Connaissez-vous Robert Walser ?
Je relis en ce moment Le Brigand, son grand roman posthume, et retrouve cette extraordinaire vision du quotidien magnifié par une écriture dont la poésie est littéralement indicible.
On songe en lisant Le Brigand à Vie et opinions de Tristram Shandy où le narrateur aurait progressé vers la pureté d’un regard sur le monde qui décèle en chaque fissure l’essentiel.
Une littérature dont l’originalité est tout simplement stupéfiante.
Voici un court extrait d'un soliloque du brigand...
"La vie dit : « Je n’ai pas besoin de vous » et je crois qu’elle a raison : l’école doit prendre soin d’elle-même, l’école doit s’efforcer d’être en tout point, et donc uniquement l’école. La vie a son propre fonds pour l’éternité, sa propre, éternelle et difficilement explicable destination. L’école n’a pas pour tâche de comprendre la vie et de l’intégrer dans l’éducation. L’éducation de la vie, c’est la vie qui s’en chargera et ce sera toujours bien assez tôt. Si l’école est à son propre service, qu’elle instruit les enfants uniquement dans son esprit à elle, la vie trouvera des enfants de ce genre beaucoup plus intéressants et les prendra peut-être dans ses bras, leur fera davantage connaître ses richesses."
Robert Walser Le brigand, L'imaginaire, Gallimard.