Toute certitude heureuse, tout acquis n’est que tête de pont à tenir aussi longtemps que possible... Le combat est inégal, toujours inégal, entre cette force en soi que l'on déploie et cette force du monde qui nous bouscule...
Il n’y a pas de miracle : le meilleur en nous-mêmes ne suffit pas, aussi crédible et aussi rayonnant qu'il soit.
Il n’y a pas de miracle mais seulement une espérance magnifique, déraisonnable même.
Et c’est par cette espérance-là et tout ce qui l’anime en nous que la tête de pont parvient à tenir.
Il n'y a peut-être qu'une seule certitude heureuse : celle d'un visage ou d'un regard qui un jour, alors que rien de nous-mêmes n'était su, s'est tourné vers nous comme pour nous parler...
Sans doute y-a-t-il une manière à nulle autre pareille, de porter un regard sur un être... Alors même que tous nos regards ne sont habituellement que prières muettes ou questions ou rêves, ou viols ou effrois ou indifférences ou encore présences de soi éclaboussées...
... Porter ce regard là sur un être, ce regard à nul autre pareil ! Ce regard avec lequel on ne regarde jamais...