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 Petite Mémé, récit autobiographique anecdotes souvenirs

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yugcib
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yugcib


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Petite Mémé, récit autobiographique anecdotes souvenirs  Empty
MessageSujet: Petite Mémé, récit autobiographique anecdotes souvenirs    Petite Mémé, récit autobiographique anecdotes souvenirs  Empty29/9/2022, 08:10

… Maria Lasserre née Dehez, à Tartas dans les Landes le 26 octobre 1873, fille de Jean Dehez et de Catherine Tastet, de Tartas ; Jean Dehez charron de son métier, Catherine Tastet, cultivatrice…
C’est mon arrière grand-mère, Maria Dehez, qui a épousé en 1892 Auguste Lasserre né le 11 juillet 1867 à Lesgor près de Tartas… Auguste Lasserre qui fut employé aux Ponts Et Chaussées  et gagnait en 1903 à la naissance de ma grand-mère Suzanne, 40 francs par mois (2 pièces de 20 francs) et dont le père né en 1842 était cultivateur mais en même temps ouvrier gemmeur dans la forêt Landaise…
Mon arrière grand-mère que j’appelais « Petite Mémé » est morte à Tartas le 14 mars 1969 à l’âge de 95 ans passé… Ayant vécu, son enfance et sa jeunesse à Tartas, puis adulte et mariée, à Onard (7 km au sud de Tartas) jusqu’en 1941, et à Arengosse (21 km au nord de Tartas ) depuis 1941.
Dans les dernières années de sa vie entre 1960 et 1969, sa fille Suzanne ma grand-mère la prenait en hiver chez elle, avec mon grand-père Georges Abadie, dans la maison nouvellement construite en 1959, route d’Audon à la sortie de Tartas… Mais à partir de 1964 Petite Mémé est allée dans la maison de retraite de Tartas tenue par des Sœurs à l’époque (rien à voir avec les maisons de retraite de nos jours)… C’est là où elle est morte, s’étant éteinte comme une lampe d’éclairage, un matin, le 14 mars 1969 (j’avais 21 ans)…
Auguste Lasserre, que j’appelais « vieux pépé » était un homme « bon vivant », rigolo, un peu artiste sur les bords – et quelque peu « anarchiste » d’un tempérement exubérant, aimant faire rire les copains, « levant un peu le verre », racontant en les inventant lui-même, des histoires drôles, jouant de l’accordéon, mais un être profond, « franc du collier », fidèle, politiquement « de gauche » (de cette gauche hélas aujourd’hui défunte depuis de longues années – petite larme )… Très travailleur, courageux, généreux – mais de temps à autre si l’on le provoquait ou le poussait à bout, coléreux…
Vieux pépé est mort le 17 juin 1950, d’une « mauvaise grippe » qui a « mal tourné »… Dans le temps là, à la campagne, on n’allait pas voir de toubib, on ne faisait venir le toubib à la maison que quand c’était très grave, pour ainsi dire trop tard…
En 1950 j’avais deux ans… Le souvenir que j’ai, du vieux pépé : il me faisait rire et sauter sur ses genoux…
Avec Petite Mémé sa femme, le vieux pépé n’a pas toujours « été à la noce » … Sans doute, jeune femme en 1892, Petite Mémé a-t-elle été séduite par ce jeune homme si franc du collier, travailleur, fidèle, brave, et rigolo… Mais, les années passant, elle trouvait, Petite Mémé, « qu’il allait un peu trop loin », le « vieux pépé » avec - les « petits verres » qu’il s’envoyait dans le gosier, les copains, son côté artiste, amuseur, poète, musicien, boute-en-train, s’attardant au bistrot en joyeuse compagnie… Alors des fois, elle l’attendait, le vieux pépé, Petite Mémé, avec le rouleau à pâtisserie à la main… Et toute une engueulade carabinée…
