Luce Guilbaud : Rouge Incertain

Je relis ce recueil de mon amie Luce Guilbaud, déjà ancien ( publié au Dé Bleu en 2002) et je ne résiste pas au plaisir de vous en proposer un poème :

Mon père était distrait il oubliait souvent
ses enfants dans le noir il allait sans bagages
avec son sac de signes et ses miroirs ( s'y reflétaient
les soeurs les frères dispersés) il est parti
laissant la porte ouverte nous restent quelques
particules de lumière au bout des doigts

Extrait de Rouge Incertain

2002... pour moi ce n'est pas ancien, mais je suis distrait, car j'ai toujours l'impression que l'an 2000 date d'hier !

Beau texte de ton amie :  léger, étonnant et même légèrement fantastique... Très belle écriture qui me met en mouvement. Fort.

Petite question : la disposition que tu révèles est celle d'origine je suppose ?

J'ai en effet respecté la mise en page sur laquelle Luce Guilbaud est très pointilleuse. Elle est aussi plasticienne ( même si elle est plus connue comme poète que comme peintre) et de ce fait encore plus sensible qu'une autre aux questions " visuelles"

J'aime beaucoup ce genre de poème qui démontre qu'il n'est pas nécessaire d'écrire des choses nébuleuses ou hermétiques pour faire de la très bonne poésie.

Je comprends ce point de vue, François et le partage en grande partie.

Cependant et pour information il existe dans l'oeuvre* de Luce Guilbaud bon nombre de poèmes très "opaques"...

Est-ce totalement évitable dans la poésie occidentale moderne? La question est posée!  


* Pas moins de 40 recueils dont 12 pour la jeunesse absolument remarquables qui ont été les outils d'une initiation à la poésie de certaines têtes blondes de mon entourage.