HONTE À UNE CERTAINE JUSTICE FRANÇAISE : PRÉSUMÉ COUPABLE

Je reconnais que ce titre est provocateur. Il pourrait d'ailleurs s'appliquer à la justice belge aussi ou à d'autres parties du monde.

Je viens d'aller voir le film PRÉSUMÉ COUPABLE de Vincent Garenq.

Ce film raconte le calvaire d'Alain Marécaux (huissier de justice) lié à l'affaire d'Outreau : il fut arrêté en 2001 ainsi que sa femme et 12 autres personnes pour des actes de pédophilie qu'ils n'avaient jamais commis.

Autant je n'irai sans doute pas voir « Omar m'a tué » qui me semble moins honnête, autant je tenais à découvrir ce film-ci dont je n'ai pas trop envie de parler en fait, car je suis sorti de la salle révolté et impuissant face à certaines ignominies de l'injustice : un juge incompétent et minable qui fait de l'excès de zèle en condamnant sans preuves sérieuses.

L'interprétation de Philippe Torreton est remarquable.

Le film, très bon, me semble honnête et sincère.

C'est aussi le portrait d'une certaine police dont on perçoit bien la frustration de certains de ses membres. Quand je vois ces comportements en France (qui existent également en Belgique), je me dis que nous ne sommes pas loin parfois d'un état de droite pure et dure. C'est aussi le procès de certains juges, assistants sociaux, etc.

Voilà... je suis sorti et je me suis dit : « Hier on a exécuté un noir peut-être innocent aux USA. Ici, dans le cas de l'affaire d'Outreau, une dizaine de familles ont été détruites par l'incompétence d'un juge qui s'en assez bien sorti finalement. Toutes ces familles ont vécu des divorces, des suicides, des drames personnels épouvantables. Je me suis senti senti en pleine révolte et tellement impuissant. Le monde continue de tourner, mais que faisons-nous... Qu'est-ce que je fais avec mon cul sur ma chaise en train de voir ce film et de vous écrire maintenant. Si peu, par grande impuissance.»

Mais il fallait que cela se sache et le film est, dit-on, d'une fidélité exemplaire par rapport au livre d'Alain Marécaux.

Un film sobre et cela est déjà très important.

Je pense qu'il faut le voir... même si certains pourront toujours discuter de l'opportunité de ce film.

Personne n'a vu le film parmi la docte et auguste assemblée de Passion des Mots ?

C'est le genre de film qui m'intéresse - tout en me rendant fou parce que les erreurs judiciaires sont des choses que je ne parviens pas à digérer - mais pas nécessairement sur grand écran. J'attendrai qu'il soit louable en DVD ou "film à la demande" chez mon distributeur TV, ce qui à mon avis ne tardera pas trop.

Je comprends ton point de vue François.

D'autant plus qu'il m'a fallu quelques heures pour m'en remettre....

Je n'ai pas vu ce film mais une expression me dérange, c'est ERREUR JUDICIAIRE.

Ne doit-on pas faire la nuance entre la véritable erreur, c'est-à-dire l'esprit qui honnêtement prend pour vrai ce qui ne l'est pas et un certain aveuglement idéologique : postuler que des enfants ne peuvent que dire la vérité, par exemple ?

Je songe à Giselle Halimi, qui est loin d'être sotte, déclarant au sujet de l'affaire DSK : " Comment peut-on imaginer que cette femme de ménage puisse mentir"

Se trompe-t-elle ou est-elle emportée par ses idées, aussi justes soient-elles, comme beaucoup de féministes qui dans cette affaire on perdu leur sang froid et leur faculté d'analyse.

Les "accusés" d'Outreau avaient un bon profil de coupables, comme DSK ( Séducteur macho, sans détours ni scrupules. ) avait pour beaucoup le profil d'un violeur ( ce qui prouve au passage que la plupart des gens n'ont aucune notion de la psychologie du violeur)

Avec l'affaire d'Outreau c'est aussi le pouvoir du juge unique qui est remis en question.

Jean-Pierre Poccioni a écrit:

Ne doit-on pas faire la nuance entre la véritable erreur, c'est-à-dire l'esprit qui honnêtement prend pour vrai ce qui ne l'est pas et un certain aveuglement idéologique : postuler que des enfants ne peuvent que dire la vérité, par exemple ?

Tout en comprenant bien cette distinction, je me demande sincèrement si elle est applicable dans la réalité.

Pourrais-tu me donner une exemple d'erreur judiciaire "honnête" où l'idéologie n'a joué aucun rôle ? Moi je n'en trouve pas.

Une enquête n’est pas fondée uniquement sur des convictions déduites d’observations, elle est aussi nourrie d’une somme considérable de relevés et mesures à caractère scientifique qui par définition peuvent engendrer des erreurs.
De plus il peut arriver qu’à la suite d’une négligence, autre source d’erreur qui est certes blâmable mais sans rapport avec tel ou tel préjugé idéologique, une information importante ne soit pas prise en compte.
J’ai eu l’occasion de discuter avec des juges qui sont très souvent conduits a demander de refaire des vérifications, mesures, analyses. C’est bien la preuve que le risque d’erreur existe.

La justice se fonde en partie sur des techniciens qui ne me semblent pas les plus soupçonnables de subjectivité.

Dans ce sens-là d'accord, je n'avais pas pensé à ces aspects techniques j'avoue.