"Caricaturistes, fantassins de la démocratie"

En complément de l’attentat contre les journalistes de Charlie Hebdo, France 3 modifie son programme de ce vendredi en deuxième partie de soirée !

"Caricaturistes", le plus efficace des contre-pouvoirs
En hommage aux 12 victimes de la tuerie à Charlie Hebdo, la chaîne "France 3 » diffusera, ce vendredi à partir de 22h45, le film "Caricaturistes, fantassins de la démocratie", un portrait de 12 dessinateurs de presse venus du monde entier et luttant pour la liberté de la presse, quelles que soient la censure et les interdictions qui règnent dans leurs pays d'origine.
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Ce film fut présenté au festival de Cannes en 2014. Aujourd’hui, il fait écho au tragique destin de Charb, Cabu, Wolinski, Tignous et Honoré, les cinq caricaturistes tués pendant l'assaut.

"Mieux vaut un bon dessin qu'un long discours" : l'adage semble avoir été fabriqué pour eux. Tout comme "il est interdit d'interdire", d'ailleurs.
La réalisatrice Stéphanie Valloatto est partie à la rencontre de douze caricaturistes du monde entier, la plupart vivant dans des pays où la liberté d'expression n'est plus qu'une boutade, sans parler de la liberté de la presse.



Des mains brisées pour un dessin

Notre Plantu national vient, lui aussi, parler de son métier, des frayeurs qu'ont pu provoquer certaines de ses représentations, comme Martine Aubry en éléphant ou Sarkozy auréolé de mouches. Tout en relativisant : dans la plupart des autres pays cités, les caricaturistes sont menacés de passage à tabac ou en danger de mort. En Syrie, Ali Ferzat a eu les mains brisées. Un nouveau dessin y réplique en le montrant sur son lit d'hôpital, hilare : "Ça me fait mal de rire, mais je ne peux pas m'en empêcher en pensant que Bachar El Assad a peur d'un crayon ! »

Car le dessin de presse a un pouvoir formidable. Celui d'être compris par des gens qui ne savent pas lire, comme au Burkina Faso. Celui de se moquer des dictateurs, comme c'est le cas en Tunisie. Celui de montrer la soif de paix au milieu du conflit israélo-palestinien, comme en témoignent l'Israélien Michel Kichka et son ami palestinien Baha Boukhari. Celui de représenter la répression quotidienne sous la forme d'un chat, d'un petit garçon qui saigne du nez, d'oser frapper un grand coup de crayon pour maintenir debout une démocratie plus fragile de jour en jour.

"Caricaturistes, fantassins de la démocratie" est plus qu'un documentaire, "c'est un combat", selon Radu Mihaileanu, producteur et co-auteur du film. L'humour et l'auto-dérision ne changeront peut-être pas le monde, mais ils sont indispensables pour continuer à y vivre avec lucidité et dignité, quel que soit le degré de liberté du pays où l'on est né. L'importance d'avoir une opinion, de répliquer à l'abus de pouvoir, de rire pour mieux se tenir debout, c'est tout le message d'espoir porté par ce documentaire plein de courage.


Jipi en collaboration avec Henry-Jacques BUCHKREMER