Chers amis,
10 Juin 2006
Hier le 9 juin était le jour où selon mes calculs, j’ai atteint au moins la même durée de vie que mon père né le 31 juillet 1925 et décédé le 3 janvier 1984…
Chaque jour de ma vie que je vivrai au-delà du 9 juin 2006, sera donc un jour de plus !
Un jour de juin de l’année 1982, alors que nous traversions en vélo, avec mon père, le village d’Aumontzey dans les Vosges afin de rejoindre ma maison située non loin de ce village, nous fûmes pris sous un orage « apocalyptique » : de grands éclairs sillonnaient le ciel d’un bout à l’autre de l’horizon, de fracassants coups de tonnerre nous assourdissaient et des trombes d’eau et de grêle s’abattaient sur nos dos… Alors mon père me déclara tout de go « je m’en fous de mourir, de toute manière je suis prévenu : ma vie s’arrêtera d’un seul coup ».
En octobre 1983, mon père fut pris d’un malaise sérieux en plein Paris sur un trottoir, conduit à l’hôpital le plus proche et relâché le jour même après quelques examens qui révélèrent l’urgence d’une opération de « pontage »… Mon père ne se fit pas opérer et il mourut effectivement le 3 janvier 1984 vers 19 h.
Aux dires de ma mère, mon père était « beau comme un Dieu »… J’ajouterai pour l’essentiel que c’était un artiste, un dessinateur, un bricoleur, un « je sais tout faire » et qu’il avait « de l’or dans les mains », surtout en menuiserie et restauration de meubles anciens. En plus, il avait son regard sur le monde, les gens, les choses, et quoiqu’il ait peu écrit dans sa vie et que ses silences parfois, pesaient assez lourd, c’était un homme profond, idéaliste à l’excès et passionné…
Le jour de Noël 1983, soit quelques jours avant sa mort, je fis encore avec lui dans les Vosges, une virée en vélo d’une cinquantaine de km… En dépit de ses 58 ans et demi, il avait un visage et une allure… et un esprit de jeune homme… Du jeune homme qu’il était, du temps où il « courtisait » ma mère en 1947… Ma mère, une femme très belle et qui s’habillait à ravir… et qui appelait mon père « Mon I », parce qu’en ce temps là, les jeunes gens peu fortunés et encore soumis aux tickets de rationnement, avaient comme on dit « la taille de guêpe ».
Mon père, comme ma mère d’ailleurs ( puisqu’ils disparurent tous deux en 1984), ne connurent donc pas cette vieillesse qu’à dire vrai, ils n’envisageaient ni ne préparaient… Ma mère franchit son soixantième anniversaire, le 10 Aôut, et mourut seize jours plus tard, le 26, à Perpignan, par un jour d’été frais et venteux où la méditerranée s’était mise en colère…