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| L'oeuvre | |
| | Auteur | Message |
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yugcib Membre
Nombre de messages : 2010 Age : 76 Localisation : 186 route d'Audon 40400 Tartas Date d'inscription : 22/12/2005
| Sujet: L'oeuvre 17/9/2009, 11:01 | |
| L'Oeuvre
Cette vision de l'oeuvre... Oeuvre de peinture... Oeuvre d'écriture... Oeuvre de musique... Cette vision de l'oeuvre selon Emile Zola dans son livre L'Oeuvre... Cette vision de l'oeuvre je la partage. Et non seulement je la partage mais j'y souscris, j'y adhère... L'oeuvre n'est point “de quelque académie que ce soit” même si l'Académie reconnaît l'oeuvre. L'oeuvre n'a que faire des académies, des modes, du marché ; du pompon à tirer assis sur quelque dada du manège... Dans leurs couleurs vives et éclatantes, montrant leurs dents toutes blanches en un rire débile et figé de créature fantasmagorique de fête foraine, les dadas de manège branlent sur leurs selles des rêves prêt-à-porter et des images sautillantes de séries télévisées dans les têtes chevillées au ventre... L'oeuvre c'est la vie exprimée, peinte ou mise en musique sans faire partie d'une école, sans se laisser emporter par un courant, sans ressentiment, sans amertume, sans mise en scène... L'oeuvre porte en elle sa propre émotion, sa propre vérité et ne juge pas le monde ni les gens. L'oeuvre serait plutôt amoureuse du monde sans rien attendre du monde en retour de ce qu'elle donne. Il y a dans l'oeuvre du désintéressement, parfois de la dérision, de la violence, une rage de s'exister et de se répandre dans le coeur des gens... Ou du silence, du renoncement, du recueillement, une intimité. Mais il y a toujours dans l'oeuvre de la passion... La même passion naturelle, instinctive et vitale que celle de l'être venant au monde en brisant sa coquille, en déchirant sa chrysalide, en passant sa tête entre les lèvres écartées au bas du ventre de sa mère... L'artiste, la femme ou l'homme d'écriture, le musicien, le sculpteur, le poète, l'artisan, par sa facture, par son oeuvre ; se réconcilie avec ce que parfois il balaye devant lui ou piétine dans son emportement... Car l'oeuvre éclate telle une orchestration et déclare sa vérité, sa neutralité, son indépendance, sa liberté en face d'un monde qu'elle rejoint, qu'elle comprend et qu'elle représente par la peinture, par l'image, par la musique. L'oeuvre n'est pas uniquement une affaire d'artistes identifiés, officiels ou reconnus, qui auraient seuls la possibilité et l'autorisation de se produire devant un public en fonction de références ou de notoriété acquise. L'oeuvre existe par elle même par sa force, sa réalité brute, sa singularité... Elle est l'empreinte, la trace, la signature de ce qui vit en son créateur...
Voici ce qu'écrit Emile Zola dans son livre L'oeuvre, page 106, collection Livre de Poche (classiques de poche) :
“Ah, tout voir et tout peindre! reprit Claude, après un long intervalle. Avec des lieues de murailles à couvrir, décorer les gares, les halles, les mairies, tout ce qu'on bâtira, quand les architectes ne seront plus des crétins! Et il ne faudra que des muscles et une tête solides, car ce ne sont pas les sujets qui manqueront... Hein? la vie des pauvres et des riches, aux marchés, aux courses, sur les boulevards, au fond des ruelles populeuses ; et tous les métiers en branle ; et toutes les passions remises debout, sous le plein jour ; et les paysans, et les bêtes, et les campagnes!... J'en ai des fourmillements dans les mains. Oui! toute la vie moderne! Des fresques hautes comme le Panthéon! Une sacrée suite de toiles à faire éclater le Louvre!” | |
| | | mireille.j Membre
Nombre de messages : 524 Age : 67 Localisation : belgique Date d'inscription : 03/09/2007
| Sujet: L'oeuvre 22/9/2009, 18:13 | |
| Merci pour ce beau texte Yugcib. Je suis du même avis ce que Emile Zola écrit dans son livre "L’œuvre" - Citation :
- Elle est l'empreinte, la trace, la signature de ce qui vit en son créateur...
