Sur les conseils avisés de Jipi et de ma chère épouse, j'ai lu "La Musique du Hasard", mon deuxième Paul Auster, et je l'ai trouvé aussi bon que "La Nuit de L'Oracle."
Cette fois-ci je l'ai lu en version originale, donc dans la langue de Shakespeare, et le plaisir n'en a été que plus grand. La traductrice française d'Auster s'en sort très bien, mais il n'y a rien à faire, traduire un roman c'est toujours un peu le réécrire et le style d'un auteur n'est jamais transposable à 100%. Quand je trouverai le temps, j'essaierai, comme Jipi l'avait suggéré, d'illustrer ce propos par quelques exemples tirés de ce roman puisque je le possède dans les deux langues.
Il me paraît évident qu'Auster n'est pas un auteur qu'il faut lire au premier degré – même si le premier degré, c'est-à-dire les simples faits qui sont racontés, vaut déjà le détour, tant Auster excelle dans l'art de raconter et tenir en haleine.
Tous les commentaires que j'ai lus sur internet évoquent bien sûr les grands thèmes abordés dans "La Musique du Hasard" (la liberté, le rôle du hasard, l'argent, le jeu…) mais comme bien souvent après lecture d'un roman un peu complexe, je n'ai trouvé aucune interprétation complète qui me donne pleine satisfaction.
J'ai pour ma part ma petite idée sur ce que l'auteur a – peut-être partiellement inconsciemment – voulu faire avec ce roman. Je pense que "La Musique du Hasard" retrace de façon symbolique et parfois quasi allégorique le cheminent intérieur – ou devrais-je dire la "partie de poker" intérieure - d'un homme face à ses pulsions, ses rêves, ses angoisses et son destin. Chaque personnage qu'il rencontre, chaque lieu et même certains objets auxquels il est confronté sont autant de facettes de lui-même.
Un exemple: après une année d'errance sur les routes qui s'apparente à une fuite dans une drogue, Jim Nashe rencontre Pozzi (qui signifie "puits" en italien). Pozzi représente à mes yeux la capacité de "vraie" liberté qui est en Nashe, c'est-à-dire sa capacité à remettre sa vie en jeu. C'est ce qu'il trouve au plus profond de lui, dans son puits intérieur.
Cette interprétation permet, je crois, de donner un sens à chaque élément de ce roman : les personnages de Stone, Flower et Murks, le domaine de Flower et Stone, la voiture de Nashe, etc…
Je n'en dirai pas plus pour ne pas déflorer l'histoire de cet excellent roman que je recommande chaudement.