C’est que petite mémé, elle était d’un réalisme pur et dur, et assez cocasse en même temps, elle « ne prenait jamais les vessies pour des lanternes »… Un personnage pour moi, tel un Monument, qui tient une grande place dans mon souvenir (tout comme le vieux pépé que j’ai si peu connu – mais dont ma mère, sa petite fille qu’il adorait, m’a beaucoup parlé dans ma jeunesse (pas la même version que celle de Mamy fille de Maria Dehez plus que fille de son père (petite fille, Mamy soutenait sa mère pour le rouleau à p âtisserie attendant Auguste revenu de quelque ribote)…
Petite mémé, « elle faisait jamais dans la dentelle »… Les toutous et les minous qu’il y a eu à certaines époques, chez elle, n’ont jamais vu de vétérinaire, et les minous non plus n’étaient pas à la noce, ils devaient surtout compter sur les souris qu’ils attrapaient, ou les oiseaux sur les branches des arbres…
Mais quelle personnalité ! Quel vocabulaire elle avait ! Bien qu’ayant été « bonne à l’école » jusqu’au certificat d’études, sachant écrire sans faute, calculer, mais ne lisant que le Journal (à 91 ans elle lisait encore le journal sans lunettes)… Qu’est-ce qu’elle était crue et truculente dans son langage !
Un « sac d’os », toute en muscles, sèche et maigre, un visage qui eût pu inspirer un sculpteur – ou un poète ou un peintre… Une « taille de guêpe » mais une force quasi herculéenne… À 91 ans elle bêchait encore la terre dans son jardin à Arengosse, une terre noire et forte…
Cependant, elle avait souvent des migraines ou des maux de ventre, et à partir de 50 ans, elle « faisait ce qu’on appelait à l’époque des faiblesses, c’est à dire qu’il lui arrivait de «tomber dans les pommes » … Ce qui ne l’a pas empêchée de vivre jusqu’à plus de 95 ans…
Elle n’était pas, comme le vieux pépé, du genre « rigolo » (en fait, elle faisait rire d’une autre manière, par son réalisme pur et dur, très cocasse, très imagé)…
Quand je suis né, en 1948, elle allait sur ses 75 ans…
Mamy, sa fille et ma grand-mère, quand j’étais en vacances à Rion des Landes dans les années 1950 chez mes grands parents maternels, m’envoyait parfois coucher une ou deux nuits chez Petite Mémé à Arengosse… Et j’adorais « coucher à Arengosse » où j’avais ma chambre (en fait un coin aménagé) en haut, à côté du grenier…
Petite mémé m’adorait et ne se fâchait jamais contre moi… Mamy me disait « si j’apprends que tu fais bisquer Petite Mémé, tu auras affaire à moi, tu vas chanter Manon, je te le dis ! »
C’est que Petite Mémé, oui, je la faisais bisquer : je taquinais les lapins dans leur cage avec un bout de bois pointu ; le lapin, de rage, tapait sur le plancher de la cage de ses pattes arrière, ça me faisait rire… Je coupais des pommes du pommier, en petits quartiers, que je mélangeais avec de la boue dans une casserole que j’allais chercher dans la souillarde (une pièce attenante servant de cuisine, de l’autre côté de la salle à manger « pièce d’accueil et à tout faire » , une belle casserole quoiqu’un peu cabossée dont Petite Mémé se servait souvent… Je jouais à « faire cuire » et quand c’était pas des pommes, c’étaient des carottes du jardin… Ou encore, en promenade suivant Petite Mémé pour aller chercher du bois en forêt proche, je la saoûlais avec des histoires que j’inventais (comme si avec le vieux pépé, elle n’en avait pas déjà assez enrendu, des histoires!)… Et je passais aussi de longs moments dans le grenier à farfouiller partout, curieux que j’étais…
