Sauvons les riches !

En Irlande, les pauvres vont encore descendre dans la rue car il n'acceptent pas bien que le salaire minimum soit baissé d'un euro de l'heure, soit environ 14%, pour sauver une situation économique catastrophique.

Partout en Europe "on" nous explique que l'austérité est indispensable. Quand nous sommes rétifs c'est que nous sommes trop bêtes pour comprendre la situation économique. Nous somme si stupides qu'il nous arrive de croire qu'il faudrait peut-être songer à prendre un peu d'argent aux riches, ne serait-ce que ralentir leur enrichissement toujours plus spectaculaire.


Au fait, comment nomme-t-on l'austérité appliquée à ceux qui vivent déjà dans l'austérité ?

Oui, cela est indispensable. There Is No Alternative, pour reprendre le leitmotiv capitaliste. Le mécontentement tient au manque de pédagogie de gouvernants pressés de transférer les dettes privées sur le dos du public, pour le bien commun.

Et puis nous parlons bien d'austérité, pas d'appauvrissement ni de spoliation. Austérité. Frugalité, ascétisme. N'y voyons donc pas un appauvrissement, mais une saine purge, un séjour en thalasso au Touquet.

Permettrez-vous au "libéral de droite" (c'est bien comme ça que vous me percevez, je pense, même si moi je me considère plutôt comme un social démocrate centriste, mais bon, what's in a name ?) d'apporter un élément d'information qui ne vise pas à prendre la défense du gouvernement irlandais, mais simplement de corriger l'interprétation à mon avis erronée qui est faite par certains de cette diminution du salaire minimum ?

Diminuer le salaire minimum dans un pays ne veut pas dire que toutes les personnes qui touchent déjà ce salaire minimum vont voir leurs revenus baisser. Cela ne veut pas dire non plus que cela ne sera le cas pour aucun d'eux, cela dépendra des situations.

Le but du gouvernement irlandais par cette mesure n'est pas de diminuer le salaire de personnes qui travaillent déjà, mais d'encourager les entreprises à engager plus et ainsi diminuer le chômage.

Je ne dis que c'est la seule façon de le faire, ni la meilleure, je voulais juste apporter cette précision pour ceux qui auraient compris que "le gouvernement irlandais veut diminuer le salaire des plus pauvres", ce qui n'est pas tout à fait exact. La vérité, c'est que le gouvernement irlandais est acculé à chercher des solutions pour éviter que le pays ne sombre dans une pauvreté générale et de longue durée.

Je ne dis pas non plus que les irlandais ont tort d'aller manifester. J'espère qu'ils le font en connaissance de cause et qu'ils se rendent compte que si le déficit budgétaire de l'irlande est aujourd'hui de 32 % par rapport au P.I.B., c'est parce que le gouvernement a dû injecter des paquets de milliards dans les banques irlandaises, et s'il ne l'avait pas fait, il n'y a pas que les sales gros riches capitalistes qui auraient perdu de l'argent, mais aussi des centaines de milliers de petites gens qui possédaient quelques économies sur des comptes d'épargne. Et là, c'est sûr que toute la population se serait retrouvée dans la rue.

Enfin, je ne dirai pas non plus qu'il n'y avait pas d'alternatives, il y en a toujours, mais dans le cas de la crise financière, force est de constater qu'aucun gouvernement, quelle que soit son obédience, n'a trouvé la formule miracle qui permettrait d'aller "tout simplement" prendre l'argent chez les très riches, comme nous aimerions tous que cela se passe. La question à se poser est donc : puisque c'est ce que la majorité de gens veulent, pourquoi est-ce que personne n'arrive à le faire?

Sans commentaire !

Et je répète le slogan cardinal : Sauvons les riches !

John, la banques d'affaires risquent de couler? Qu'elles crèvent, dirais-je, car telle est la dure loi du marché.

Les Ultracapitalistes tenants de la dérégulation, de la spéculation à tout-va, et du non-interventionnisme des Etats, viennent mendier l’aide et la protection que leur système refuse aux citoyens.
C’est un peu facile, non ? On nous parle de « moraliser » le capitalisme, mais jamais ce dernier n’est sanctionné, pas même lorsqu’il s’autodétruit.
Toujours gagnant.

Pour ce qui est des faillites des banques et de la ruine des petits épargnants… Ce serait bien la preuve que ces produits de capitalisation ne sont en rien performants.
Exemple : d’un côté on nous dit que les retraites par répartitions sont vouées à disparaître et qu’il fait capitaliser, de l’autre les banques ont besoin d’argent public pour être solvables vis à vis des épargnants ! !

Dans le pire des cas, plutôt que de renflouer le système bancaire avec de l’argent public, autant le redistribuer aux particuliers lésés.

« force est de constater qu'aucun gouvernement, quelle que soit son obédience, n'a trouvé la formule miracle qui permettrait d'aller "tout simplement" prendre l'argent chez les très riches, »
Bien sûr que non, ce sont les mêmes personnes.

J'avais écrit "sans commentaire" mais j'avoue que celui de Gosayn me convient bien.

