[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Waris Dirie est une femme somalienne qui a eu une vie marquée par l’excision. Fille d’une famille nomade, elle a été excisée, à l’âge de cinq ans, comme le veut la tradition de son ethnie. A treize ans, pour échapper à un mariage forcé, elle fuit sa famille et traverse, à pied et seule, une partie du désert pour arriver à Mogadiscio où elle trouve refuge auprès de sa grand-mère. Au bout d’un an, en 1979, elle est envoyée à Londres pour «travailler» comme domestique chez son oncle qui est ambassadeur de Somalie. Là, elle est exploitée pendant quatre années jusqu’à ce que l’oncle ne soit rappelé au pays. Waris Dirie décide de rester dans la capitale britannique où elle tente de se créer une meilleure vie. Sa cousine, le mannequin Imam, a réussi à s’imposer sur les catwalks du monde entier et a défilé pour les plus grands couturiers, c’est ce qui la motive à rester à Londres. De pension de famille en jobs précaires, de coups du sort en coups de chance, Waris Dirie parvient au sommet en devenant top-model international. Repérée dans le fast-food où elle travaillait comme femme de ménage par le photographe Terrence Donaldson qui a immortalisé les plus grandes rock stars sur pellicule. Celui-ci lance la carrière de Waris Dirie en la faisant, notamment, poser pour le calendrier Pirelli en 1987.
Connue et reconnue, Waris Dirie sera la première femme, au milieu des années nonante, à oser parler ouvertement dans des articles publiés dans Marie-Claire et Vogue de l’excision qu’elle a subie et ainsi attirer l’attention internationale sur cette pratique mutilatrice. Nommée Ambassadrice de bonne volonté par l’ONU, elle va se battre pendant plusieurs années pour faire cesser cette pratique ancestrale barbare. Durant son mandat honorifique de l’ONU, elle parviendra à force d’abnégation à faire interdire l’excision dans une vingtaine de pays. Depuis 2003 Waris Dirie à créer sa fondation afin de poursuivre son combat.
C’est l’histoire peu banale et courageuse de Waris Dirie que rapporte l’excellent film Fleur du Désert de Sherry Hormann. Ce film est remarquable d’émotion, il montre, tout en finesse, le dramatique phénomène de l’excision à travers le vécu d’une femme forte qui a eu la chance – c’en est une ! – de survivre à l’excision avant de se hisser au plus haut niveau pour pouvoir attirer l’opinion publique sur cette mutilation génitale féminine.
J’ai eu la chance de voir Fleur du Désert, hier soir, en avant-première au cinéma Le Parc, dans le cadre de l’ouverture du Festival ImagéSanté. Je ne peux que vous recommander de le voir ! C’est un moment cinématographique poignant, bouleversant même, qui traite d’un sujet grave que l’on pourrait croire d’une autre époque mais qui est toujours hélas bien d’actualité. Fleur du Désert ne bénéficie pas d’un casting de star mais c’est aussi ce qui en fait sa force, tout comme la manière tout en finesse dont il est tourné. Certes, le montage n’est pas exceptionnel et certaines scènes tirent en longueur. Mais la photographie est superbe et le scénario alterne avec bonheur les moments d’émotion et d’humour. Le plus important restant, sans conteste, le message que Fleur du Désert fait passer, un véritable cri d’alarme sur une pratique qui est loin d’avoir disparu.
Savez-vous qu’aujourd’hui encore, à travers le monde, il y a chaque jour quelque 6000 fillettes qui sont excisées ?
Desert FlowerDe Sherry Hormann
D’après le roman autobiographique de Waris Dirie
Avec Liya Kebede, Sally Hawkins, Timothy Spall
Sortie belge : 17 mars 2010
Sortie française : 10 mars 2010