Sans doute comme beaucoup d’autres, je reçois à longueur d’année des documents Power Point ou autres cartes virtuelles débitant des kitscheries qui le disputent en mièvre douceur ou en douces mièvreries aux sentences « philosophiques » qui les contrepointent.
Cette période de fin d'année est particulièrement propice à ce genre d’aimable expression de pensées chaleureuses et amicales à la limite de la déclaration d’amour, ma boîte à himéles risque d’en éclater mais, puisque l’expéditeur sensible m’a trouvé avisé, je le remercie néanmoins et le cœur en sus, de m’avoir couché, à défaut de son testament, sur sa longue liste d’amis très chers qu’il estime estimables et qui se voient gentiment pressés de lui rendre la pareille.
Hypnotisé par ces défilés de coloris roses fesses de poupons, de bleus ciel Charm-el-Cheikh, de jaunes Chinois albinos, j’en viendrais presqu’à me convaincre que l’humanité forme une longue chaîne d’amitiés indéfectibles par-delà les nationalismes, les langues, les classes sociales, les races, les religions, les cultures…
Afin de prolonger le bercement de cette vision édénique, je n’allumerai pas la télévision ce soir, mais comme je ne l’allume jamais, il n’est pas certain que le flan ne s’effondrera pas au premier majeur pointé vers le ciel, non pas pour me rappeler le chemin de la sainteté, mais pour clairement exprimer l’avis que je suis un parfait emmerdeur qui présente l’impardonnable défaut d’exister et d’occuper de l’espace.
Bah! on peut se dire qu’il vaut peut-être mieux être aimablement mièvre qu’impertinemment sarcastique. Mais ceci reste à encore prouver.