À l’âge que j’ai, 74 ans en 2022, au petit déjeuner, j’utilise encore une cuillère à café, ancienne, toute grise, de Petite Mémé et j’ai des assiettes blanches en grosse faience, creuses et plates, des couverts, que j’ai gardé de Petite Mémé et dont je me sers, à table (même quand y’a des invités)… Ah si Petite Mémé « du haut du ciel » (rire) pouvait voir que son arrière petit fils de 74 ans, se sert encore de ses assiettes blanches (j’ai aussi les gros verres épais, à pied, de Petite Mémé)…
… Petite Mémé née en 1873, avait trois sœurs dont je connaissais bien l’une que l’on appelait « Tante » et qui était la maman de Raymond le cousin germain adoré de Suzanne ma grand-mère (Raymond Bonneau, professeur de Mathématiques à Angers, un personnage aussi, dont je me souviens, et, érigé dans ma mémoire tel un Monument pour son immense droiture, sa générosité, son comportement en tout, exemplaire, son intelligence, son réalisme et sa logique)…
Raymond avait une sœur, Fernande, une personne « d’une bonté et d’une gentillesse légendaires » qui a épousé Gilbert Gasquet, un homme aussi, d’une grande droiture et d’une grande générosité, très simple – alors qu’il fut, de sa profession, directeur à Sud Aviation – et qui m’aimait beaucoup, le jeune homme que j’étais alors en 1968 à 20 ans, très atypique – c’est le moins que l’on puisse dire !…
Soit dit en passant, l’un des plus grands bonheurs que j’ai eus dans ma vie, c’est d’avoir été accueilli, aimé, compris, par des gens (tels Gilbert Gasquet et bien d’autres) qui « avaient réussi dans la vie » ( « riches » donc ) et qui, par leur comportement exemplaire et leur simplicité, leur générosité, m’ont traité et reçu chez eux comme si j’avais été le fils de la maison, moi, l’« affreux jojo un peu anarchiste sur les bords », habillé comme un as de pique d’un jean troué, d’une vareuse de l’armée avec musette en bandoulière et une barbe hirsute et carnet et crayon en poche (à cette époque en 1968, je m’habillais « aux Puces » du marché de Clignancourt, et j’étalais, à Montmartre et au quartier latin à Paris, sur des trottoirs, de grands cartons à dessin sur lesquels j’écrivais des textes, des histoires – mais jamais/jamais je n’ai demandé la moindre obole aux personnes qui s’arrêtaient pour me lire ou m’écouter…
Merci, un grand merci du fond du cœur, à toutes les personnes que j’ai pu rencontrer dans ma vie, et qui ont été gentilles avec moi, que j’en savais plus où me mettre devant elles !
Je n’ai pas connu les deux autres sœurs de Petite Mémé, ni le cinquième enfant de Jean Dehez et de Catherine Tastet, qui était un garçon, mort à la guerre de 14…
Du côté des Lasserre, du vieux pépé, lui, Auguste il avait quatre frères et une sœur – que je n’ai pas connus…

… Tout ça pour dire, finalement, que Tartas dans les Landes, avec Lesgor, c’est « mes racines », je suis vraiment/vraiment « du coin » avec ces Dehez et ces Lasserre dans ma famille branche maternelle !
Et je tiens à le dire aussi avec autant de force, quand on vient d’ailleurs – même de très loin, de l’autre bout de la planète – on a toujours des racines et que les racines elles se valent toutes et ce sont les racines qui font l’arbre qu’on est, avec des branches tendues vers le ciel, vers l’avenir en quelque sorte…
Et dire que de tristes sires pleins aux as, soucieux de leurs seuls intérêts, de dominer, qui foutent la planète en l’air, ont fait, des arbres que nous sommes, des troncs sans racines et sans branches avec d’un côté un trou pour avaler, et de l’autre côté un trou pour évacuer … (« ils » en sont d’ailleurs, faut-il préciser, au stade de l’oursin qui lui, n’a qu’un trou pour avaler et rejeter)…
Bon sang, qu’est-ce qu’il va en sortir de tout ça, de ce monde où nous vivons aujourd’hui, comme au bord d’un précipice dont on ne voit pas le fond ?
