livre de Georges Didi-Huberman : Devant l'image aux Editions de Minuit.
Certes, ce livre assez gros ( 324 pages denses) et plutôt difficile demande un effort et sans doute quelques bases philosophiques élémentaires ( non indispensables mais préférables) mais il arrive dans la vie d'un intellectuel digne de ce nom que l'effort s'impose comme passage obligé. Celui qui en est incapable ou le refuse risque de stagner ce qui, chacun le sait, implique très vite la régression que vivent tant et tant d'individus qui ont passé la quarantaine, sans qu'ils s'en rendent compte !
-Présentation de l'éditeur-
Ce livre développe une question critique posée et reposée à nos certitudes devant l'image. Comment regardons-nous ? Pas seulement avec les yeux, pas seulement avec notre regard. Voir rime avec savoir, ce qui nous suggère que l'oeil sauvage n'existe pas, et que nous embrassons aussi les images avec des mots, avec des procédures de connaissance, avec des catégories de pensée. D'où viennent-elles, ces catégories ? C'est la question posée ici à la discipline de l'histoire de l'art, dont le développement actuel - la finesse de ses outils, son impressionnante capacité d'érudition, sa prétention scientifique, son rôle dans le marché de l'art - semble autoriser le ton de certitude si souvent adopté par les professionnels de l'art, les savants de l'image. Or, qu'est-ce qu'un savoir lorsque le savoir porte sur ce Protée que l'on nomme une image ? La question exige de mettre à jour la « philosophie spontanée » ou les modèles discursifs mis en jeu lorsque nous cherchons, devant un tableau ou une sculpture, à en tirer, voire à en soutirer une connaissance. Entre voir et savoir se glissent bien souvent des mots magiques, les philtres d'une connaissance illusoire : ils résolvent les problèmes, donnent l'impression de comprendre. Ces mots magiques, Vasari, le premier historien de l'art, au XVIe siècle, en a inventé de fameux, qui traînent encore dans notre vocabulaire. Panofsky, le « réformateur » de l'histoire de l'art, au XXe siècle, les a critiqués dans un sens, à l'aide d'un outil philosophique considérable - la critique kantienne de la connaissance -, mais il les a restaurés dans un autre sens, au nom de l'humanisme et d'un concept encore classique de la représentation.