... Et un feu mauvais couve sous les souches.
Quand le loup est perçu comme une bête féroce, il hésite à sortir du bois, craignant de recevoir un coup de fusil de quelque villageois...
Mais dès que le loup commence à être perçu par ce même villageois, comme le bon gardien qu'il pourrait être, prenant l'apparence d'un bon chien de garde qui en impose par sa musculature et ses babines, alors il craint moins le coup de fusil et il sort du bois...
Certes, il serait "un bon gardien" notamment quand un promeneur ou un cycliste inconnu s'aventure dans le lotissement, ayant l'air d'un rôdeur et peut-être d'un malandrin... Mais, tout "bon gardien" qu'il ne manquerait point d'être dans le jardin du villageois, ne chercherait-il pas à devenir le maître des lieux et à mordre le mollet du villageois faisant un pas de travers en sa maison ?
... C'est fou ce qu'en ces temps qui courent, peut couver un feu mauvais sous des souches qui, à les voir, inviteraient à s'y asseoir dessus, tant elles semblent sièges honorables pour la plupart des derrières...
Ce "feu mauvais" que l'on ne voit pas couver sous les souches, c'est l'air que l'on respire, c'est le vent qui le déterre, c'est la rumeur qui l'emporte et le répand, qui nous font bien sentir sa fumée, cependant...
Et ça commence à empester autour des chaumières... Mais c'est "ça" qu'on veut, au fond... Contre tout ce que l'on en a assez de sentir depuis des lustres... Alors vient ce feu mauvais qui ne brûlera pas que les mauvaises herbes, ce feu qu'en d'autres temps l'on avait vu brûler...
... Peut-être oui peut-être suis-je plus pessimiste qu'il ne faudrait, car je ne suis plus aussi sûr de ce que l'on lit pourtant sur les visages en apparence, lors par exemple, d'un tour de chant d'un Yves Jamait en quelque bonne ville de notre beau pays de France...
... A vrai dire ce "feu mauvais" il a en soi, tout au fond de soi, bien tapi, bien tu, bien recouvert, toujours couvé mine de rien... Pour parler "sans langue de bois", ce "feu mauvais", c'est celui dont les flammes -souvent d'ailleurs, de toutes petites flamèches- sont faites de peur et de haine et de rejet de cet autre auquel on prête toutes sortes de nuisances, de la crainte de ce qui est différent et nous gêne ; ou encore de ces aspirations que l'on porte en soi mais dans lesquelles entre une bonne part d'égoïsme, d'opportunisme, de jalousie, de perfidie, bien dissimulés sous un visage caramélisé...
Par ces temps qui courent, il n'est point nécessaire de creuser très profond, du bout de son pied, pour faire s'envoler une fumée emplie de braises...
Je n'aime pas ces "temps qui courent" et tous ces visages affublés de masques qui dissimulent si mal de tristes et sombres grimaces...