La France vue d’ici ( suite )
Bien sûr, il est trop tôt pour se prononcer. Mais que penser de ce brouilleur de cartes élu, haut la main, à la tête de la France, de ce politique fin limier qu’est le nouveau chef de l’Etat?
Le prochain gouvernement promet de réunir tout le monde : UMP - cela va de soi - UDF - cela va de soi également et opportunisme oblige - mais oser appeler un Védrine, un inclassable au final, car surélevé, valeur sûre et renommée assise, nom retentissant d’intellect et de respectabilité, il y a là un geste à méditer et à suivre!
Calcul politicien pour une neutralisation d’envergure?
Ambition de toujours et désir d’en mettre plein les yeux ou les deux à la fois?
Toujours est-il, qu’avant même l’heure, le spectacle est assuré. Remarquez qu’avec 53%, tous les regards sont braqués sur le phénomène Sarkozy et tous les gestes épiés!
Quelle que soit l’inclination de chacun, quelle que soit l’opinion que chaque Français peut avoir de la personne politique de Nicolas Sarkozy, quoi de plus louable que de vouloir redonner à la France un éclat terni ?
Quoi de plus légitime que de lui redonner sa place dans l’échiquier mondial pour reprendre une métaphore usée?
Quoi de plus positif que de tenter de contrer l’hégémonie américaine ( plus raisonnablement au sein d’une Europe unie ) si telle est le projet et non de faire le chien rampant comme cela a déjà été le cas de l’Angleterre avec tout le cortège de protestations qui a suivi et dont on a entendu parler!
Quoi de plus optimiste et de revigorant que de promouvoir la valeur du travail, du mérite et de l’excellence à condition de les voir possibles à tous les étages sociaux et professionnels, du simple ouvrier au plus haut grade administratif et pas seulement pour les recrues de l’ENA, de Polytechnique et autres pontifes!
Les valeurs de la droite sarkosyste - des valeurs élargies aujourd’hui dont certaines piochées çà et là - sont profondément idéalistes, élitistes, à diverses facettes…
Pour tenter de les mettre en pratique, de leur donner une existence réelle, le dépassement du clivage gauche droite semble indispensable - ce qui ne veut pas dire qu’il faille se positionner au centre qui, selon moi, est un leurre.
Le président élu ratisse large - UDF mais PS également ( Kouchner aux affaires étrangères? Védrine? Allègre?… ) et semble avoir bien compris que la politique du futur doit impérativement entrouvrir les frontières des partis car l’heure du cloître est révolue.
A gauche, les voix des sirènes ont toujours été teintées d’humanisme, de secours aux « petites gens ». Ce christianisme social, selon l’expression de J.Julliard ( Le Nouvel Obs.) n’est plus crédible aujourd’hui. Les valeurs d’équilibre social, de juste partage, d’équitable répartition - valeurs que la gauche a faites siennes d’une manière possessive et exclusive avant d’en être très habilement spoliée - ont tonné fort mais n’ont pas toujours été appliquées, ont souvent été démenties par la grande bourgeoisie et l’opulence de certains éléphants du PS, ont été brandies plus comme slogans attractifs que comme objectifs à mettre potentiellement en pratique. ( A ce propos, se rappeler de L.Jospin expliquant que le socialisme n’est plus dans son contenu ce qu’il était au passé.)
Beaucoup d’électeurs traditionnellement de gauche mais également des intellectuels de la même obédience ont puni sévèrement cette sorte d’attrape-nigaud en boudant le PS, en désertant ses rangs et en votant ailleurs.
La gauche est, aujourd’hui, devant l’urgence du changement. Son salut est de se mettre au diapason de la marche du monde économique et politique. Elle a tout intérêt à se rénover et à mettre en adéquation discours et acte politique sans pour autant abandonner ses principes fondateurs. Car elle a pour elle et, malgré tout, un souci principal autrement plus vrai que celui dont se vernit la droite d’aujourd’hui : le soutien et le service aux masses.
La droite décomplexée de Mr Sarkozy semble vouloir faire teinter tous les sons de cloches. Voilà pourquoi « elle ne se refuse rien ».
Tout reste à suivre et à analyser.
Avec la fin de la campagne la période du « dire » est close et tout le monde a les yeux sur les manipulateurs des commandes car, aujourd’hui, en France, il y a une urgence du « faire ».
A craindre plus que tout une trop grande admiration du bushisme qui ne finit pas de montrer ses limites, son aveuglement et son extrémisme.
Une France américanisée, une France au service des grands, une France des relations et du Cac 40.
Le président Chirac n’a peut-être pas brillé en politique intérieure mais il a eu le mérite, face aux Américains, d’exprimer son désaccord et de ne pas apprécier le bruit des éperons et l’arrogance texane.
Il a été la voix d’une France certes détrônée mais libre dans ses actes et ses gestes et qui entendait se faire entendre. Tout en ne devenant pas une France franco-française aux persiennes fermées et aux rideaux tirés.
PS:Il s'agit toujours d'opinions personnelles avec tout ce que cela suppose de subjectivité et de relativité.