JOUNAL DE FRANCE : CLAUDINE NOUGARET / RAYMOND DEPARDON

Il est beau Raymond Depardon dans son vieux camping-car avec sa chambre de photographe ! Accessoirement avec son Leica.

Je l’ai vu avec ses yeux bleus, errant du Nord au Sud et du Sud au Nord de la France. Toujours aux aguets. Et actuellement toujours seul pour photographier : sa quête de photographe ne peut se terminer que dans la solitude après avoir durant toute sa vie appris à écouter les gens comme il le dit lui-même. Il a, dans ses films, entre parenthèses, toujours écouté merveilleusement bien les gens...

Raymond Depardon a besoin de cette paix, de cette solitude du photographe comme il le fait comprendre. Sans doute que ses dernières errances en solitaire lui permettront de prendre les ultimes grands clichés de son passionnant parcours de vie ? « La solitude heureuse du voyageur » pour reprendre le titre d'un de ses ouvrages.

Raymond Depardon ou la patience : il attend dans son camping-car arrêté pendant de longues minutes pour avoir la bonne lumière. Nous sommes un peu frères sur ce plan-là Raymond ! Sur le plan de la prise de temps. Attendre, attendre, attendre avant de prendre la photo. Refuser la trop bonne lumière aussi, la lumière trop flatteuse comme il le dit lui-même. Prendre son temps pour déplacer sa chambre, sans urgence, tout préparer, ne rien oublier et puis enfin pousser sur le déclencheur.

Prendre le temps de rencontrer encore et toujours les gens à travers cette longue quête de solitaire. Toujours s'intéresser à l'autre et être encore capable d'être « mis en mouvement » par l'autre, rencontré dans un village ou au bord d'une route.

Quel passionnant parcours nous est évoqué dans ce très beau film « Journal de France », traversé de documents souvent inédits et bouleversants de ce grand photographe et cinéaste !

Film réalisé par son épouse Claudine Nougaret et lui-même. Film-voyage merveilleux, document sociologique, et souvent politique, sur la seconde moitié du vingtième siècle.

« On y voyage avec Raymond Depardon en guerre d'Algérie, au Vietnam, à Prague assiégé de chars russes, au Tchad, au Biafra, en Afrique du Sud. On y suit aussi la trace de quelques personnalités politiques, comme Valéry Giscard D'Estaing, dont Depardon filmera la campagne... et qui sera censuré jusqu'en 2002. On s'y intéresse aussi aux grands blessés de la planète, des malades mentaux aux repris de justice en passant par les victimes de la guerre. On y réfléchit encore à l'évolution de la société du spectacle, et en particulier à la "pipolisation" de la politique. » (Le Soir).

Allez voir ce film si vous êtes de passage dans quelques lieux où l’on peut encore voir de très bons films. Mais, comme d’habitude, ce film, trop bon, ne restera pas longtemps à l’affiche !

Beau, passionnant, souvent bouleversant...

Qui l'a vu ?

Mon petit ciné club local programme ce film pour septembre. Je le verrai sans faute à ce moment.

Génial ! Tu as la chance d'avoir un ciné-club local près de chez toi ?

Ciné club n'est peut-être pas le terme exact mais cela revient au même. Il s'agit d'un petit ( petit mais extrêmement sympathique) cinéma associatif dont voici le site :

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Un coup d'oeil pour avoir une idée du style de l'endroit et du programme....

Il m'a l'air sympa ton ciné-club !

Tiens j'y ai vu les dates suivantes :

Journal de France

Documentaire français de et avec Raymond Depardon et Claudine Nougaret (1h44) (2012)

- du 1er au 4 novembre 2012

Merci !

J'avais noté cette date pour ce film dont tu as dit tant de bien.

A suivre donc ...


PS : Très sympa effectivement mais la (petite) salle est souvent assez vide ...

J'ai enfin vu ce film conseillé par Jipi.

Un régal pour les yeux et l'intelligence !

Relisez ce qu'en dit plus haut Jipi, je souscris en tous points.

Jean-Pierre Poccioni a écrit:

J'ai enfin vu ce film conseillé par Jipi.

Un régal pour les yeux et l'intelligence !

Relisez ce qu'en dit plus haut Jipi, je souscris en tous points.

Cela fait toujours plaisir de lire des retours sur des informations culturelles déposées et encore plus quand le répondant perçoit l'investissement du créateur du texte initial.

Heureux d'apprendre que le régal fut au rendez-vous.

En fait je me rends compte à quel point je lui ressemble sous certains aspects et notamment à travers cette quête en solitaire qui lui permet d'aller vers la photographie. Aller vers la photo...

Cher Jipi, figure-toi que j'y avais songé !

Quand je voyais sur l'écran Depardon allant ici et là avec sa camionnette, cherchant avec une sage lenteur les lieux qui allaient faire surgir l'inspiration j'ai songé à tes voyages et surtout à la philosophie qui les anime.

La lenteur et la profondeur en ces temps de vitesse et de superficialité! Et aussi un certain goût pour les sujets que d'autres ne photographient pas parce qu'ils n'entrent pas dans la définition conventionnelle du beau.

On va dire que tu me connais bien sur ce plan-là !!!