Les rêves dansants de Pina Bausch

J'ai regardé sur Arte le documentaire qu'Anne Linsel a réalisé sur le spectacle de Pina Bausch: Kontakthof.

La chorégraphe qui avait déjà repris ce spectacle avec des danseurs de plus de 65 ans l'a réalisé cette fois avec des adolescents de 14 à 18 ans qui n'avaient jamais fait de danse et n'étaient jamais montés sur une scène.

Je ne parlerai ni du charisme lumineux de Pina Bausch dont chacun sait qu'elle est ce que l'humain et l'art peuvent exprimer de plus haut, ni de la caméra intelligente et précise d'Anne Linsel mais des adolescents eux-mêmes.

J'ignore si ce sont des illettrés comme tous les jeunes de notre époque, parait-il, mais je sais que leur engagement, leur prise de risque, leur pureté m'ont profondément touché.

Ce documentaire et donc l'entreprise de Pina Bausch montrent que l'humain ne vaut que par la confiance qu'on lui accorde et la foi qu'on lui insuffle. Notre monde ne propose aux jeunes que fadaises et produits mercantiles. Qu'il ne s'étonne pas de ne récolter que médiocrité et fausses valeurs.

Ce film est aussi la preuve s'il en était que les sauveurs seront les artistes et non les scientifiques ou les économistes et encore moins les politiques. Certes les artistes ne sont pas tous aussi géniaux que Pina Bausch et les jeunes ne peuvent espérer tous de tels mentors; certes tous les jeunes gens ne sont pas de cette eau, mais le fait demeure et fait du bien.

Ce film m'a tenu éveillé dans la nuit. Longtemps devant la petite part de responsabilité du modeste créateur que je suis tout de même, j'ai réfléchi encore et encore à l'ineffable suprématie de ce que, faute d'un autre mot, j'appellerais l'âme des gens.

L'âme dont Ferré disait pourtant que celles de certaines personnes l'empêcheraient toujours de croire en Dieu !

Jean-Pierre, tu m'as devancé.

Cette artiste est merveilleuse.

Elle a influencé en partie mon travail de mise en scène et mon ami Guy Ramet avait aussi une grande admiration pour elle (je voyais des liens entre les deux approches : Ramet-Bausch). Voir aussi la critique que j'ai faite l'année passée : film splendide de Wenders sur Pina Bausch .

Je n'ai vu que des extraits : malheureusement. Je voulais voir, mais je n'ai pas pu.

Tu avais parlé du film en des termes tels que j'ai commandé le DVD. Bien sûr ce n'est pas le film en salle mais j'ai une excellente installation audio/video.

Pour la petite histoire je suis d'autant plus sensible que mon prochain roman fait une place à un autre film de Wim Wenders sur un autre artiste, certes pas de l'envergure de Pina mais intéressant, le couturier Yamamoto.

Je constate que nous continuons à avoir des influences réciproques positives !

Blague à part, as-tu déjà vu le film de Wenders ou est-ce une acquisition récente ?

Ce film fut un régal pour moi.


PS : Tu fais allusion à quel film de Wenders ?

Je n'ai pas encore regardé le film sur Pina B.

L'autre film c'est : Carnet de notes sur vêtements et ville.

Ah ! Tu vas voir : un grand moment que ce film de Wenders sur la chorégraphe.

Un respect sublime de l'oeuvre et en même temps une vision personnelle...

Merci pour l'autre info !

Je me suis également procuré Pina de Wim Wenders et j'attends un moment propice pour le visionner, sachant qu'a priori ce n'est pas le genre de film qui m'attire mais ce que j'en ai lu et entendu ici et ailleurs m'ont quand même donné envie de le voir.

Verdict d'ici peu.

Vous devez le voir dans de bonnes conditions et ne faire que cela pour vous laissez véritablement envoûté par la puissance de la chorégraphie, de la mise en scène de Wenders, de la musique (magnifique)...

Je crois, très honnêtement, que c'est le documentaire qui m'a le plus marqué dans ma vie, car ce n'est pas un documentaire au sens habituel du mot... et pour d'autres raisons plus personnelles (voir notamment mon travail de mise en scène).

Bref, je n'en dis pas plus !

Alors le voir dans son format original, en 3D.