"Elle demande son chemin. Je suis là le vrai gentleman surgisssant du fond fin de l'obscurité pour tracer une route à la belle béninoise:
"Belle béninoise" lui disais-je "Ta quête n'a pour moi pas de sens, mais je vais à la faveur de tes yeux pénétrants te découper un droit chemin."
La belle Béninoise vit enfin qu'elle faisait réellement fausse route et que je n'étais plus que son seul remède à ses futurs spleen. Elle se remit donc à moi, celui-là même qui entre-temps ne pouvait s'empêcher de devenir serpent:
"-Je suis l'implacable Boa, belle béninoise, pourtant je t'avoue que j'ai froid en cette nuit d'automne. Je vois bien que je te fais rire avec mon verbe haut placé, mais sache que ton rire ne me rendra pas le sang chaud. Ainsi est le destin qui marque tout reptile
-Chez moi le chauffage n'est pas. Mais mon brave corps peut nourrir le froid et d'ailleurs je n'ai jamais eu peur de quiconque même du pire cobra. Tes dires, tes attitudes et même tes sourcils m'ont fait un instant oublier mon ennemi la solitude. Et c'est bien moi, en vérité, belle et chaude béninoise, qui a rampé vers toi, subtile et ténébreux boa.
Soudain....le métro s'ouvrit et "A une autre fois vu que tu descends ici..." sortit de ma bouche ( honnête, pressentant déjà que la queue du serpent ne pourrait à la longue qu'offrir son venin à cette belle là) avant qu'elle ne descende. Même pas de numéro de téléphone (cela aurait été si facile pourtant, fallait juste demander!). Alors...alors...le serpent repartit la queue entre les jambes....
Ah! Ah! Ah! Où es-tu ma brave ève? Il n'est plus le temps où j'avais assez d'insouciance pour croire que mon destin était lié à ta féminité. Est-ce que je dois pour autant regretter le temps où j'ai perdu mon pucelage? J'aurais pu être cet ange planant dans une étroite correspondance avec Dieu. Et voilà qu'en désirant te corrompre, j'ai scellé à jamais l'arrêt qui a signifié ma mise en demeure jusqu'à ce que mort intervienne."
Pas mal cet écrit de mon nouveau patient. Beaucoup de choses encore enfouies, de mutiples névroses mais rien d'irréversible ou d'inquiétant. Moi, ma femme est morte. Je ne suis en rien responsable mais en tant qu'homme, je suis un être qui a hérité d'une responsabilité. C'est que la figure du père nous hante tous. En tant que psychanaliste en retraite, j'avoue qu'il y a une certaine jouissance à s'occuper des patients. Non par perversité. En réalité, je me suis aperçu que le psychisme marchait tellement comme une horloge que tout ne peut devenir que banal. Du coup, je suis devenu sûr de moi, paternaliste, extrêmement ambitieux et terriblement efficace. C'est pour cela que je suis le médecin de l'âme le plus recherché aux Etats-Unis. Des personnes extrêmement influents viennent me consulter car ils savent que rien ne s'ébruitera hors de mon cabinet. Cependant....