Tu as raison Jean-Pierre ! Il n' y a que cela de bon : « Sauvons les riches ! ».

Plus sérieusement je pense que ce ne sont pas les plus petits qui doivent trinquer. Ceux-ci ne devraient jamais trinquer.

Je soutiens TOTALEMENT et sans arrière-pensée les irlandais dans la rue. À leur place je proposerais les manifestations au finish. Certains n'ont de toutes façons plus rien à perdre.

Ceux/Celles qui ont à perdre sont ceux/celles qui trouveront scandaleux de n'avoir pas pu aller à leur petit travail avec leurs petites affaires parce qu'une grève/manifestation SCANDALEUSE (bien évidemment) aura entravé leurs petits problèmes.

Je suis de l'avis de ce magistrat courageux qui ose dire qu'il commence sérieusement à être éreinté par la phrase que l'on entend fréquemment : « Il n'y a plus d'argent ! ».

Je dis comme lui : « Il y a de l'argent, mais il est mal distribué. ».

Où est cet argent : dans les salaires confortables de tous les clowns qui nous dirigent, dans certaines entreprises plantureuses dont les responsables s'engraissent, dans les projets économiques débiles, chez tous les nantis de toutes sortes souvent bien individualistes (pas tous heureusement : je connais quelques rares riches très généreux comme l'Abbé Pierre qui, dit-il, gagne avec ses ventes de livres, dix paies mensuelles qu'il redistribue. Vous en connaissez beaucoup des gens comme cela ? Et encore on n'en demande pas autant).

On a de l'argent pour construire davantage de cellules de prisonniers 'dans des prisons qui sont des fabriques de délinquants), mais on n'a pas d'argent pour la résinsertion sociale...

Monsanto et Belgacom ont du fric pour détruire les autres ou empêcher les autres de grandir...

On a de l'argent pour payer le salaire de ministres incompétents (salaires oscillant entre 9000 et 15000 euros net par mois), mais on accepte qu'il y ait encore des SDF...

Ma liste pourrait être longue. Elle est interminable en fait. Je m'arrête.

Parfois il faut passer à l'action pour atteindre l'essentiel qui synonyme de la dignité humaine.

On va donc bien droit dans le mur...

A part la dernière phrase "ce sont les mêmes personnes", je comprends et partage en grande partie la réaction de Gosayn, de même que celle que Jipi vient de poster pendant que j'écrivais ce message.

J'aimerais moi aussi que les vrais responsables passent à la caisse, mais vous connaissez mon mode d'action, c'est la démocratie représentative. Désolé de revenir encore avec ça (c'est la dernière fois, je le jure!), mais il se fait que c'est la seule chose en laquelle je crois.

A chaque élection, je veillerai donc à donner ma voix à des personnes qui veulent elles aussi mettre un terme aux pratiques capitalistes qui accentuent l'inégalité entre les gens.

Je serai souvent déçu, je me ferai avoir par des politiciens malhonnêtes... sans doute.

Il faudra du temps avant que les "représentants" que j'attends deviennent majoritaires et puissent réellement changer les choses, j'en suis conscient.

Mais j'espère que tôt ou tard ce jour viendra, si toutefois les électeurs osent prendre quelques risques. Quand je regarde l'évolution des régimes politiques à l'échelle des 5 mille dernières années, je me dis qu'il y a des raisons d'être optimiste.

Pour ceux qui ne croient plus en cette démocratie-là, il reste deux possibilités : la résignation ou la révolution.

J'avoue qu'aucune de ces deux perspectives ne m'excite, vous bien ?

John,

Une manifestation n'est pas une révolution ! Ce n'est pas une action c'est un langage. Elle est à la révolution ce que la dissuasion est à la guerre, un avertissement, une façon de dire: N'exagérez pas, nous ne sommes ni des dupes, ni des moutons !

Pour le reste, la révolution, la vraie, avec ses Robespierre, ses Saint Just et ses guillotines ? Non merci, comme toi, cette fois, je dis, très peu pour moi.

C'est exact, Jean-Pierre.

En fait, malgré mes citations de Brassens (dans un autre fil) qui n'étaient bien sûr que des boutades, je ne suis pas opposé aux manifs, je suis d'accord que c'est une façon comme une autre - et parfois la seule - de faire entendre sa voix. Mais, comme vous tous je suppose, j'aime quand c'est fait dans le respect des règles démocratiques et avec une certaine intelligence.

Ce qui me gêne, ce sont d'une part les manifs à caractère corporatiste et d'autre part ces manifestants qui disent "je ne suis pas d'accord" sans avoir pris la peine de s'informer correctement et sans faire la moindre proposition constructive.

Une de mes filles (celle qui veut sauver la planète, et je l'adore) a participé cet après-midi à la manifestation contre le réchauffement climatique à Bruxelles, qui visait uniquement à faire pression sur les gouvernements pour qu'ils prennent les bonnes décisions. Je n'ai pas cherché à l'en dissuader. Cela dit, elle a elle-même reconnu que les slogans qu'on voulait lui faire crier n'étaient pas tous pertinents, loin de là (et elle s'y connait dans ce domaine, je le précise.)