1968

Ce samedi 8 mars, la RTBF (télévision publique belge francophone) présentait un film-documentaire intitulé "68" qui retraçait les événements phares de cette année : guerre du Vietnam, printemps de Prague, mai 68 et mort de Che Guevara, notamment.

Les nombreuses images d'archives de ce documentaire ne manquaient pas d'intérêt. Par contre, j'ai été déçu du commentaire qui - comme souvent hélas - trahissait une vision orientée de la réalité, tantôt romancée, romanesque ou même romantique, tantôt carrément partisane.

Un exemple? Le jeune qui a regardé cette émission et ne prend pas la peine de s'informer davantage retiendra sans doute que Che Guevara était une figure christique, et Daniel Kohn-Bendit un héros révolutionnaire que tous les étudiants adulaient.

Ce que je souhaite, en tant que téléspectacteur, c'est d'avoir le droit de me forger moi-même une opinion. Pour cela, j'aimerais que les journalistes, historiens et autres professeurs me présentent non pas leur vision des choses, mais les différentes lectures possibles de ce qui s'est passé, les différentes opinions qui ont été émises.

Je me trompe ou cette démarche devient de plus en plus rare ?

Vous vous trompez en mettant historiens, professeurs, et journalistes dans le même panier.

Mais heureusement vous êtes là pour me le faire remarquer.

Blague à part, le fait que je les cite dans une même phrase et que j'exprime une attente commune à leur égard ne veut pas dire que je les mets dans le même panier. En tout cas ce n'était pas mon intention.

Pour ce qui est de l'histoire, il serait difficile de répondre à vos attentes. Les différentes lectures existent (pas en télévision), mais les historiens sont des chercheurs, et défendent une thèse, une conclusion, non pas basée ( s'ils sont honnêtes) sur leur sensibilité politique, mais sur leurs travaux.
Ce serait ensuite aux journalistes, au documentaristes, de mettre ces thèses
face à face, et laisser l'occasion au spectateur de se faire une idée.
Mais que vaudrait cette idée?
Elle serait aussi basée sur l'affect. Sur une intuition.
Comment savoir si une thèse est sérieuse si on ignore les outils, le processus , la méthode de travail, qui a conduit à telle ou telle conclusion?

Je suis d'accord avec vous, mais je n'attendrais pas cela d'une émission télé de cinquante minutes. Et, plus que rare, il me semble que cette démarche est inédite pour des domaines autres que celui des faits divers. Là, vous avez différentes thèses (avocats des différentes parties, etc.) Il faudrait appliquer ce concept à d'autres domaines. Ce serait un beau progrès.

Vos réflexions sont, comme d'habitude, pleines de bon sens. Mais en réfléchissant aux émissions que je regarde régulièrement, je me dis que la démarche que j'appelle de mes voeux n'est pas tout à fait inédite.

La chaîne publique belge francophone, toujours elle, produit une émission qui s'appelle "questions à la une" et dont le principe est de poser une question de société et de présenter ensuite, si pas toutes, du moins plusieurs réponses possibles.

Bien sûr il ne s'agit plus ici d'histoire. Et malheureusement, la promesse de l'émission est rarement tenue car très souvent les journalistes privilégient lourdement une des thèses, qui est alors quasi imposée aux téléspectateurs. Mais s'ils voulaient...

Il existe également des débats politiques où des représentants de tous les courants de pensée sont invités à s'exprimer sur un sujet présent ou passé. Ici aussi, hélas, on se rend vite compte que toutes les opinions n'ont pas le même accès aux médias, et je trouve que cela appauvrit souvent les débats.

Dans un documentaire historique, je serais déjà bien content si ce principe pouvait être appliqué ne fut-ce que partiellement. Je dis partiellement, car comme vous le faites très justement remarquer, une objectivité parfaite et une exhaustivité sont impossibles dans une émission de ce type.

Cela me fais penser à un documentaire que notre professeur d’Histoire nous avait demandé de regarder, on devait en parler au prochain cour il s’agissait du procès de Nuremberg il était en deux partie.
Lorsqu’on l’a eu il nous a dit qu’il ne s’attendait pas à ce genre de documentaire car on nous forgeait une opinion sans peaufiner l’autre camp et qu’on aurait mieux fait de ne pas regarder…
En même temps les coupables leur vision ne m’intéresse pas.

Dans la politique par exemple quand en France nous avons des débats chauds entre la gauche et la droite j’aurai bien voulu connaître l’avis du journaliste parce qu’il nous donne l’impression de connaître certaine chose d’une façon plus direct…(parce qu’il pause des questions gênante)
Ce que je veux dire c’est que lorsqu’ils posent des questions aux invités je pense à PPDA, à Claire Chazal, à Pujadas qui présente les JT du 20h par exemple au lieu de poser des questions honnêtement j’aurai voulu connaître leur positions.
Certes le journaliste doit avoir une position neutre mais ça aurai été plus marrant…ça sera jamais faisable mais c’est dommage..
Pendant une porte ouverte j’ai pu discuter avec un présentateur sur France 3 nous avons longuement discuter et c’est ce que je voudrai des autres présentateur, savoir ce qu’ils pensent !

Je viens de lire une remarquable interview, dans La Libre Belgique (grand journal belge avec Le Soir) d'un des plus grands intellectuels actuels : RAOUL VANEIGEM...

On peut y lire la phrase suivante : « Allez ! Mai 68 ne fait que commencer ».

Alors que d'autres ne cessent de répéter que 68 c'est fini...

J'admire de nombreux aspects de la réflexion de Raoul Vaneigem que vous devez vraiment découvrir...

Il fait partie, comme moi, de ces intellectuels qui pensent à la société mercantile d'aujourd'hui : la situation est, en fait, assez grave, car il y a plus de raisons de bouger maintenant et, paradoxalement, l'inertie est énorme (liée à une certaine résignation) dans la mesure où la plupart des hommes et les femmes sont tombés dans la marmite du consumérisme et de l'absence totale de réflexion critique...

Personnellement je rejoins leur grande inquiétude...