C’est vrai également, que si on ferait des belles peintures sur ses vilains murs en béton gris dans les grande villes, ce serait plus agréable d’y flâner. Certains métros à Bruxelles et des murs d’immeuble sont peints par des Artistes. Cela me plaît bien qu'ils y mettent un peu de gaîté, dans ses villes si grises, mais parfois je trouve qu’il y a certaines œuvres de mauvais goûts. Comme certaines sculptures, dans certaines communes ou routes… | |
| | | martin
Nombre de messages : 9 Age : 35 Date d'inscription : 10/10/2009
| Sujet: Re: L'oeuvre 10/10/2009, 22:57 | |
| Pour sûr, je suis d'accord. Cependant, même en étant un grand admirateur de Zola, j'ai quelque reproche à faire à son œuvre, ou du moins quelques interrogations... Il y a souvent cette histoire d'intérêt qui revient, "Il faut bien manger, n'est-ce pas ?", ça ne me plait pas. J'ai vraiment l'impression qu'il y a là, parfois, une perversion de la peinture. Ensuite, aussi, je trouve que Claude n'est jamais explicite quand il s'agit "d'interpréter" sa peinture, il est plus dans son "pédantisme", un état où il ne se justifie pas, où il ne justifie pas sa peinture. Peut-être est-ce moi qui ne suis pas encore assez brillant pour comprendre... ?! Je suis un nouveau dans cet univers-là, et j'aimerai bien comprendre quelle fièvre emporte Claude pour qu'il s'enivre autant quant à l'idée de dessiner une simple femme allongée... Je m'écarte du sujet, peut-être, désolé. Je m'excuse aussi pour ces quelques remarques et questions "sommaires" voire "incultes" mais je veux vraiment comprendre. Je rajoute aussi que je n'ai pas fini de lire le "roman". | |
| | | yugcib Membre
Nombre de messages : 2010 Age : 76 Localisation : 186 route d'Audon 40400 Tartas Date d'inscription : 22/12/2005
| Sujet: Re: L'oeuvre 12/10/2009, 07:21 | |
| Je ne crois pas au dieu des religions, ce dieu dont on nous serine depuis que les religions se sont répandues sur la Terre, qu'il a créé le ciel, la Terre et l'univers... Ce dieu ou plutôt ces dieux qui, avant les religions et de nos jours comme des sortes de religions, exigent des sacrifices et des rites et des pratiques... Ce dieu, ces dieux qui dans le courroux qu'ils peuvent avoir contre les hommes et contre la Terre, punissent et maudissent les hommes, les êtres, la Terre même tout entière... Je ne crois pas en quelque entité ou principe astrologique, ou toute autre croyance fondée sur la superstition, sur la magie, sur la manifestation de “phénomènes étranges”... Je ne crois pas en quelque esprit de “bien” ou de “mal” qui entrerait en nous et ferait de nous des êtres “possédés” et non libres... Je crois en la réalité et en la force de ce qui existe en soi et qui peut changer notre vie, changer la vie des gens autour de soi. La réalité de ce qui existe en soi s'exprime par la relation que l'on a avec les gens et avec le monde. Et c'est comme la littérature, la peinture ou la musique. D'ailleurs, la littérature, la peinture et la musique, et l'Art, l'Art dans toutes ses manifestations, ça vient de ce que l'on porte en soi. Et ce que l'on porte en soi, tout en étant unique et n'existant qu'une seule fois puisqu'il n'y a qu'une seule “traversée”... N'en est pas moins relié à ce qui fut et à ce qui sera. Le Claude d'Emile Zola dans “l'Oeuvre”, ce passionné, ce “dément” au dire de ses contemporains artistes peintres comme lui, ce Claude qui délaissait sa femme, une femme qui cependant l'aimait et se sacrifiait à lui, ce Claude qui “bataillait” sur une toile aussi grande qu'une salle de bal et montée sur un immense échafaudage... Portait sans doute en lui ce qui pouvait changer le monde (de la peinture en l'occurrence), mais Emile Zola nous le montre ce Claude “contre le monde”, c'est à dire contre les conventions, les règles, les croyances, les soit-disants vices et vertus et finalement “contre la vie” même... Et ce n'est point là, ce n'est plus là, porter en soi ce qui va changer le monde, changer la vie des êtres autour de soi. Autrement dit, il y aurait une “autre révolution” à faire, une révolution qui dépasserait ou qui irait beaucoup plus loin que le fait de s'opposer au monde, aux conventions, aux vices et aux vertus supposés... Et c'est en cela que je crois, c'est en cette capacité à réaliser cela que je crois, et il y faut la même passion, la même foi, le même entêtement, la même violence, le même travail que ce Claude de l'Oeuvre d'Emile Zola... Mais en aimant le monde et les gens tels qu'ils sont, en aimant le monde et les gens sans jamais se prostituer ni jamais non plus baisser les yeux quand on vous force à les baisser...
... J'ai peut-être répondu d'une drôle de manière! Mais il est vrai aussi que j'ai eu une profonde réflexion à la lecture de L'Oeuvre... J'avais aussi eu le même niveau de réflexion (quoique la réflexion fût différente) à la lecture de La Terre... (que j'ai beaucoup aimé)... | |
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| Sujet: Re: L'oeuvre | |
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