CREATION
Langue de terre découpée
Ancrée face à l’ouest
Là où l’océan vient se désensabler
Là, d’où émerge un miroir édenté
Frappée au plomb zénithal
Parcourue de fragrances fleuries
Elle ceint d’éclats, l’ample infini.
Bréhat d’Armor…
Dents de granit rose
Noircies par les vagues montantes
Déchirées par le noroît septembral
Elles s’effilochent en ce bout de terre
A tout jamais cimetière marin.
Et j’aperçois tourbillonnant
Des linceuls de goélands assidus
Venus bousculer nos certitudes
Au clair des vastitudes nues
De leurs éternelles complaintes.
O terre de mission, ici,
L’homme imite l’oiseau
Et y marche de guingois.
Les peurs le tenaillent ;
Eléments muets et indomptables ;
Silences bruissants d’inquiétudes ;
Horizon hors de portée de mains ;
Bout de terre inaccessible ;
Tous ces gémissements bien vivaces
Et cette immuable beauté insolente.
Pas de fard, pas de rides
Un corps toujours parfait
Des courbes à faire pâlir les designers
Toutes, signent un paysage d’exception
Et Dieu, peut-il rester tout à fait humble ?
L’homme, cet étrange étranger
Tente-t-il vainement d’épouser ce corps,
Qui sans grandiloquence exulte ;
Et je vois l’un d’eux penché au-dessus
La tête dodelinant comme un enfant
Pousser tendrement l’archer du violon
Et j’entends s’élever une monodie
De la pointe de l’Arcouest
Et s’ennoblir les larmes de l’océan.
Maryv Tificha