Peut-être qu’on s’en sortira (je le crois un peu)…

… Lorsque j’évoque la « légendaire bonté et générosité » de certaines personnes de ma famille, tant du côté de ma mère que du côté de mon père ; j’évoque en fait cette bonté et cette générosité sans complaisance, sans renoncement, sans résignation, qui, comme on dit « ne se laisse pas piétiner »… Parfois oui, avec de l’abnégation, mais déterminée, indéfectible, d’une vie toute entière, cette bonté et cette générosité de quelques unes de ces personnes de ma famille…
C’est la raison pour laquelle je pense que j’ai eu une immense chance d’avoir eu, dans ma famille, du côté de ma mère et du côté de mon père, de telles personnes…
La bonté, la vraie, la « vraie de vrai », c’est en effet celle qui, associée à une certaine dureté -souvent nécessaire afin de se protéger et de protéger les siens ; associée aussi à un réalisme pur et dur… Ne peut qu’être reconnue, jamais humiliée, jamais prise pour un tapis sur lequel on marche dessus…
« Aimer parce que... » - bien plus que « d’aimer tout court » - c’est « dans la nature humaine » et, j’ai donc, dans ma vie, oui, « aimé parce que... » mais… Sans jamais perdre de vue que j’ai aimé « pour... »
« Pour », précisément, cette bonté, cette vraie bonté qui « est au dessus de tout » et même, « bien au-delà de tout » (des apparences, de tout ce dont on est capable – en s’en donnant les moyens- de réaliser dans sa vie, par une fonction, une profession que l’on exerce et qui « situe » dans la société, un personnage…
Ce n’est pas, ce n’est plus – c’est même totalement en dehors - une « question de morale » (de morale humaine, morale religieuse, morale tout court comme celle qu’on apprenait à l’école dans les années 1950)…
C’est une question de relation…
De relation avec les êtres et les choses qui nous entourent, et, en tant que moteur de la relation, un « principe universel », intemporel, énergétique, quelque chose à la fois d’immatériel et de matériel…
Comment dire ?
Peut-être qu’avec – d’une part – la physique observable avec ses lois qui régissent les mouvements, les structures, le vivant, les astres… Et – d’autre part – la physique non observable des particules, de l’infiniment petit… Peut-être oui, peut-être s’ébauche -t -il un « début d’explication » - du monde, de l’univers…
Ce que je crois, c’est qu’il n’y a pas de « modèle » mais de la création , de la « création pure »…

Fernande, la sœur de Raymond, fille de « Tante » sœur de Petite Mémé ; a été la seule personne dans ma famille du côté de ma mère, à avoir compris mon père, un être atypique, idéaliste, dissipé, qui, marié, continuait à voir l’une ou l’autre de ses maîtresses, était jugé, peu ou mal considéré pour son caractère difficile par ma grand-mère Suzanne et par la plupart des membres de ma famille maternelle… Elle aimait, Fernande, de mon père, son côté artiste, rêveur, idéaliste, elle lui pardonnait ses frasques et c’est finalement elle qui m’a fait découvrir en vérité, l’homme qui a été mon père… Elle devait ce sentiment pour mon père, à cette bonté en elle si indépendante de toute morale conventionnelle faisant référence…
Mamy, elle, « était dans la morale » !
La morale, religieuse ou autre, c’est « un canevas », une « grille de lecture »… ça n’a rien à voir avec « comprendre » ou « essayer de comprendre », le pourquoi, le comment, et tout ce qu’il y a derrière le pourquoi et le comment ça s’est goupillé comme ça…
Mon père, Paul Jean Sembic, né à Geloux dans les Landes le 31 juillet 1925, et mort à Paris le 3 janvier 1984 ; était un homme qui savait tout faire de ses mains, qui écrivait et surtout dessinait, fabriquait, qui « avait son idée sur tout »…
Depuis le 3 janvier 1984 l’année de mes 36 ans, aujourd’hui j’en ai 74, je lui survis…
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